Vous avez dit ministre de la défense !?

Voilà notre ministre de la défense. Il nous vient droit de la Marina, mandat présidentiel en poche. Aux termes du dernier remaniement technique, Boni Yayi connu jusque là par  les béninois comme Président de la république devient ministre de la défense nationale. Le nouveau patron de l’armée béninoise, en plus de son titre ronflant de « Chef suprême des armées », devrait s’occuper de la gestion au quotidien des garnisons, de la promotion des cadres de l’armée, de l’élaboration  des stratégies de défense du territoire et de ses citoyens.

 Pour un président de la république, occupé par mille et une choses, président de l’Union africaine(Ua) par surcroît, cela paraît beaucoup. Alors donc, pourquoi Boni Yayi a-t-il choisi de prendre lui-même ce ministère stratégique alors qu’il avait la possibilité de nommer un ministre délégué charge de la défense, un ministre-lige qui pourra téléguider depuis la Marina si ce n’est pas cela le cas du ministre Issifou Kogui N’douro ? Est-ce, comme   beaucoup le disent, une phobie du Chef de l‘Etat de se voir arracher le pouvoir aussi facilement par des éléments de l’armée mal maîtrisés comme le cas de son homologue malien, lui-même militaire ? Ou, veut-il imiter son homologue ivoirien qui s’est aussi auto-nommé ministre de la défense ?  A ces interrogations, difficile de répondre de prendre en compte l’un sans l’autre. On peut bien dire qu’il y a un peu de tout cela. S’il est évident que le putsch du capitaine Sanogo au Mali l’a beaucoup ému, on peut comprendre qu’il puisse éprouver le besoin de s’entourer de plus de sécurité et de quiétude. Il faut aussi reconnaître que sa fréquentation poussée avec Ouattara ces derniers jours ait pu lui donner des idées. Actuellement l’armée béninoise est dans une phase de transition avec un grand nombre d’officiers généraux qui vont à la retraite. Pendant cette période d’instabilité, Yayi a besoin de montrer son hégémonie sur l’armée, de la dompter. Le temps de faire confiance à d’autres qui vont venir. Mais un tel acte  ne peut être gratuit. Il pourrait participer d’un plan mûri de longue date.  Depuis quelques mois déjà, le  Chef de l’Etat a renforcé sa sécurité. Des chars et des mitraillettes lourdes sont déployés pour assurer sa sécurité de son domicile. Quoi de plus normal pourrait-on dire, dans un contexte régional où Boko Haram menace à l’est du Bénin et où des foyers de tension naissent partout, e président de l’Ua pourrait être plus préoccupé par sa sécurité. A un moment où l’on observe une levée de bouclier autour du projet de révision de la constitution, Yayi a réussi à vendre la peur aux béninois. Et ceci pourrait lui marcher. Qui sait ?

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