Le retour du gaz domestique tant annoncé dans les points de recharge n’est que partiel. Les deux sociétés de distribution sont encore incapables de satisfaire la demande des consommateurs qui souffrent le martyre.
A l’ombre d’une bâche dans un point de recharge à quelques encablures des feux tricolores du carrefour Bidossèssi, plusieurs personnes de tous âges sont assises, l’air impatient. Juste à côté, des dizaines de bouteilles sont alignées, les unes à la suite des autres. A en croire, Régis un jeune homme, cela dure des heures. Et, «c’est justement pour le temps en attendant l’arrivée d’un véhicule annoncé qui apporterait du gaz domestique, qu’elles s’adonnent à de petites causeries». Il est environ 16 heures, ce jeudi 9 août, trois jours après l’annonce du retour du gaz domestique manquant depuis plus de trois semaines et laissant les consommateurs dans «une galère sans précédent». «Je suis dans les rangs depuis 7 heures 30 minutes, il est maintenant 16 heures, mais je n’ai toujours pas le gaz, pourtant nous a-t-on dit, le gaz est disponible, mais rien», renseigne un consommateur, la cinquante. Il précise que dans le rang d’une trentaine de mètres, seuls 50 usagers des petites bouteilles et une vingtaine de grandes, ont pu faire recharger leur contenant. Cette situation n’est pas du goût de Blaise, très mécontent qui affirme : «depuis quelques mois, il est difficile de vivre au Bénin. Il n’y a pas de travail et aujourd’hui, il y a pénurie de gaz». Selon ses propos, il faut prendre plusieurs dispositions avant de se mettre dans les rangs pour se procurer du gaz domestique. «Il faut conserver sa pâte de maïs dans une glaciaire et en plus se réveiller très tôt avant de songer faire la queue pour l’achat du gaz», ironise-t-il pour montrer la difficulté qu’ont les populations pour troquer leurs bouteilles de gaz domestique vides contre d’autres pleines.
Au point de recharge du Stade de l’Amitié, la situation est un peu plus compliquée. La file des consommateurs en manque du gaz est très longue. Pourtant, «il y a rupture de stock des grandes bouteilles de gaz». La dizaine de bouteilles encore présente est destinée à la vente, selon un agent de la société distributrice. Les consommateurs qui ne peuvent acheter et qui sont là pour la recharge doivent revenir.
Les accointances et le clientélisme en jeu
Dans cette crise du gaz domestique, toute relation avec les agents de la société de distribution est importante. Des coups de fil et des listes sont émises en guise de consignation de bouteilles, pour se garantir le «produit rare». Pour éviter tout débordement que la pénurie du gaz pourrait engendrer du fait du faible taux de l’offre par rapport à la demande, des éléments du commandant Dine Imorou de la Police veillent au grain. Mais qu’est ce qui pourrait expliquer les ruptures de gaz ça et là et la non-disponibilité dans tous les points du gaz domestique ? «Pendant la période de la pénurie, plusieurs personnes se sont retrouvées avec des bouteilles vides créant du coup, une forte demande», justifie un responsable, rassurant que « d’ici quelques jours tout rentrera dans l’ordre.».