Le professeur Albert Tévoédjrè, médiateur de la république, homme politique chevronné, grand agitateur d’idées ne cesse de répéter, tel son leitmotiv, que pour réaliser de grandes choses, ‘‘il ne faut pas être au dessus des hommes, il faut être parmi eux’’.
Il y a bien longtemps, le Chef de l’Etat semble donner l’impression d’être au dessus de son peuple. Son élection comme président en exercice de l’Union Africaine a agrandi le fossé entre lui et son peuple. Obnubilé désormais par un élan panafricaniste et une folle envie de parader partout le numéro un de l’Afrique, Yayi a semblé oublier les « siens ». Pas ceux du Bénin profond mais le Béninois lambda, qui vit du peu et qui du nord au sud a vu en lui en 2006 l’homme qui pouvait sauver le pays. Le Chef de l’Etat a volé si longtemps et si haut qu’il voit tout de haut. Le pays ne souffrirait donc d’aucune crise. Dans son interview du 1er Août, le Chef de l’Etat rassure que le Fmi a donné un satisfecit à notre économie et qu’il est en mesure de payer les salaires des travailleurs pendant des mois même si les douaniers cessaient de travailler. En dehors de la crise économique mondiale qui secoue tous les pays, l’économie nationale se porte bien selon le Chef de l’Etat. Les Béninois aussi ne se sentent pas si malheureux que ça, selon le premier des béninois. Et si c’était le cas, c’est la faute à eux même puisqu’ils ne sont pas souvent « vertueux » et se comportent mal.
On a vu le Chef de l’Etat ignorer ou minimiser la crise, fermant du coup les yeux sur le dénouement dans lequel vivent bon nombre de béninois contraints à vivre de peu, à dormir à jeun et à combattre la pauvreté comme une maladie pernicieuse. Cette lecture faite par le Chef de l’Etat de la situation économique actuelle montre simplement qu’il est déconnecté de son peuple ou qu’il n’a pas les vraies informations.
C’est donc pourquoi je voudrais lui proposer de faire un exercice banal à défaut d’aller à la rencontre des Béninois. Il suffit pour lui de prendre son portable un jour et d’appeler des numéros de Béninois au hasard. A ceux-là, il pourra leur demander comment ils se portent ? Comment leurs activités marchent et s’ils se portent mieux maintenant ? Il pourra aussi leur demander si tout va bien dans le pays. Les réponses que les béninois ainsi appelés au hasard, dans leurs diversités et leur anonymat donneront lui permettront de savoir si ce sont ceux qui crient tous les jours que rien ne va qui sont en train de mentir. Cet exercice lui permettra de prendre le pouls de sa population, d’avoir d’autres informations que celles des fiches et des voyages de terrain goupillés à l’avance. Il lui permettra de se passer de conseillers et de collaborateurs qui le gavent de balivernes et l’empêchent de savoir la vérité. Cet exercice lui permettra de savoir que la vraie préoccupation des peuples n’est guère les querelles de personne et les règlements de compte mais la résolution des problèmes de faim, de misère et de chômage accru. Cet exercice lui permettra de s’affranchir de ces balivernes sur une hypothétique insurrection. Vivement l’exercice!