Le service public. Pour qui? Pour quoi?

La semaine nationale du service public. Nous y sommes. Le Ministère de la Réforme administrative et institutionnelle, le Ministère de la Fonction publique et le Ministère de la Décentralisation, coorganisateurs de la semaine, s’activent à nous donner les clés de lecture et de compréhension d’une aussi importante manifestation.

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Le service public réfère à l’Administration publique. Tout citoyen, à divers niveaux et pour divers besoins, est un usager du service public. Se faire établir une carte d’identité nationale, toucher sa pension de retraite, obtenir les visas nécessaires pour créer son entreprise…voilà autant de situations qui nous placent dans la position de clients du service public. Sans qu’il soit sûr qu’on nous établisse dans le privilège du « client- roi ».

D’où le diagnostic, dès l’entame de cette semaine nationale du service public, du ministre de la Réforme administrative et institutionnelle, Monsieur Martial Souton. « L’administration publique béninoise n’est ni orientée vers les résultats, ni orientée vers les clients. Ce qui entrave sérieusement son efficacité et sa contribution au développement du pays. » (Fin de citation). Remarque fort juste à laquelle le Ministre a tenu à ajouter ce qui suit : complexité des circuits et des procédures, absence de proximité, difficultés d’accès à l’information, mauvais accueil, agissements contraires à l’éthique. »

Comme on le voit, le médecin-soignant a dit l’essentiel des maux qui minent le patient. Mais a-t-il tout dit ? Comme usagers de l’Administration publique, ajoutons notre mot, apportons notre grain de sel. Modestement, nous voulons reconsidérer le service public, au Bénin, sous le triple aspect de la proximité, de l’efficacité, de la modernisation.

D’abord, la proximité. Affirmons-le comme une vérité sur laquelle nous fondons nos plus fortes convictions : il n’y a de service public proche du citoyen, usager/client que décentralisé. C’est en décentralisant fondamentalement qu’on peut espérer soulager le citoyen de toutes les difficultés d’accès à l’Administration publique. Toute autre voie reproduit le système qui nous a jusqu’ici retardé. Quelques pôles perdus dans un immense désert, c’est loin d’être un schéma convaincant de décentralisation. Pour dire que sans une administration publique véritablement décentralisée, il n’y a point de citoyen capable de se prévaloir d’être un client-roi. Il n’y a pas non plus une semaine nationale du service public qui nous sensibilise et qui nous change dans notre rapport à l’Administration publique.

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Ensuite, l’efficacité. Le français est et reste la langue de travail de l’Administration publique béninoise. Une telle disposition fait la part belle à l’héritage colonial français. Une telle disposition exclut d’un schéma de communication directe plus de 70% des usagers de cette Administration. Ceux-ci ne parlent pas français et l’Administration publique se refuse obstinément à parler leur langue. De ce dialogue de sourds, encore rien de nos autorités, en termes d’initiatives audacieuses qui nous fasse rêver. Rêver, par exemple d’une Administration publique béninoise qui cesse d’exclure des Béninois, au Bénin, par l’usage imposé d’une langue de communication non béninoise. Restera toujours étrangère à son milieu d’accueil, une Administration publique qui ne sait fonctionner qu’au carburant d’une langue étrangère.

Enfin, la modernisation. A commencer par les bâtiments qui abritent notre Administration publique. La plupart sont dans un état de vétusté avancée et nous ne nous faisons pas beaucoup de souci pour entretenir ceux qui sont neufs. Ici, l’habit fait le moine. Et l’Etat doit s’efforcer d’être grand, partout et en tout, en son contenu comme en son contenant.

Plus fondamentalement, les efforts de modernisation de notre Administration publique devraient nous faire prendre deux options majeures. La première, c’est l’introduction massive de l’outil informatique. Pour faire mentir l’adage qui veut que l’on fasse de bonnes sauces dans de vielles marmites. Le monde change. Il est temps que le Bénin se mette au diapason du monde. L’outil informatique l’y aidera. La deuxième, c’est l’introduction de l’anglais. Notre proximité avec le Nigeria le justifie à suffisance. Il ne nous restera plus qu’à faire placarder au fronton de notre Administration publique l’instruction ci-après : « Nul n’entre ici s’il ne parle pas anglais.»

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