Les séquelles de la crise nigériane sur le Bénin : Une souveraineté économique mal assumée

Le choc pétrolier du grand voisin de l’Est a eu de graves répercussions sur l’économie béninoise. Les citoyens béninois ont du coup compris que leur survie dépendait dans une large mesure d’un autre Etat, le Nigéria qui a visiblement une forte emprise sur le secteur pétrolier de l’Etat béninois.

Le secteur de l’essence frelatée occupe au Bénin 85% du marché contre 15% pour le formel. Des chiffres très inquiétants dans un Etat qui se veut sérieux. Ces produits illicites connus sous l’acronyme « Kpayo» profitent à une bonne partie de la population béninoise, au point où quatre béninois sur cinq ont du mal à s’en passer. Même si aujourd’hui l’intégration régionale est essentielle, il est étonnant que la décision d’un gouvernement étranger affecte à ce point l’économie d’un Etat souverain. On se souvient que dès son accession à la magistrature suprême en 2006, l’actuel locataire de la marina a livré une rude bataille aux vendeurs d’essence frelatée. Une veille des autorités qui a sans doute permis d’enregistrer une relative baisse du trafic et de renflouer la caisse de l’Etat. Mais le relâchement des meneurs de lutte a été systématique puisqu’il fallait choisir entre les urnes et une mission patriotique et éviter les sévices d’une crise sociale qui planait à l’horizon. Malheureusement, le Bénin n’a pu trouver une échappatoire cette fois ci. La récente décision du président nigérian de mettre un terme aux subventions dans le secteur pétrolier a curieusement bouleversé toute la machine économique béninoise. Et il convient de s’interroger sur l’état de l’économie du pays. On se rend à l’évidence que l’économie est extravertie et sa survie dépend exclusivement de l’informel. Les frais de transport ont quasiment doublé, les prix des denrées de première nécessité connaissent une hausse. Les fonctionnaires, les étudiants, les conducteurs de taxi moto et les citoyens ordinaires passent toute leur journée à sillonner en vain les stations services et consacrent moins de temps au travail. Tout ceci parce que le Nigéria a pris une décision… le Kpayo à l’honneur, prend en otage tout un système politique et conditionne la survie de tout un peuple. Les béninois ont pu avoir quelque répit grâce à la décision de Good Luck Jonathan de revoir sa politique. Les autorités béninoises doivent tirer leçon de cette situation et repenser la politique extérieure du pays notamment avec le Nigéria qui détient une large part du marché pétrolier… pour éviter que la souveraineté nationale soit ébranlée.

Laisser un commentaire