Le pavé dans la mare de Jacques Béhanzin

Ce vieil ami de trente-sept ans, ancien collègue à l’INFRE, n’est pas n’importe qui. Cinéaste doué, pendant longtemps Secrétaire Général de la FESPACI, il est l’un des rares petits-fils encore en vie du roi Béhanzin. Sogloïste des origines, il avait quitté le parti que nous avions créé ensemble et dont il était le deuxième vice-président (l’UDRS), pour sauter à pieds joints à la Renaissance du Bénin dès la création de ce parti en mars 1992 ; ce qui lui valut d’être nommé attaché de presse du Ministre d’Etat d’alors Désiré VIEYRA, jusqu’à la chute du régime en 1996. Il était encore activement avec le candidat Nicéphore SOGLO en 2001. Donc sa bourde ou sa provocation malveillante du mardi 10 janvier dernier passent difficilement chez tous les Béninois un peu au fait de leur histoire récente, et surtout chez tous les anciens partisans du premier Président de la République du Bénin du Renouveau démocratique : Nicéphore SOGLO. Paul de Tarse (Saint Paul) disait que tous les péchés sont pardonnables, sauf les péchés contre l’Esprit-saint. Jacques BEHANZIN vient de pécher contre l’intelligence ou le simple bon sens. Le Général Mathieu KEREKOU, initiateur de Ouidah 92, Festival des Arts et Cultures Vaudou ? Quand ? Etait-ce au moment où le grand camarade de lutte pourchassait les prêtres du culte vaudou et les responsables des couvents, allant même jusqu’à interdire toutes les manifestations cultuelles et culturelles d’inspiration vodoun, au non d’une soi-disant lutte contre la sorcellerie et les vestiges de la féodalité ? Etait-ce au moment où il était « remonté en haut » ? Mais alors, nous savons qu’il était devenu un partisan dévot du christianisme version évangéliste, avec ce prosélytisme si courant dans cette branche des disciples du Christ ; si bien qu’il n’a pu se résoudre que difficilement à prononcer la portion de phrase « mânes des ancêtres » lors de ses deux prestations de serment en avril 1996 ! Tu sais bien Jacques que ce fut sous l’inspiration de Olympe BHELY QUENUM, un authentique « aklouvi » (enfant interné dans un couvent vodoun avec sa mère vodounsi), donc fils d’une mère vodounsi, initié en même temps que cette mère, catholique devenu franc-maçon, que ton ancien patron Désiré VIEYRA convainquit Nicéphore SOGLO et une poignée d’universitaires en mal d’authenticité, de mettre en œuvre ce fameux festival qui sera suivi de la prise en conseil des ministres du décret instituant le 10 janvier de chaque année comme fête des religions traditionnelles. Tu sais très bien que ce faisant, il s’aliéna le soutien de presque tous les cadres et personnalités catholiques dont certains, christocrates notoires, seront de ce fait alléchés par les sirènes vengeresses du Professeur Albert TEVEDJRE qui n’aura aucun mal à les convaincre de la victoire mathématiquement imparable de Mathieu KEREKOU ! Donc, ce furent les tentatives de réhabilitation du vodoun de la part de Nicéphore SOGLO qui demeurent la principale cause de son échec incroyable en 1996. Ce sont là des faits irréfutables, et il est pour le moins incompréhensible pour un prince d’Abomey d’emboucher lui aussi la trompette à la mode du révisionnisme anti-SOGLO, « parenthèse dans notre histoire politique », au profit de l’ « homme au-dessus du commun ». Nous assistons de plus en plus à une véritable escroquerie historique qui consiste à ne pas rendre à SOGLO, ce qui est à SOGLO. Parce qu’on est soi-disant déçu par lui et qu’on était difficilement sevré des années PRPB, on en vient à travestir la vérité historique en faisant du Caméléon un démiurge admiré. En vérité, si l’homme du 26 octobre a pu « remonter en haut », et a ainsi administré une véritable raclée à tous ces politiciens fon d’Abomey et de Ouidah trop imbus d’eux-mêmes, c’est comme le dit un grand théoricien chinois de la stratégie, qu’il avait su exploiter la faute de ses adversaires. Aussi, autant il est malhonnête de ne pas reconnaître certains acquis positifs de la Révolution qui font désormais partie de notre patrimoine historique, autant est-il névrotique pour tous les anciens adulateurs de « l’homme de la situation », sortis directement de la période révolutionnaire, de ne pas reconnaître qu’il fut une figure centrale de notre Renouveau démocratique ; malgré la déception que certains d’entre nous, ses anciens thuriféraires, éprouvent d’avoir fat de nous des orphelins politiques en abandonnant la Renaissance du Bénin et la laissant devenir un club électoral comme un autre. En l’occurrence, c’est d’une véritable psychanalyse dont la plupart d’entre nous ont besoin, d’autant plus que de guerre lasse, nous avons dû et à notre corps défendant quitter la RB.

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