Dans l’après midi d’hier mardi 15 mai, sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi, un mouvement d’humeur des étudiants s’est transformé en bagarre entre eux et les forces de l’ordre.
Pneus de voiture en feu, des morceaux de briques obstruant le passage de part et d’autre de la route, des automobilistes en stop. C’est en quelques mots l’état dans lequel se trouvait à la mi-journée d’hier mardi, la voie inter-Etat Godomey-Akassato à la hauteur du campus universitaire d’Abomey-Calavi. Les auteurs de ce blocage de la circulation sur cette voie sont les étudiants membres de l’Union nationale des scolaires et étudiants du Bénin (Unseb), l’un des mouvements étudiants à caractère syndical de l’Uac. Ils protestent contre l’arrestation un peu plutôt dans la matinée de leur leader, Assè André et de quatre autres membres « influents » de l’organisation. Assè André et ses acolytes ont été arrêtés par les éléments du Commissariat de Calavi au niveau du tribunal de première instance de Cotonou. Selon des témoignages concordants, ces responsables de l’Unseb ont été arrêtés « parce qu’ils voulaient soutenir leur camarade, Romuald Tokoudagba, étudiant en première année de géographie, traduit en justice par l’un de ses professeurs, notamment Jean Bosco Vodounon.» Et pour manifester leur mécontentement puis exiger la libération de leurs responsables aux mains de la police, les « unsebiens » ont empêché le trafic des bus du Cous servant au transport des étudiants, bloqué l’entrée principale du campus et pendant environ une heure la circulation sur la voie inter-Etat. Alertés, les agents du Commissariat central de Cotonou et ceux de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) sont intervenus pour rétablir la circulation. « Dans la foulée des événements, un élément des forces de l’ordre a été tabassé par des étudiants », rapporte d’autres témoins. Cela a donné lieu une course-poursuite, pendant quelques minutes, des étudiants sur le campus par les forces de l’ordre, avec à la clé des jets de pierre et des gaz lacrymogènes. Selon des animateurs de la presse universitaire joints au téléphone, la bagarre a continué dans la nuit. «D’autres agents sont venus en renfort. Il y a une chasse aux étudiants », a renseigné un confrère autour de 21 heures. Une information confirmée un peu plus d’une heure après par le président du Bureau exécutif fédéral (Bef) de la Fédération nationale des étudiants du Bénin (Fneb).
A l’origine
Selon le recoupement des informations, l’histoire qui s’est soldé par cette bagarre entre forces de l’ordre et étudiants trouve son origine dans un événement qui s’est produit le 06 avril 2012. Un groupe d’étudiants de la première année de géographie était en sortie pédagogique sur Sô- Ava. Pendant la sortie, un étudiant « apparemment d’âgé avancé» aurait été tapé dans le dos par l’un des professeurs encadreurs. Le nommé Romuald Tokoudagba se serait alors écrié en langue fon « C’est le papa de quelqu’un ». Ce qui lui a valu la confiscation de sa carte d’étudiant. Exigeant que sa carte lui soit remise, Romuald aurait été battu par les encadreurs. Et c’est voulant se défendre qu’il aurait assené Jean Bosco Vodounon de plusieurs coups de bâton. Les parents de ce dernier ont donc assigné en justice Romuald Tokoudagba. A l’issue du procès qui s’est tenu donc hier, il a été condamné à 6 mois de prison avec sursis plus une amende de 30 000 Fcfa.
La violation des franchises universitaires
« Oui !oui ! oui !. Il y a bel et bien violation des franchises universitaires.» C’est la réponse que nous a servi Smith Hermann Ahouandjinou, président du Bureau exécutif fédéral (Bef) de la Fédération national des étudiants du Bénin (Fneb) lorsqu’il a été contacté pour savoir si on peut qualifier cette action des forces de l’ordre sur le campus de violation des franchises universitaires. Il complète que le mouvement est soutenu par l’état major de la Fneb. « Il y a un problème entre un étudiant et un professeur lors d’une activité pédagogique. Cela devrait se régler entre universitaires et non directement à la justice. C’est ce que André Assè voulait dénoncer quand il a été arrêté», explique-t-il. Le Recteur de l’Uac, Brice Sinsin est en déplacement à l’Université de Parakou dans le cadre des activités du Cames. Joint au téléphone il avoue ne pas être trop imprégné de la situation. Mais selon des sources bien informées, l’autorisation de l’intervention des forces de l’ordre est venue du Rectorat du campus. « Et d’ailleurs, les policiers ne peuvent pas investir le campus sans l’aval du Recteur », précise un responsable étudiant qui a requis l’anonymat.
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