J’ai lu avec intérêt l’appel de l’actuel proviseur du Lycée Béhanzin à l’ occasion du centenaire de l’établissement et les réactions émues des anciens Béhanzinois, émotion que je partage. Au cours de séjours au Benin, j’ai toujours senti le même attachement des anciens camarades de lycée a cet établissement qui nous a tous donné les bases pour le développement de nos carrières, voire de nos personnalités. C’est avec une joie teintée d’émotion et de nostalgie, que je rencontre de temps à autre certains anciens, jeunes retraités ou dynamiques entrepreneurs.
Une amicale des anciens de Gazapa, animée par certains anciens restés au pays a par le passé organisé des soirées de collecte de fonds et des retrouvailles entre anciens. Je n’ai malheureusement pas une idée précise de la situation actuelle de l’amicale ni de ses objectifs et activités.
Au-delà de la rénovation du Lycée Béhanzin auquel bien d'entre nous sont attachés émotionnellement, je pense qu’il serait souhaitable de créer une « Fondation pour l'Excellence en Education (FEE) », qui financerait une éducation d’élite au niveau secondaire et plus tard… Ce serait là, à mon avis, un moyen de rendre à la société, une partie de ce qu’elle nous a donné.
L'idée du Lycée Béhanzin à l’époque était basée sur une forme de méritocratie qu’il serait souhaitable de remettre à l'honneur. En fin de cycle primaire, l'ensemble des écoliers passaient un concours d'entrée en 6eme et choisissaient par ordre de préférence leur établissement secondaire. Les meilleurs voyaient leur premier choix -souvent le Lycée Béhanzin pour les garçons, Lycée Toffa 1er pour les filles- accepté et se voyaient attribuer une bourse d'études en internat (quasiment tous frais payés) si les revenus de leurs parents le justifiaient, ou étaient admis à titre payant. Une petite minorité était admise comme externes à titre payant ou non, mais toujours sur la base du mérite.
Cette formule a permis aux enfants d'ouvriers et de paysans –dont mon humble personne- d'accéder à une éducation de qualité, a permis un certain brassage ethnique (les écoliers venant de tous les coins du pays et détachés de leurs familles, clans, ethnies etc… 9 mois sur 12) et social (les enfants méritants de « haut cadres » et de la bourgeoisie locale partageant dortoirs et douches communes avec les enfants des couches moins avantagées).
La Fondation dont je propose la création, outre le financement de la rénovation du lycée, pourrait reprendre à son compte l'attribution de bourses d'internat aux plus méritants de nos écoliers à l'échelle nationale pour un regroupement dans cet établissement qui retrouverait son statut d'établissement d’élite grâce à la rénovation des laboratoires de sciences et de NTIC, de la bibliothèque -avec prêt gratuit des manuels scolaires et connexion internet haut débit-, le recrutement de professeurs excellents, des classes aux effectifs « contrôlés » / réduits . L'internat me semble un élément clé, pouvant contribuer au recul du "régionalisme" et de l'ethnocentrisme, à la libération de notre jeunesse de l'emprise étouffante de ces "grands frères" limitant leur horizon à celui du clan , du village, de l'ethnie et les utilisant comme instruments de promotion de leur carrière politicienne.
A terme, la Fondation pourrait étendre ses activités au niveau supérieur, selon le même modelé méritocratique et d’intégration nationale.
Les modalités de fonctionnement de la fondation, ses rapports avec l’administration de l’Education Nationale chez nous etc… sont à définir, mais il me semble souhaitable et efficace que des initiatives privées (mais d’intérêt général) se substituent ou complètent l’effort de l’Etat en ce domaine.
Si on observe la formation des élites en France ou aux Etats Unis, on se rend compte que le passage dans des lieux de formation ou les jeunes vivent et apprennent ensemble contribue fortement a la formation du sentiment de devoir national au-delà des divergences politiques qui existent et se manifestent. Les classes préparatoires des grands lycées français, les académies ou preparatory schools en milieu anglo-saxon jouent des rôles similaires avec la différence que ces dernières, privées, sont moins basées sur la méritocratie que les privilèges. Aux USA, la tradition de vie sur les campus et d’éloignement des familles contribue certainement au brassage, à la formation d’un sens civique et la conscience d’une destinée commune, dont les bénéfices ne font l’objet d’aucun doute.
Ma suggestion serait la création d’une Association type loi 1901 et/ou un « non-profit » si c’est en pays anglo-saxon qui pourrait collecter les dons et contributions des anciens Gazapa, de leur familles, amis et associes, professeurs, mais aussi s’engager dans des activités de collecte de fonds auprès de compagnies privées, de fondation privées, d’institutions internationales dédiées à l’éducation ou au développement de façon large. La fondation pourrait organiser ses propres activités de collecte de fonds (diners, soirées, ventes aux enchères, ventes d’ouvrages etc…). L’association pourrait fusionner et/ou étendre les activités entreprises au Bénin par l’amicale GAZAPA animée à l’époque par Mr. Doutètien Atchou (TP) et d’autres.
Je serais heureux de recueillir sur ce forum(www.lanouvelletribune.info et ailleurs les réactions, critiques, suggestions etc…des anciens de Gazapa –« suants » et « bleus » – et toutes personnes intéressées à faire avancer ce projet.
Jean Folly (Lycée Béhanzin :promotion 1964-1971)
jfollyfr@yahoo.fr ou jfollyus@yahoo.com
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