Yayi persiste dans la logique de la division et de l’affrontement

En visite ce week-end dans des zones de production de coton dans le nord du pays, le président de la république a tenu de propos qui semblent donner raison à ceux qui l’ont accusé après son entretien du 1er aout dernier de vouloir monter les Béninois les uns contre les autres.

Pendant qu’Azannaï, député membre de sa famille politique (Fcbe) le crucifiait ici à Cotonou sur le plateau de l’émission dominicale zone Franche de la chaine privée de télévision Canal 3 Bénin, Boni Yayi reprenait dans les champs de coton où il se trouvait dans le nord du pays, les propos qui ont suscité le courroux et l’indignation de l’honorable. En effet, dans un reportage de sa tournée dans les champs de Coton diffusé sur les écrans de la télévision nationale, le chef de l’Etat, a tenu face aux paysans des propos qui viennent confirmer certaines de ces déclarations faites au cours de son historique entretien du 1er aout 2012. « Ils n’ont qu’à venir m’apprendre à gérer un pays », « tout le temps les grèves », « un seul individu, on paie les syndicats, les partis politiques, les communistes pour constituer un Front uni, quel Front uni ? », « ils ont créé un Front uni, ils n’ont qu’a me laisser travailler. Il me reste trois ans je vais partir », « lorsqu’ils vont commencer, vous aller venir vous tous à Cotonou pour leur demander ce qu’ils veulent », a entre autre déclaré avec le même ton colérique que le 1er août, la même mise en garde, le chef de l’Etat. Ses déclarations rappellent celles qu’il a tenues le 1er aout. Ce jour de la célébration du 52ème anniversaire de la fête de l’indépendance du Bénin, au cours d’un entretien fortement médiatisé, le président Boni Yayi s’était prononcé sur la création d’un Front uni contre la « mauvaise gestion du pouvoir », regroupant parti politique de l’opposition, syndicats, acteurs de la société civile. Le chef de l’Etat avait menacé de sortir les «miens du Bénin profond» pour que «les deux camps s’affrontent et on va voir».

Paradoxe

Ses propos, sa mise en garde à l’égard de l’opposition, des opérateurs économiques en crise avec le gouvernement et la tonalité (tout l’entretien), avait suscité un tollé général dans l’opinion. Certains pour s’indigner et dénoncer les propos du 1er des Béninois « qui n’a pas, selon eux, tenu un discours d’un chef d’Etat qui veut consolider la paix et réunir ses concitoyens autour du développement de leur pays». Les autres, sa famille politique, pour le soutenir et justifier son état d’âme au moment où il faisait ses déclarations. Certains observateurs réclamaient de la part du président Boni Yayi des actes sincères et un discours d’apaisement pour calmer les ardeurs après ce «à cœur ouvert» du 1er août. Voilà que le président Boni Yayi tient des propos de la même nature. Et deux hypothèses sont à émettre. Primo, le chef de l’Etat voudrait dire à demi-mot que les « miens » dont il parlait le 1er août sont les Béninois du nord comme l’on déduit plusieurs observateurs. Secundo, il voudrait afficher sa volonté à en découdre avec le Front Uni, qui officiellement créé ce vendredi se veut un creuset de pression sur le régime en vue d’un changement du style de gouvernance qu’ils (les membres du Front) trouvent «mauvais». Même si Yayi avait raison de douter de la sincérité du Front, c’est dommage que ses propos viennent de lui. Paradoxe ! La veille, celui qui se fait passer pour un chantre de la paix et de l’unité nationale et la cohésion sociale, a lui-même qualifié le mariage entre la ministre de la micro finance (ressortissante du nord) et son époux (ressortissant du sud) d’un symbole de l’unité national. Sans vouloir porter atteinte à l’autorité du chef de l’Etat, il faut pouvoir affirmer que c’est dommage. Le Bénin n’en a pas besoin et le contexte ne s’y prête aucunement.

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