Cotonou : les «sans abris» souffrent le martyre

Beaucoup de béninois sont confrontés actuellement à des difficultés pour se loger. A Cotonou la plus grande ville du Bénin, ce besoin vital n’est pas chose facile et le nombre des «sans abris» ne fait que croître. Constat.

Place de l’étoile rouge, il sonnait environ 23h. La fraîcheur hivernale de ce soir du mardi 21 Août a quelque chose de spécial. Le thermomètre indique environ 20°. Les plus noctambules, à pied ou sur leurs engins s’empressent, chacun pour se caser quelque part. De l’autre côté de l’artère qui débouche directement sur la grande voie du marché Saint Michel, le constat est tout autre et peu ordinaire. Une dizaine de jeunes gens couchés pèle mêle, se servent des feuilles de tôle, de papiers d’emballage de ciment et même des sachets de 100 Fcfa pour se couvrir. C’est ainsi que les ‘’sans domicile fixe’’ ou ‘’sans abris’’ puisque c’est d’eux qu’il s’agit doivent supporter ce fardeau toutes les nuits. Plus loin aux quartiers Zongo et Xwlacomey, le constat est identique. Allongé sur sa ‘’précieuse’’ feuille de tôle qui lui sert de natte et se servant d’un papier ciment pour se couvrir, Doudou, 18 ans rencontré à quelques encablures de la mosquée centrale de Zongo, déclare «je suis sans abris depuis que ma mère est décédée et je ne connais pas mon père. Renvoyé de la maison par mon tuteur, j’ai dû prendre la rue. Depuis lors je dors tous les soirs ici, et cela fait bientôt deux ans». N’ayant aucun soutien, il est obligé de quémander pour subvenir à ses besoins nutritionnels.

Devenue ramasseuse d’ordures sans aucune règle d’hygiène Firmine âgée de 20ans et couchée à même le sol, témoigne : «je viens ici pour ramasser des ordures contre 100 Fcfa par jour. C’est avec ça que je mange et après, je me couche là où la nuit me surprend. J’ai quitté mes parents qui voulaient me soumettre à un mariage forcé dans un village de Dassa.»

Un peu plus loin à Xwlacomey, Fifamin âgée de 15ans accroupie à côté d’une vendeuse d’Akassa et de riz attend que les clients finissent de manger pour prendre les restes dans un sachet et calmer sa faim avant de se réfugier dans une ‘’carcasse’’ de véhicule. «C’est là que je dors», déclare t-elle, montrant du doigt son petit cachot. «je ne sais plus comment faire pour quitter la rue vu que je n’ai aucun soutien. Mes parents m’ont abandonnée lorsque j’étais encore toute petite. J’avais une tutrice que j’ai fuie parce qu’elle me maltraitait constamment». Des fois, maman «Mafi» (la vendeuse) me donne quelques pièces d’argent lorsque je lui fais la vaisselle.

Les conséquences sur la santé

Une infirmière qui travaille au Cnhu parle des conséquences de cette vie de nomade. Avertie des questions liées à l’hygiène et aux infections de sang, elle en appelle à la prudence de ces ‘’habitants de rue’’. «Tous ces sans abris s’exposent à de graves maladies à savoir, l’anémie, les infections pulmonaires, le cancer de peau et le paludisme. Sans oublier l’alcool et le tabac qu’ils consomment pour se doper le moral». Elle en appelle à la générosité de toutes les bonnes volontés qui voudraient bien jeter un regard aimable sur ces délaissés.

Tous ces sans abris rencontrés ont affiché leurs déterminations de quitter cette vie qui ne leur profite guère car ils sont marginalisés et écartés de la société.

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