Le paradoxe béninois qui explique la déliquescence de notre société

Les révoltes populaires au Nigeria voisin, à propos de l’augmentation du prix de l’essence, sont pleines d’enseignements pour le Ministre du Commerce et plus particulièrement, pour les responsables de la Sonacop. A tort ou à raison, l’essence «kpayo» était considérée jusqu’ici, de qualité meilleure à celle vendue à la pompe. Le prix relativement bas auquel est cédé ce carburant, en raison de la subvention drastique de l’Etat nigérian, a toujours profité aux pays voisins dont le Bénin. Dans ce pays considéré comme le 37e Etat du géant de l’est, le commerce informel de l’or noir a fini par s’imposer à la structure nationale de commercialisation dénommée Sonacop. Toutes les mesures –y compris les plus hardies- pour enrayer voire diminuer le phénomène sont restées vaines. Et voici qu’en ce début d’année 2012, le gouvernement nigérian vient de stresser et de pousser le marché du produit recherché à la vitesse supérieure en doublant le prix de l’essence à la pompe. Par cette mesure, il suscite, la colère et la révolte de tout son peuple.

En attendant l’issue de la confrontation syndicats-gouvernement, quelle est la situation réelle du «kpayo» au Bénin? Le paradoxe ici est que le prix officiel du litre d’essence à la pompe sur tout le territoire est de 570 frs CFA contre 65 Naïra (195 F CFA au Nigeria).

Que le prix du litre de l’essence soit passé, aujourd’hui du simple au double au Nigeria ne justifie nullement que le prix de ce même produit soit monté à 700 F CFA, 800 F CFA, voire 1000 F CFA, sans compter la spéculation sur les stocks accumulés antérieurement. C’est tout simplement du vol?

La déliquescence de notre société

Des Béninois, en complicité avec certains gérants de station-Sonacop, vont s’approvisionner de jour comme de nuit, au moyen de multiples bidons, pour revendre le produit ainsi acquis à 570 le litre, au prix coûtant de 700 F CFA, 800 F CFA voire 1500 F CFA. A la date du 11 janvier 2012, il coûtait 650 F CFA le litre qui et commence à se stabiliser à ce taux.

La moralité qui se dégage de cette pratique est que nous ne sommes pas du tout prêts pour changer nos mentalités toujours tournées vers le gain facile et le profit maximum.

Les responsables de la Sonacop doivent, dès à présent et les fois à venir, interdire aux gérants de station, de vendre plus de 25 litres de produit à un même individu, dans des bidons à la pompe. Il est certes connu que certains chauffeurs, véritables spécialistes en la matière, vont transvaser à plusieurs reprises, le plein de leur réservoir dans des futs, pour la vente sur le marché du «kpayo». C’est de la cupidité.

Ainsi, la Sonacop devra trouver les voies et moyens de mémoriser les compteurs et numéros d’immatriculation des véhicules régulièrement servis à la pompe. C’est là, un moyen de mettre progressivement un terme à cette corruption qui ne dit pas son nom.

Philippe Akpo, Colonel à la retraite

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