Depuis hier, les bus de Benafrique mis en service le lundi dernier circulent déjà dans la ville de Cotonou. Après une journée, les avis des passagers divergent sur l’utilité de ces moyens de transport en commun.
Carrefour ‘’la vie’’ à Cotonou ce mardi 28 Août. Il sonnait environ 16h. Une dizaine d’hommes, femmes et enfants attendent impatiemment l’arrivée d’un bus Benafrique – lancé lundi dernier- sous un hangar aux effigies d’une nouvelle société de transport en commun urbain, apprêté pour servir d’arrêt-bus. Après une attente d’environ 15 minutes, un bus de couleur blanche verte direction de Godomey attire l’attention parmi tant d’autres moyens de transport en commun. « Ce sont eux, Ils arrivent déjà », chuchotèrent les usagers qui se levèrent aussitôt. C’est le début d’une longue balade pour certain- comme l’équipe de ‘’La Nouvelle Tribune’’ qui s’est faite embarquer pour apprécier les services de la nouvelle agence de transport en commun à Cotonou- et la fin pour d’autres. « Comme c’est gratuit, je m’étais réveillé depuis 8h et j’ai déjà fait le tour de Cotonou. A présent je rentre à la maison », a confié tout joyeux, un jeune passager. Du carrefour la vie, un autre arrêt s’observe au carrefour Funaï à Vèdoko, un autre au Carrefour Toyota, un troisième à Casse-Auto, un quatrième non loin du Carrefour Média production puis un cinquième au Stade de l’amitié. « Je ne suis pas encore de service, je commence le Jeudi. Un autre bus viendra vous conduire à vos destinations », a expliqué le chauffeur au grand désenchantement des passagers qu’il fait descendre. avant de poursuivre son chemin. C’est encore le début d’une autre attente. Si certains sont contents d’avoir fait le tour de Cotonou gratuitement, d’autres soulignent déjà des disfonctionnements qui les rendent septiques.
La longue attente et la proximité des arrêts-bus fâchent
Cinq minutes, dix puis vingt. Toujours aucun signe d’un autre bus. Soudain, deux passagers s’isolent du lot en attente. A la grande surprise des uns et des autres, ils se mirent à arrêter désespérément un autre taxi. « Je ne peux pas attendre leur bus. Je dois me rendre quelque part avant 18h. Et d’ailleurs, si c’est comme cela qu’ils vont fonctionner, je préfère prendre le taxi comme d’habitude pour ne pas perdre du temps », s’indigne l’un des passagers isolés. Et au second d’ajouter, « pour quitter le carrefour ‘’ la vie’’ pour le stade de l’amitié, on s’est déjà arrêté au moins cinq fois, cela fait perdre du temps ». Les deux réussirent à trouver un taxi et quittent les lieux. Le reste à qui d’autres curieux, venus nombreux pour faire le tour de Cotonou gratuitement, se sont ajoutés devra s’armer encore d’un peu de patience car ce n’est qu’au bout d’une trentaine de minutes qu’un autre bus se pointera. « Je vais à Cocotomey», annonce un des passagers à l’un des percepteurs à bord du bus. «Nous n’allons pas jusqu’à Cocotomey. Pour cette direction, nous nous arrêtons à Godomey et de l’autre côté, au Carrefour ‘’le Berlier’’», a répondu le percepteur en guise d’explication au reste des passagers. Mais cette explication a laissé perplexe la majorité des passagers qui jugent très limité le domaine d’activité des nouveaux bus ‘’blancs-verts’’. Mais l’autre chose qui va plus fâcher les usagers à l’avenir, c’est le coût. De source officieuse, ceux qui prendront les nouveaux bus dès ce jour devraient débourser 300fcfa pour toute destination. « C’est trop cher », ont jugé certains passagers. Les responsables de Benafrique devront alors convaincre les Cotonois les jours à venir.
Camille A. Sègnigbindé
«Avec les bus, se déplacer devient un jeu d’enfant», selon les autorités
“C’est parti“, “ils sont là les bus de la ville“. Telles sont les inscriptions qu’on pouvait lire sur les hangars situés au carrefour dit “la vie“ et qui sont destinés à abriter les usagers de la route, prêts à être embarqués dans les bus. Il était environ dix-sept heures et une foule de passagers attendait le bus n°1031 en destination du carrefour “le Berlier“ à Akpakpa. La nouvelle perle ne tardera pas à se pointer à l’horizon au bout de quatre petites minutes. Les passagers, pour la plupart, curieux de découvrir la merveille du jour se précipitèrent à l’intérieur. On pouvait y dénombrer trente places assises ; celles du conducteur et du percepteur incluses. Si les premiers à y entrer ont pu s’installer sur les sièges encore inoccupés, grande fut la déception des passagers contraints de voyager debout. Conscients de la gratuité décrétée pour le transport de la journée par l’autorité municipale, les passagers sont tout de même curieux de connaitre le coût du transport pour les jours à venir. Mais ils sont malheureusement restés sur leur soif. Le ‘’Cotonois’’ lambda devra se rendre à l’arrêt-bus le jour prochain dans l’ignorance des frais de déplacement. Ils étaient toutefois mis au parfum des heures de circulation des quatre ou cinq bus devant couvrir le seul tronçon allant de l’échangeur de Godomey au carrefour “le Berlier“ à Akpakpa. «Les bus rouleront sans interruption de six heures à vingt et une heure avec un relais du personnel de service à treize heures», informe le percepteur. Sur ce, Bérenger, passager à bord du 1031 déclare : «il y a une brèche dans l’heure de clôture parce que l’autorité devrait se soucier des gens comme moi qui rentrons du boulot au-delà de vingt-deux heures. Aussi, l’espace couvert favorise-t-il une minorité de citadins».
Signalons à toutes fins utiles qu’aucun bus ne pourra s’arrêter à un point autre que celui marqué par la présence du hangar indiquant l’arrêt. Néanmoins, l’intervalle de temps séparant le passage de deux bus d’un arrêt à un autre et le rapprochement entre les divers points semble être du goût des passagers. Le constat est fait que la succession de deux bus est possible dans un maximum de quinze minutes. Selon le conducteur, les passagers devront prendre toutes les dispositions parce qu’aucun passager descendu d’un bus ne sera admis à y remonter du fait du dispositif de contrôle mis en place pour empêcher la distraction des fonds par les percepteurs. Il s’agit du décompte numérique des passagers ayant emprunté le bus au cours de la journée grâce à un appareil de contrôle placé aux deux pôles à l’intérieur du bus. En dépit du pessimisme de certains passagers qui, dans leurs commentaires restent convaincus qu’il s’agit là d’un projet de plus (voué à l’échec), les autorités municipales quant à eux restent confiants car pour eux «avec les bus, se déplacer devient un jeu d’enfant.»
Honoré Bessangbo