Au nord-ouest du Bénin se trouve le Parc national de la Pendjari, une des plus importantes réserves de biosphère de l’Afrique de l’ouest. Première attraction des gens qui visitent le pays, il offre aux touristes l’une des dernières opportunités pour l’observation de la faune sauvage africaine.
Là-bas, dans la zone agro écologique délimitée par le Parc national de la Pendjari, on découvre de nombreuses espèces, notamment des buffles, des lions, des éléphants, dix espèces d’antilopes dont l’antilope-cheval, des hippopotames, des crocodiles, quatre espèces de singes et près de 470 espèces d’oiseaux saisonniers et permanents. Avec les efforts de gestion des lieux, ces dernières années, grâce à l’aide financière et technique de la coopération allemande, les guépards, autrefois menacés d’extinction, sont désormais observables aujourd’hui. C’est d’ailleurs l’animal culte et emblématique du Parc national de la Pendjari. Et le retour en nombre de cette espèce de félin, le plus rapide de la faune sauvage, ne fait que réjouir plus d’un.
Malheureusement, depuis les récents changements intervenus en début d’année, à la tête de la direction du parc, l’inquiétude a refait surface en lieu et place des coûteux efforts accomplis pour sa préservation. En effet, l’ancien directeur, le colonel Djafarou Ali Tiomoko, a été limogé de son poste au grand étonnement des populations riveraines qui n’ont pas compris cette décision contraire aux usages. Les Associations villageoises de gestion de la réserve de faune (AVIGREF) ont beau marcher pour protester contre, rien n’y fit. A contrario, les braconniers, se sont réjouis du départ du colonel Djafarou Ali Tiomoko dont la surveillance constante et la rigueur dans la gestion du parc avaient valu la prison à bon nombre d’entre eux. Ils n’ont d’ailleurs pas attendu longtemps pour reprendre du service avec une sauvagerie inouïe. Rares sont les visiteurs qui se sont rendus dans le parc sans mentionner à leur retour des découvertes macabres de restes d’animaux. Plusieurs lions, buffles, éléphants ont déjà été abattus à l’intérieur même de la réserve où des détonations de coups de feu sont devenues de plus en plus réguliers. Plusieurs touristes en visite sont ainsi tombés sur des éléphants dont les trompes et les défenses avaient été arrachées ou des buffles qui se sont effondrés sous leurs yeux, des suites des blessures mortelles avant d’être rapidement récupérés par leurs poursuivants.
La surveillance du Parc national de la Pendjari est actuellement défaillante. Et ce n’est que pur euphémisme. Les contrôles des visiteurs à l’entrée et à la sortie ne sont pas effectués de façon régulière. Sans compter que l’état de veille sur ses frontières contiguës notamment au Burkina est quasiment inexistant. En mars dernier, des gardes forestiers ont ainsi récupéré plus d’une quinzaine de bicyclettes appartenant à des braconniers qui les ont abandonnées pour prendre la poudre d’escampette. Le comble, c’est que des bergers transhumants ont pu s’y introduire avec près de 160 bœufs jusqu’à la mare Bali située au cœur de la réserve, sans être interceptés avant.
La résurgence du braconnage qui avait fait disparaître les animaux pendant longtemps de la Pendjari constitue une sérieuse menace qui pèse sur l’unique parc du pays. Au demeurant, il s’agit d’un patrimoine national dont l’importance particulière pour la région déshéritée de l’Atacora n’est plus à démontrer. Région dépourvue de toute infrastructure industrielle, l’Atacora offre l’essentiel de leurs activités aux populations riveraines à partir des atouts qui gravitent autour dudit parc, si l’on excepte l’agriculture. Car, c’est encore grâce au tourisme qu’une partie de la grande masse des jeunes sans emplois de l’Atacora continue encore à tirer son épingle du jeu.
La multiplication des actes de braconnage et de violation du territoire de la réserve de la Pendjari ne semble apparemment pas encore inquiéter outre mesure les autorités du pays. Mais pour les AVIGREF cependant, la situation est plus qu’inquiétante eu égard au nombre d’éléphants qui ont déjà été abattus. Elle est même déjà très critique. Et il importe de se poser des questions sur les motivations réelles des auteurs de ces massacres et de prendre très rapidement les mesures idoines qui s’imposent pour les mettre hors d’état de nuire.
Serge Félix N’Piénikoua (Col)
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