1er jour test des bus de «Benafrique» : les passagers se font très rares

(Le tarif, la principale raison) Arrêts déserts, bus pratiquement vides, le deuxième jour de circulation des bus de la société «Benafrique» est passé sous silence. Sur le tronçon Carrefour «la vie» – Carrefour «le Bélier», les passagers se sont fait attendre. Et cela pour diverses raisons. Constats.

L’affluence n’a pas été aux arrêts bus de la société «Benafrique» ce mercredi 29 août 2012, journée test après la gratuité du transport la veille. 16 heures. Le bus numéroté 1031 vient de stationner à l’arrêt bus situé au carrefour «la vie» où attendent seulement deux passagers (l’équipe de la rédaction) en partance pour le Carrefour «le bélier». A l’intérieur, outre le chauffeur et le receveur du bus, seul Léonel Roland a pris place. Au carrefour Agontikon, un autre passager, Jacob qui a définitivement adopté le bus pour ses déplacements à Cotonou, monte à bord et porte le nombre de passagers à quatre. Mais après lui, plus personne et cela jusqu’à destination. Les nombreux arrêts effectués par le conducteur tout au long du voyage qui a duré une trentaine de minutes, ont été infructueux. «C’est ainsi que les passagers se font désirer depuis que nous avons pris le relai à 13 heures», informe le receveur.

Aux arrêts-bus, en lieu et place de passagers, très rares, ce sont des personnes venues prendre un peu d’air et par endroit des dormeurs qui attendaient. Mais qu’est ce qui peut expliquer la faible affluence constatée aux différents arrêts-bus ? «Le tarif est trop élevé», laisse entendre Jacob. «De l’Etoile Rouge au marché Dantokpa, je paie habituellement 200F, pourtant je dois débourser 300F (prix promotionnel) maintenant», explique-t-il. Pour Aïcha, rencontrée au terminus à Akpakpa, carrefour le Bélier, en plus du tarif, les points d’arrêt posent également problème. « Ce matin, j’étais à l’arrêt-bus en partance pour à Gbogbanou, mais le prix m’a très vite fait changer d’avis encore que je devais descendre sur le pont et continuer à pied», avance-telle avant de proposer une tarification en fonction de la distance et de la destination. Selon certains commentaires, la couverture jusque-là partielle des arrondissements de Cotonou mais également la situation socioéconomique marquée par une morosité sont les autres arguments justificatifs de la faible affluence. Mais autant les arguments pour justifier la faible affluence sont nombreux, autant plusieurs raisons devraient pousser à l’adoption du nouveau moyen de transport commun de la ville de Cotonou. «La vie n’a pas de prix. Au vu des nombreux cas d’accidents enregistrés dans la ville dont les plus grandes victimes sont les Zémidjans, il est préférable d’opter pour les bus, qui sont très sécurisés», laisse entendre Léonel Roland. En plus des raisons de sécurité, Jacob un jeune nigérian, préfère les bus de la société «Benafrique» aux zémidjans pour le «confort qui s’y trouve».
Yao Hervé Kingbêwé

Le tarif désenchante les passagers

Deuxième journée d’activité et première journée lucrative pour les bus Benafrique. C’était hier, mercredi 29 Août. A l’arrêt-bus du carrefour Cica-Toyota, il sonnait environ 16 heures. Les passagers, composés entre autres de femmes avec quelques bagages, de jeunes apprentis maçons et quelques hommes curieux venus expérimenter le transport en commun dans la ville de Cotonou, attendent l’arrivée d’un bus pour se rendre à leur destination. Assis côte-à-côte, quelques uns des passagers s’impatientent après une vingtaine de minutes d’attente. «Je pense que je vais chercher un taxi et rentrer chez moi », annonce Rodrigue, un des apprentis-passagers qui se lève aussitôt. Mais il ne partira pas. «S’il te plait mon frère. Encore un peu de patience, ils ne vont pas tarder», lâche un des agents de la police municipale présent sur les lieux. Le jeune apprenti reprend sa place à peine quand un bus Benafrique se pointa. Tous les passagers se levèrent. «Ça y est, rentrez !», lança le percepteur. Les passagers, les uns derrière les autres s’engagèrent. Soudain. la première passagère se retourne. « Je ne peux pas quitter le Carrefour ‘’Toyota’’ pour Godomey à 300 fcfa alors que de Tokpa à Cocotomey, je paye le même prix», s’indigne-t-elle. «300fcfa dites-vous? Je préfère un taxi», annonce un autre passager en se retournant. Et à leur suite, tous les autres passagers. Mais par curiosité, nous, journaliste de ‘’La Nouvelle Tribune’’ sommes montés à bord en payant les 300fcfa qui n’est d’ailleurs que le prix promotionnel. Du carrefour ‘’Toyota’’ à Godomey à la descente de l’échangeur qui est l’autre terminus des bus Benafrique, le percepteur, le chauffeur et nous étions les seuls passagers à bord du bus. En effet, nous, nous devrions retourner en ville. Mais «nous allons observer un arrêt de 15 minutes ici pour attendre les éventuels passagers », a indiqué le percepteur. Une vingtaine de minutes plus tard, la moisson est la même si non presque. Le bus demeure toujours vide à la différence qu’un seul passager s’est ajouté à nous. Cependant, nous devrons débourser 300fcfa pour notre retour au Carrefour ‘’la vie’’ comme Didier qui se rend au Carrefour ‘’le bélier’’ se sentant ainsi plus avantagé. Ne pouvant pas attendre plus longtemps des passagers qui ne viendront peut être pas, le chauffeur a repris le chemin de la ville. De Godomey au Carrefour ‘’la Vie’’ en passant par une dizaine d’arrêts-bus, nous sommes demeurés les seuls passagers jusqu’à notre descente du bus. Ainsi, la politique des tarifs de la nouvelle société Benafrique dont l’initiative du développement du transport en commun dans la ville de Cotonou parait salutaire doit être davantage étudiée pour la suivie du projet.
Camille A. Sègnigbindé

Malgré les bus, les autres moyens de transport toujours privilégiés

Paradoxe ou ironie, les conducteurs de taxi moto et autres chauffeurs avaient pris d’assaut abondé les rues de Cotonou ce mercredi à la grande surprise des “Cotonois“. Ils y étaient massivement en dépit de la présence des bus de la compagnie Benafrique qui s’imposaient dans la circulation par leur grande taille et longueur. Contrairement à la veille où on pouvait lire sur le visage de ces acteurs la désolation et la résignation, il en a été autrement hier. Il sonnait 16heures 15 minutes environ quand le bus n°1031 fit irruption à la place de l’étoile rouge. Les conducteurs de taxi-moto, visages meurtris par les rayons du soleil, et vêtus comme d’habitude de leur traditionnelle “tenue jaune“, ont retrouvé le sourire qui leur avait été arraché le jour précédent où la gratuité des bus semblait sonner le glas de leur activité nourricière. A l’arrêt bus, des passagers trouvant trop élevé le coût du transport, se sont vite empressés de retrouver leur moyen de transport jusqu’au mardi dernier, où profitant de sa gratuité, ils se sont rués pas les bus. «Je ne peux pas payer 300F de l’Etoile Rouge au marché Dantokpa», lâche un passager désenchanté par le prix. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Donatien, un conducteur de taxi-moto dissimulé dans l’ombre du 1031 a déclaré : «hier, j’étais sceptique quant à l’avenir de ma profession car je n’avais eu que deux clients au cours de la journée. Mais aujourd’hui, il me suffit d’attendre qu’un passager déçu redescende du bus pour lui proposer mes services. Cette stratégie a bien marché depuis le matin». Ce scénario s’est répété le long du trajet ; notamment au passage du bus n°1035 devant le hangar servant d’arrêt à proximité de la station St Michel. A ce niveau, Vivien, chauffeur de mini bus renchérit : «au lancement de ces bus, je pensais pour ma part que la messe était dite parce que mes recettes avaient considérablement baissé. Aujourd’hui, c’est avec un grand plaisir que je peux m’apercevoir qu’il s’agissait d’un effet de la gratuité». Toutefois, certains conducteurs affirment qu’il s’agit là d’une lune de miel qui sera sans aucun doute de courte durée mais craignent un retournement de situation avec la baisse du tarif fixé par la société de transport. Ces derniers s’interrogent alors sur le sort qui leur sera réservé dans ce bras de fer disproportionné. Marc, un zémidjan, qui n’a d’autre source de revenus que la conduite de taxi-moto pour subvenir à ses besoins et ceux de sa famille, s’inquiète : «que vais-je devenir si les bus qui ont une grande capacité arrivent à s’imposer?». Pour lui et comme pour plusieurs autres conducteurs de taxi-moto de la ville, la mairie qui perçoit les taxes annuelles «devrait se soucier de leurs familles».
Honoré Bessangbo

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