C’est gâté!

A part des sorciers païens, personne ne peut  se réjouir de ce qui se passe actuellement dans notre pays. L’économie cotonnière si chère au Président Boni YAYI est en train de s’écrouler avec la présente campagne. Par convictions idéologiques et professionnelles, je ne cherche jamais pour ma part de bouc émissaire à un problème personnel  ou collectif.

 Oui ! J’entends qu’on peut tacler le leadership d’un homme d’Etat ou la gouvernance d’une équipe au pouvoir, mais fondamentalement pour le social scientist et l’homme politique que je suis, les causes des malaises dans une collectivité nationale sont à chercher avant tout dans les dysfonctionnements du système sociétal lui-même. Si le Bénin est actuellement bien malade, tout le monde en convient, la responsabilité, toute la responsabilité, n’est guère imputable au Président de la république ; au même titre que l’impasse politico-institutionnelle et la banqueroute de 1989 n’étaient pas imputées au Général KEREKOU seul. Sinon, on l’aurait plutôt traduit devant une Haute Cour pour trahison au lieu de lui conférer une immunité inconditionnelle et de le faire revenir au pouvoir en 1996 ! Aussi lacunes dans le leadership et la gouvernance certes, mais un  diagnostic approfondi et sans complaisance de tout notre édifice social reste-t-il à refaire. Ce  n’est pas trop demander que de proposer un autre forum  national dont les conclusions ne seront pas souveraines pour changer le régime existant, mais pour déboucher sur un gouvernement d’union nationale : car le ciel est en train de nous tomber sur la tête. Au bout de deux décennies de renouveau démocratique en Afrique, qu’arrive-t-il donc aux pays qui en étaient les pionners et le laboratoire ? Qu’arrive-t-il au Mali ? Un capitaine fou n’aura pas le culot de déclencher chez nous une aventure à la SANOGO, mais un soulèvement populaire est toujours à craindre, et en l’occurrence, certains pêcheurs en eau trouble peuvent en exciper pour demander la démission de l’équipe au pouvoir. Je n’aurai pas la prétention de vouloir juger le leadership de celui qui est toujours le chef de notre Etat, mais le devoir citoyen m’impose d’apprécier ses collaborateurs, surtout au niveau de l’équipe gouvernementale que lui-même a formée ; c’est d’abord à ce niveau que le bât blesse. A l’évidence, certains ministres ne méritent pas d’être les ministres de la République. Nous avons dans l’équipe des ronds-de cuir incompétents qui ne savent même pas s’exprimer correctement en français ! D’autres compères sont de joyeux farceurs qui confondent travail gouvernemental et exhibition de cirque. L’actuel ministre de l’agriculture, truculent et remuant à souhait, est manifestement un jobard qui raconte des bobards et induit tout le monde en erreur. Par ces fariboles, il est en train de conduire tranquillement notre économie cotonnière à la ruine. Pendant ce temps, j’exalte ces ministres dévoués et patriotes qui ne veulent pas laisser notre pays dans la gadoue de la corruption et de l’impunité. Je te salue à travers ces lignes, jeune frère intrépide, toi qui fais honneur à ton ancêtre, l’un des plus grands rois du Danhomê. Continue de crier contre les chantiers abandonnés alors que les entrepreneurs ont déjà empoché tout le magot des travaux ; n’arrête pas de te fâcher contre ceux qui veulent rendre notre pays sans couvert végétal en continuant d’abattre tous nos bois précieux, qui dévastent à tour de bras nos forêts, qui s’en foutent royalement si par leur incurie et leur inconscience, nous  léguons aux générations futures un pays désertique.  Et il y a ces braves femmes tout aussi intrépides à qui je tire mon chapeau, ces femmes dignes de la femme béninoise, et qui dans la micro-finance, la santé, le commerce ou ailleurs, continuent d’arrêter la descente aux enfers ! Il y a encore de l’espoir lors donc que ce peuple s’étonne, se fait quelque fois peur, mais étonne toujours. Je salue les 26 propositions constructives de notre opposition qui semble abandonner les hoquets démagogiques pour s’intéresser vraiment au sort de notre pays.  Enfin, n’oublions jamais la Providence divine. Aucune des grandes civilisations de l’humanité (gréco-romaine, byzantine, arabe, ottomane, occidentale) ne s’est développée sans la foi et l’espérance en un Dieu créateur. Sursum corda ! Laissons nos passions animales et charnelles pour nous élever vers la transcendance et la spiritualité créatrice. Ceci est particulièrement vrai pour les disciples du Christ qui ont sur cette terre une  mission sacrée : être le sel de la terre et la lumière du monde.  Il n’est pas superflu de demander aussi la protection de nos  saints endogènes sans pour autant tomber dans le piège du syncrétisme. Nos feus mèdjomin méritent de notre part vénération, à l’heure où le Pape Benoît XVI reconnaît au-delà de l’inculturation, la pertinence de l’interculturalité. Ayons d’abord des racines socio-anthropologiques solides.

Par Olivier Lucien GUEKPON
Consultant en stratégies politiques et électorales

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