Azannaï trouve «dangereux» les propos du Chef de l’Etat

Invité de l’émission dominicale «Zone franche» sur la chaîne de télévision privée «Canal 3» hier, l’Honorable Candide Azannaï de la «mouvance critique» a réagi à la «malheureuse sortie» du 1er août du Chef de l’Etat et d’autres faits de l’actualité nationale.

Plus de trois semaines après, la sortie médiatique du 1er août du Chef de l’Etat continue de faire des vagues. Ce dimanche, sur le plateau de l’émission «Zone franche», l’Honorable Candide AzannaÏ, a réagi à son tour, à l’entretien du Chef de l’Etat. Et contrairement à la logique de soutien des Forces cauris pour un Bénin émergeant (Fcbe), sa famille politique, le député de la «mouvance critique» condamne «cet entretien dommageable pour notre pays». Le lieu et la date sont mal choisis. Les propos « je vais sortir mes hommes et ils vont s’affronter, ils sont petits, les miens du Bénin profond», tenus par le Président Boni Yayi comme «un chef de clan» le 1er août «sacré» dans «un lieu public avec des drapeaux du Bénin et de l’Union africaine» sont selon Candide Azannaï, en train «de brader le rêve du premier président Hubert Maga qui appelait en 1960 à l’unité, à la réconciliation». Le «j’ai été élu, collez-moi la paix» de Yayi Boni est anti-démocratique. Car, explique l’Honorable, «la fonction de l’opposition, c’est la critique permanente». A en croire Azannaï, après l’entretien «dangereux, à ne pas répéter» du Chef de l’Etat, les notions de «démocratie, d’Etat de droit», chères au Bénin, ont été remises en question.

Le communiqué du ministère de l’intérieur, «un communiqué inventé»

Outre l’entretien du Chef de l’Etat, Candide Azannaï s’est prononcé sur le communiqué du ministère de l’intérieur qui met en branle la classe politique depuis quelques semaines. Pour l’He, «il n’y a pas de coup d’Etat, rien du tout». «C’est simplement un communiqué inventé dans la logique de «manipuler par la peur et gouverner par la peur tout en asphyxiant la démocratie», a-t-il précisé ajoutant que «c’est un déficit démocratique». Car, «est démocrate, celui qui supporte la contradiction». Et il n’y a rien de plus normal que l’opposition s’oppose au gouvernement. Ainsi, les pratiques visant à empêcher les activités de l’opposition ne sont que «des reliques du Prpb (un régime totalitaire)». «Est-ce les opposants qui sont à l’origine de la mal gouvernance dont souffre le Bénin ?», s’est interrogé Azannaï abordant la situation économique nationale.

La morosité économique et les arguments «biaisés» du Chef de l’Etat

La situation économique délétère du Bénin, dernier de l’espace Uemoa n’a pas échappé au «mouvancier critique». Qui analysant les arguments justificatifs du Chef de l’Etat, les a trouvés «biaisés» et «faux». «Est-ce aujourd’hui que le Bénin a constaté qu’il n’a pas de ressources pétrolières ?…Ce sont les mêmes arguments avancés par les régimes précédents, il n’y a rien de nouveau», a-t-il martelé. Et le concept de «dictature de développement» inventé par le président pour sortir le pays de cette situation est «illogique». Pour lui, la démocratie est loin d’être à l’origine des maux qui minent le Bénin comme l’a dit le Chef de l’Etat. «La mal gouvernance au niveau des entreprises, 2ème maillon de la chaîne de production de richesse, est à la base de la crise», précise-t-il.

Les rencontres du Chef de l’Etat avec les opérateurs économiques après «avoir feint de ne pas connaître Talon, Boko Olivier» sont, selon l’He Azannaï, une «fuite en avant, une théâtralisation». «Ce sont des amis» qui doivent s’entendre et éviter de «piétiner les intérêts du peuple». Pour l’He, il est inadmissible que le Chef livre les hommes d’affaires à la vindicte populaire. Si des privés sont corrompus, c’est de la faute de l’administration publique. «L’intérêt général n’intéresse pas le privé», avance t-il. La réaction du Chef de l’Etat à l’endroit des opérateurs économiques relève de la «haine» et cela pose un problème.Par rapport au programme de vérification des importations ‘’dit’’ de nouvelle génération (Pvi-ng), l’He relève des contrevérités dans les propos du Chef de l’Etat. Notamment le fait que Bénin control Sa ne soit pas mentionné dans le contrat. «Dans l’article 3, il bien mentionné Bénin control sa», martèle-t-il preuve à l’appui avant d’appeler toutes les personnes ayant conduit le dossier, n’étant plus «crédibles» à démissionner.
Yao Hervé Kingbêwé

Azannaï relance le débat sur la fiabilité de la Lépi

Invité sur l’émission Zone Franche de la chaine privée de télévision Canal 3 Bénin de ce dimanche pour se prononcer sur l’interview du chef de l’Etat de ce 1er aout 2012, Candide Azannaï n’a pas manqué de parler de la Lépi (Liste électorale permanente informatisée). Pour ce député dont le parti, ‘’Restaurer l’Espoir’’ est membre de la mouvance présidentielle, trois problèmes se posent au niveau du fichier électoral utilisé pour l’organisation des élections présidentielle et législatives de mars/ avril 2011. Il soutient que la cartographie censitaire est biaisée, le recensement porte à porte manqué et les experts de l’Oif (Organisation internationale de la francophonie), qui ont séjourné au Bénin en début d’année pour auditer la Lépi n’ont pu y avoir accès. Ces trois faits soulèvent, selon lui, trois différents problèmes. Pis, Il trouve que « le groupe de travail parlementaire» mis sur pied il y a quelques semaines dans le cadre de la correction de la Lépi pour les élections municipales de 2013, est « un montage pour distraire l’opinion». «La Lépi c’est du pipo. Tout ce qu’on fait de la Lépi est du pipo», a martelé Candide Azannaï. Avant de s’interroger : « Le code d’accès de la Lépi est dans les mains de qui ? La Lépi est où ?» Sur insistance des journalistes sa réponse est : «Moi je le sais, mais si je le dis je vais enflammer le pays. La Lépi n’est pas une panacée pour avoir une élection crédible.» Quant à la correction du fichier électoral Azannaï a proposé que la classe politique s’organise en mouvance et opposition. Et ces deux camps devront être «paritaire dans les différents organes à mettre sur pied» dans le cadre de cette correction.
Léonce Gamaï

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