Et revoilà Sanogo pour consacrer la partition du Mali!

Dans notre édition d’hier mercredi 23 Mai, nous souhaitions que le putschiste Sanogo soit neutralisé. Nous n’avons aucune solution sur la manière dont on peut neutraliser un soldat qui porte une arme et se fait protéger par une garde rapprochée maniant des armes automatiques et des fusils d’assaut.

Publicité

 Cette garde a déjà fait ses preuves non pas contre les rebelles qui occupent la partie nord du pays mais contre leurs frères d’arme soupçonnés de soutenir ATT. Il y a eu 14 eu morts. La classe politique s’en est sortie échaudée. Cette neutralisation souhaitée ne peut être que politique. Et constitutionnelle. Il appartient donc aux politiques d’explorer les voies appropriées pour le mettre hors d’état de nuire. Sinon, c’est le spectre de la partition qui plane sur le Mali, comme nous démontrerons plus loin. Nous disions dans ces mêmes colonnes que le capitaine putschiste n’était pas isolé dans la société malienne. Eh bien! A peine le président intérimaire est sorti de l’hôpital que les supporters de Sanogo ont convoqué une convention -le putschiste l’avait souhaitée- au terme de laquelle, ils exigent la désignation d’un président autre que Diacounda Traoré pour mener à bien la transition. A leurs yeux, seul Sanogo est l’homme de la situation. Et nous revoici à la case départ! Le président laborieusement désigné par la Cedeao n’est pas au bout de ses peines. Et il serait surprenant que Sanogo ne saisisse pas la perche à lui ainsi tendue.

La faute incombe d’abord à la classe politique malienne divisée sur qui doit diriger, et comment leur pays doit être géré en cette période de transition. Cette neutralisation du putschiste ne peut se faire qu’autour du principe fondamental qu’au 21è siècle, il est inadmissible que quelqu’un prenne le pouvoir par des voies autres que démocratiques. Les coups de force sont aujourd’hui inacceptables. Un soldat, ce n’est pas fait pour diriger un pays mais pour faire la guerre ou en temps de paix, participer –dans le cadre strict de leur compétence, au développement du pays. Les putschistes du 22 mars n’étaient au prime abord que des mutins qui réclamaient plus de moyens pour combattre les rebelles du nord. C’est chemin faisant qu’ils se sont mués en putschistes au regard de la faible résistance du pouvoir en place. Mais ils n’avaient aucun programme. Même pas un plan de conquête du nord. Au Mali comme ailleurs, en Afrique, les militaires n’arrivent au pouvoir que sous l’instigation des politiciens civils. Ceux qui appellent Sanogo à conduire la période transitoire au Mali sont ceux qui ont été marginalisés par le pouvoir laxiste d’ATT où la corruption a pris des proportions aussi inquiétantes que sous le régime de Moussa Traoré. Ceux- là ont peur (et ils le disent haut et fort) que Dioncounda Traoré qui appartient à l’ancienne mouvance qui a dirigé avec ATT, ne les marginalise davantage. Alors qu’ils sont convaincus qu’avec un novice comme Sanogo, ils ont plus de chance de se faire entendre et coopter comme ministres ou directeurs de sociétés d’Etat, ambassadeurs, pour prendre leur part du gâteau. Ainsi va le pouvoir en Afrique!

Vers la partition du Mali. Et la Cedeao qui n’est qu’un club de chefs d’Etat souvent mal élus ne peut que cafouiller au gré des rapports de force dans un pays. Tenez! En Guinée Bissau, les émissaires de la Cedeao ont d’abord réussi à arracher aux putschistes qui ont renversé le premier ministre, la libération de ce dernier. Mais ils n’ont pas pu obtenir d’eux la remise en selle du pouvoir déchu. Après moult tergiversations, ils ont concédé aux militaires trafiquants de stupéfiants, la nomination du président de l’Assemblée nationale pour une période de transition d’un an. Ce à quoi le groupe des pays lusophones soutenus par une résolution de l’Onu s’est fermement opposé. C’est la première fois depuis les soubresauts de la Côte d’Ivoire que l’Onu s’oppose à une décision de la Cedeao. Les putschistes maliens peuvent arguer de ce deux poids deux mesures pour réclamer que Sanogo soit remis en selle. Ils n’en sont pas loin puisqu’aux dernières nouvelles, le président par interim Diacounda Traoré s’est envolé pour la France à bord d’un vol spécial. Apparemment pour y suivre des soins. Visiblement, il ne s’est pas remis du passage à tabac que les manifestants lui ont infligé. Et si c’était l’occasion qu’attendait le chef des mutins pour s’engouffrer dans la brèche ouverte par la Cedeao? Comme la nature à horreur du vide, gageons qu’en l’absence de Diacounda Traoré, les partis organisateurs de la Convention battront le rappel des manifestants de l’autre jour pour maintenir la pression sur le pouvoir de la transition et imposer Sanogo comme président de la période transitoire. La Cedeao, après les atermoiements habituels, finira par donner son aval et la France suivra, tant que ses intérêts seront saufs. On se souvient qu’au début du conflit, alors que les rebelles n’occupaient que les villes de l’extrême nord, Alain Juppé avaient déjà appelé ATT à négocier avec eux. Aujourd’hui qu’ils occupent la moitié du territoire, l’option de la guerre totale paraît de moins en moins envisageable, d’autant que le médiateur principal de la Cedeao, Blaise Compaoré, a déjà pris langue avec les rebelles. Ceux -ci, aux dires des médias français, seraient dans de bonnes dispositions d’esprit. Tout se passe comme si la partition du Mali était déjà consommée. Le Mali du sud serait dans les mains de Sanogo qui tient en respect les politiciens du Sud. Au nord où l’on suspecte des réserves de pétrole et de gaz, les partisans d’une future République de l’Azawad fermement aux commandes, seront plus disposés à négocier la libération des otages français auprès de leurs alliés de la nébuleuse Aqmi. Et la messe sera dite.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité