La visite du Pape Benoît XVI en terre africaine du Bénin en novembre dernier peut être comptée parmi ses voyages les plus chaleureux.
Oui! la chaleur de l’hospitalité africaine, la ferveur religieuse de l’Eglise en Afrique, l’attachement enthousiaste au Successeur de Pierre ont exceptionnellement marqué la visite pastorale de Benoît XVI au Bénin. Le grand document, les actes du deuxième synode des évêques sur l’Afrique, l’exhortation apostolique post-synodale Africae munus dont la basilique de Ouidah a eu l’honneur historique d’abriter la signature de la main du Saint Père et qui fut rendu public et remis à tout le continent africain en l’occurrence à travers ses évêques à la Messe de clôture au stade de l’amitié de Cotonou le 20 novembre 2011, ce grand document est à compter aussi parmi les textes de Benoît XVI les plus accueillis pour ne pas dire le mieux accueilli avec enthousiasme et avec une attention spéciale.
En effet depuis le mois de novembre jusqu’au terme de cette année pastorale Africae munus demeure un document de référence qui aura inspiré des thèmes d’année pastorale, de session, de récollection, de journée d’amitié à divers niveaux de la vie ecclésiale en Afrique. Il suffit d’être un auditeur assidu de Radio Vatican Rendez-vous avec l’Afrique pour percevoir l’intérêt général voire l’engouement qu’a suscité Africae munus. Des célébrations de réception de cette exhortation furent même organisées dans plusieurs diocèses.
L’attachement à la double tradition de l’Eglise
Mais après avoir lu Africae munus, je me suis rendu compte que l’Eglise reste fidèle,
attachée aux Saintes Ecritures et à la Tradition vivante du Magistère. En effet dans Africae munus Benoît XVI cite ou renvoie constamment à la Parole divine et à des documents qu’on croirait dépassés, classés tels que Ecclesia in Africa, Verbum Donimi, Sacramentum caritatis que nous mentionnons, entre autres, sans rentrer dans les détails et sans oublier le Concile Vatican II. Qu’il nous suffise de nous référer aux notes d’Africae munus pour en savoir plus. Ainsi j’ai compris qu’à travers Africae munus le Saint Père nous relance dans les défis de l’évangélisation précisément de la nouvelle évangélisation dont les fruits précieux pour l’Afrique dans le monde de ce temps sont la réconciliation, la justice, la paix, termes récurrents du reste dans la Bible, et lieux d’engagement constant de l’Eglise catholique. Africae munus ne vient donc pas occulter encore moins se substituer aux Saintes Ecritures ni faire oublier l’inépuisable richesse du Magistère de l’Eglise. Ne risquons non plus d’en rester à l’engouement ni à l’euphorie de la réception d’Africae munus. N’en tournons pas vite les pages non plus même si de prochaines échéances de la vie de l’Eglise risquent de nous faire tourner la page de Africae munus. Car dans quelques mois, ce sera l’année de la foi et un nouveau synode pour marquer le cinquantième anniversaire de l’ouverture du grand concile œcuménique Vatican II. Ce synode qui se tiendra à Rome en octobre prochain sera consacré à la nouvelle évangélisation.
L’engagement personnel efficient
Benoît XVI peut être fier de l’engouement de la réception de Africae munus, ce qui honore aussi l’Eglise catholique en Afrique « un des poumons spirituels de l’humanité» (A M, 176).
Mais le Saint Père serait très heureux, et les Pères synodaux avec lui, de nous savoir résolument et vraiment engagés d’un engagement personnel efficient au service de la réconciliation, de la justice et de la paix dans nos milieux de vie, dans l’exercice de nos responsabilités, dans l’accomplissement de nos charges, dans le déploiement de nos états de vie. Pour ce faire il ne s’agira pas de rêver au loin, il ne suffira pas de porter son regard sur la sphère politique et économique des Etats africains. Il est aussi urgent qu’au sein de l’Eglise catholique nous soyons des artisans et des ministres de la réconciliation, de la justice et de la paix dans nos relations interpersonnelles, par rapport aux institutions et structures ecclésiales, dans l’exercice de notre autorité ecclésiastique, dans la gestion des personnes, de nos subalternes pour ainsi parler. Ne pourrait-on pas dire que c’est par le témoignage de notre sens et de notre souci de la réconciliation, de la justice et de la paix les uns envers les autres dans le diocèse, sur la paroisse, dans les communautés religieuses, dans les chorales, mouvements et associations que nous servirons aussi la cause sociale, politique et économique de la réconciliation, de la justice et de la paix?
En référence au chapitre 1 de la deuxième partie du document dans lequel Benoît XVI cite les membres de l’Eglise, gardons-nous de nous préoccuper de ce que le pape dit à l’autre, de ce que l’autre doit être et faire en restant des taupes sur ce qu’il nous rappelle et nous invite à être, à faire pour relever ces grands défis et priorités de la nouvelle évangélisation dans et par l’Eglise catholique en ce troisième millénaire de l’ère chrétienne. Membres de l’Eglise catholique, évêques, prêtres, missionnaires, diacres permanents, personnes consacrées, séminaristes, catéchistes et laïcs, laissons-nous interpeler par la confiance et l’appel à collaborer à la justice du Royaume de Benoît XVI: « Chers fils et filles de l’Eglise, et vous en particulier chers fidèles d’Afrique, l’amour de Dieu vous a comblés de toutes sortes de bénédictions et il vous a rendus capables d’agir comme sel de la terre» (A M , 99) Mais c’est dès l’introduction que le Pape invite à bien mettre le cap, chacun à son niveau pour le bien de tous, sur l’enjeu et la portée de l’exhortation apostolique post-synodale Africae munus. Pour paradoxal que cela puisse paraître, nous citons le premier paragraphe de cette introduction en guise de conclusion de cette réflexion: «L’engagement de l’Afrique pour le Seigneur Jésus-Christ est un trésor précieux que je confie, en ce début de troisième millénaire, aux évêques, aux prêtres, aux diacres permanents, aux personnes consacrées et aux laïcs de ce cher continent et des Îles voisines. Cette mission porte l’Afrique à approfondir la vocation chrétienne. Elle l’invite à vivre, au nom de Jésus, la réconciliation entre les personnes et les communautés, et à promouvoir pour tous la paix et la justice dans la vérité. » (A M, 1).
Père André Kpadonou
Curé de Naogon