Un tour à travers les quartiers de Cotonou et on s’en rend compte que dans presque toutes les rues, se pratiquent le football. Une chose qui est parfois source de discorde entre les habitants du même quartier.
Football de rue
Samedi dernier vers 7 h 30, à Akogbato un des nombreux quartiers du 12è arrondissement de Cotonou. Nous sommes dans une rue située à droite du tronçon qui mène vers « Atlantic Beach Hôtel » après la mosquée. A compte goutte de jeunes gens mais aussi de personnes âgées d’une cinquantaine d’années ont pris d’assaut une petite portion traversant la rue au milieu des maisons. Rapidement, ils constituent trois équipes de quatre joueurs et commencent leur jeu dans la fraîcheur intense qui rappele que l’Océan Atlantique est à quelques encablures. Sans prêter attention à ceux ou celles qui continuaient leur sommeil par ce temps où un vent assez frais souffle sur Cotonou. Loin delà, toujours dans le même arrondissement, on change juste de quartier et de jour. Un dimanche matin de ce mois de juillet, il sonnait environ 7 heures à Aïbatin 1, dernière rue à droite avant les locaux de l’ancienne mairie communément appelé ‘’Djomèhoundjaïtin’’ en longeant la voie ferroviaire et en allant vers le Collège d’enseignement de Houéhyo. Le même spectacle s’observe à la différence qu’ici ce sont uniquement des jeunes. Fortune identique à Gbégamey, dans la dernière rue à droite avant la place ‘’Bulgarie’’ en quittant l’Ecole nationale d’économie appliquée et de management (Eneam).
Une promenade dans les rues de la municipalité de Cotonou le constat est le même à quelques exceptions près. Pendant le temps des vacances scolaires, le phénomène est plus criard du fait que de petits tournois sur de terrain réduit (petit camp) foisonnent et drainent assez de monde.
Une question d’espace
Ainsi, à travers la ville de Cotonou, il ne se passe pas de jour sans que des enfants et des jeunes ne prennent d’assaut les rues. Ceci pour satisfaire leur désir de s’épanouir ou leur passion. «C’est une fois par semaine que nous on joue pour entretenir notre forme», confie Donald rencontré à Akogbato. «J’aime le football mais c’est seulement les week-ends que j’ai le temps pour jouer», déclare Yves. «Nous ne pouvons pas tous jouer à Kouhounou (stade de l’amitié de Kouhounou)», s’est fendu Alex,un jeune joueur habitant Gbégamey comme pour soulever le problème du manque criard de terrain d’entraînement.
Cotonou, capitale économique qui abrite près de deux millions d’âmes ne dispose pas plus de quatre terrains d’entraînement. Pour palier à ce manque, certains ont fait appel à des terrains de jeu des quelques collèges et lycées qui en possèdent. Mais, le problème reste entier car ces aires de jeu ne peuvent pas contenir le flux de tous ceux qui pratiquent ce sport.
Pourtant, certaines dispositions ont été prises par les autorités pour doter certains quartiers d’aires de jeu. A Aïbatin I, lors du recasement, une portion de terre a été prélevée sur chaque parcelle afin d’avoir un espace pour permettre aux jeunes de ce quartier de pratiquer le football. Mais, pour des raisons qui ne sont pas connues, l’espace réservé pour cela est non seulement exigu mais aussi depuis quelques mois, les autorités du 12è arrondissement ont fait implanter des plaques d’une Ong de la place. Même si un flou entoure les conditions d’attribution de ce domaine, ces autorités rassurent qu’il n’a pas été vendu et l’Ong se chargera d’y construire une école et un centre de santé moderne.
Quiétude perturbée
Face à la situation, il est important que des actes forts soient posés. Car, des casses sont enregistrées et sont sources de conflits dans les quartiers. C’est précisément la situation qui prévaut à Misséplé, dans la rue ex-Grill, rue parallèle à celle qui passe devant l’entrée principale de l’hôpital Saint Luc, en allant vers le bas-fond. Les dimanches matins entre 9 heures et 11 heures, les habitants du carré N°1529 en font les frais. Des tuiles de maison brisées, des tuyaux de la Soneb fracassés etc. Approchées, les autorités locales s’interdisent d’intervenir énergiquement de peur de perdre leur électorat en 2013. Certains jeunes sans ambages affirment que si ces autorités ne veulent pas perdre leurs sièges en 2013 qu’elles les ménagent. Et sur le terrain, deux camps s’affrontent discrètement: celui de ceux qui n’entrevoient que le succès du football et celui de ceux qui pensent qu’il faut sensibiliser les jeunes et les dissuader. A Aïbatin, il a fallu l’intervention des forces de l’ordre un dimanche matin pour les disperser. Et malgré l’intervention du Chef d’arrondissement Brice Tchanhou, une riveraine a porté l’affaire jusqu’au tribunal. Même si certains se sont résignés, d’autres refusent de se laisser brimés.
Et comme pour citer un certain Christophe Coffi Eklou, on peut dire que « soutenir sournoisement les jeunes férus de football de nos grandes villes, souvent en quête de terrain d’entraînement, à prendre d’assaut certaines portions de rue, privant délibérément les populations riveraines de jouir pleinement de leur droit de circuler librement ou au contraire s’efforcer de dissuader ces jeunes footballeurs de mettre fin à cette pratique restent un dilemme qu’il faut trancher ».
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