(La transition est compromise) Hier lundi 21 Mai, Dioucounda Traoré, le nouveau président de la transition politique au Mali a été victime d’une agression. Un groupe de manifestants, réclamant son remplacement par le chef de l’ex junte, s’est introduit dans son Bureau pour l’agresser. Il en est sorti blessé.
Visiblement, le nouveau président Malien, Dioucounda Traoré, président de transition est mal parti. En effet, un groupe de manifestants s’est introduit hier dans son bureau pour l’agresser et le blesser. Ces manifestants seraient en train de réclamer le remplacement du nouveau président de la transition par le chef de l’ex junte. Cet évènement intervient après l’accord de prolongation de la transition signé ce week-end entre le Capitaine Sanogo et les autorités de la Communauté des Etat de l’Afrique de l’Ouest. En effet, la transition au lieu des quarante jours prévus par la constitution, va durer douze mois et ce à partir de la fin des quarante premiers jours. il n’est qu’un secret de polichinelle que l’ancien président de l’Assemblée Nationale depuis son investiture le 22 Avril dernier n’a pu, jusqu’hier, bénéficier pleinement de son nouveau statut. La raison principale de cette situation est l’opposition du Capitaine Sanogo, au plan de la sortie de crise proposée par l’organisation sous régionale, la Cedeao qui stipule le déploiement de militaires étrangers au Mali ainsi qu’une prolongation de la transition politique malienne à douze mois au lieu de quarante jours comme le fixe la constitution malienne. A cette cause, s’ajoutent la volonté du chef des putschistes de faire participer ses hommes à la transition. Au nombre des missions que devrait accomplir le président de la transition dans le délai de quarante jours, organiser les élections pour doter le Mali d’un nouveau président démocratiquement élu, ce qui parait visiblement comme une mission impossible. Pour rappel, la junte reproche au président déchu, Amani Toumani Touré, son incapacité à empêcher les Touaregs et d’autres groupes rebelles d’envahir le Nord Mali. Situation qui s’est d’ailleurs empirée après le putsch.
Les défis à relever par le nouveau président
Au delà de sa mission officielle, celle d’organiser les élections présidentielles dans un délai de douze mois, le nouveau président a tout à gagner en trouvant une solution à la situation précaire qui prévaut dans le Nord du Mali. Hier, les communautés internationales et africaines ont commencé par se manifester déjà en faisant des dons de vivres et d’argent à la population du Nord Mali, mais la véritable préoccupation reste toujours irrésolue. Il s’agit de la question de pacification de la zone septentrionale du Mali. A ce casse-tête, s’ajoute la situation socio-économique du Mali. Même si le président Dioncounda Traoré n’est pas appelé à faire tout un mandat, il ne saurait diriger un pays qui végète dans l’insécurité et dont les populations ont faim. Autrement, cette transition risque de trop durer du moins, d’être perturbée par la fronde sociale et pourquoi pas un autre coup d’Etat.
Le statut d’ancien président pour Sanogo
Si c’est cela son rêve, il l’a réalisé. Le Capitaine Sanogo a désormais un statut d’ancien président de la République du Mali et bénéficiera de tous les honneurs qui vont avec. C’est l’une des décisions ayant suivi la prolongation du délai de la transition au Mali. Il a ainsi réussi, même si ce n’est pas de la plus belle manière, à s’inscrire dans l’histoire politique du Mali. Et cela paraît bien stratégique. En effet, ce personnage militaire, dont la place est dans les casernes est devenu, depuis son putsch, une pièce maîtresse dans la reconstruction d’une démocratie dont le cours de l’histoire s’est arrêté à un moment inopportun par un coup d’Etat. Et pour cause, le Capitaine Sanogo pourrait être vu comme une menace pour la transition car pour un « oui » ou un « non », il serait prêt à renverser encore le président de la transition. Raison pour laquelle, il était nécessaire de lui trouver une situation confortable.
L’honneur d’un ennemi de la démocratie
Il y a de quoi s’inquiéter quand on voit l’allure que prend la situation politique en Afrique surtout en Guinée et au Mali. Certes, le Capitaine Sanogo a occupé pour quelques jours le fauteuil présidentiel malien, ce qui lui a valu le statut d’ancien président mais le mérite t-il pour autant ? Cette question fait appel à une autre. Qu’est ce que le coup d’Etat a-t-il apporté au Mali ? On ne peut que répondre par la négative. Au contraire, le putsch a permis aux rebelles de gagner du terrain. Le couronnement du putschiste Sanogo ressemble à une légalisation des coups d’Etat en Afrique, ce qui est une menace pour la démocratie africaine, déjà moribonde ou quasi inexistante. Il urge alors de brandir un Carton rouge aux putschistes en Afrique en les condamnant.
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