Les dernières auditions publiques pour spectaculaires qu’elles aient été au regard de l’importance des mis en cause (radio Tokpa, le Béninois libéré) et de la gravité des sujets(l’affaire Icc et consorts )et notre confrère Le Potentiel devenu célèbre le temps d’une audience, doivent commencer à nous interpeller. Pour savoir si elles doivent se poursuivre dans leur forme actuelle de tribunal d’exception qui ne dit pas son nom ou s’organiser dans un cadre plus discret moins médiatisée dans la seule famille des médias. Comme chacun le sait, les audiences publiques n’ont jamais été organisées au cours des deux premières mandatures de la Haac et pour cause ! Aucune disposition de loi ne les a prévues expressément. C’est une trouvaille de la Haac du trio composé des feus Ali Zato, et Clément Houénontin de vénérée mémoire et Agapit Napoléon Maforikan. Selon ces derniers, on devrait en finir une fois pour toutes avec les nombreuses dérives des médias !
Hélas!Plus de cinq ans après, on peut dire que le bilan est plutôt maigre en terme de respect de la déontologie, puisque le nombre de dérives ne semble pas avoir sensiblement diminué. Au-delà de l’efficacité douteuse d’une pratique à visée essentiellement pédagogique (la peur du gendarme n’est pas toujours le commencement de la sagesse), une question massive se pose, celle de sa pertinence pour la résolution des cas soumis à audition publique. Les auditions publiques organisées de manière tapageuse à grands renforts de publicités (bandes défilantes sur les chaînes de télé , publication de communiqués listant les médias présumés fautifs et diffusion intégrale des débats commencent à poser problème ! Vous avez vu les mines déconfites des protagonistes et celles embarrassées des conseillers, l’autre jour, à l’audition publique de notre jeune confrère Le potentiel ? Pourquoi la Haac n’a pas encore rendu publics les résultats de son fameux délibéré ? Nous sommes ici bel et bien devant un cas d’incompétence de la Haac en matière de jugement des délits de presse, un cas qui relève de la loi 60-12. Seuls les tribunaux sont en effet compétents pour qualifier le délit et connaître du fond de ce dossier grave, parce qu’ils sont mieux outillés pour la cause, comme nous l’avons suffisamment montré dans notre chronique. Nous voici donc, dans un cas qui révèle, en grandeur nature, les limites des auditions publiques de la Haac.