Garages et infirmeries de la République

Qu’y a-t-il de commun entre un garage et une infirmerie ? L’un et l’autre espaces, pourrait-on dire, sont aménagés pour remettre sur pieds ou sur roues  soit des personnes malades, soit des véhicules en panne. S’il en est ainsi, force est de reconnaître que les garages et les infirmeries de la République s’encombrent, jour après jour, d’institutions en panne, d’êtres et de choses détraqués ou hors service.

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 Visite guidée en ces lieux de repos forcé ou de répit par la force des choses.

Voici la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB). Il y a un bail que le Bénin fonctionne sans cette importante institution. Son séjour au garage se prolonge de manière inquiétante. Tous les mécanos appelés à la rescousse, ont dû jeter l’éponge. Le mécano en chef vient de rendre son tablier. Ses forces l’ont trahi après des prolongations à répétition au chevet du malade. A l’impossible, selon l’antique sagesse, nul n’est tenu.

Le Programme de vérification des importations, nouvelle génération (PVI-Ng) est arrivé en fanfare. Il est appelé à mettre bon ordre à la pagaille qui gangrène le secteur portuaire et plus généralement celui de l’import/ export dans notre pays. Présenté comme l’une des réformes-phares du gouvernement, le PVI-NG a mission, à la fois, de moderniser nos outils de contrôle et de remplir les caisses de l’Etat à ras bord. Mais ce beau rêve a tôt fait de viré en un cauchemar. A peine l’oiseau rare s’est-il élevé dans les airs qu’il a été abattu. Aux dernières nouvelles, les soigneurs qui s’affairent autour du cadavre annoncent une toute prochaine résurrection. En somme, l’avènement du phénix béninois. Du nom de cet animal fabuleux de la mythologie, oiseau unique de son espèce qui, brulé, renaissait de ses cendres.

La Fédération béninoise de Football ne respire pas non plus la santé. Elle vivote, prise en sandwich entre deux instances qui ne semblent ni parler le même langage ni regarder dans la même direction. D’une part, la Justice béninoise armée d’une décision qui fait loi. D’autre part, la Fifa armée d’un fouet, dans le rôle du Père Fouettard, et qui tente d’imposer sa loi.

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La Fédération béninoise de Football, dans une telle conjoncture et dans une telle posture, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Le mal qui mine et qui ronge cette haute instance de notre sport-roi étant profond, un remède de cheval se révèlera nécessaire pour enrayer la descente aux enfers du patient. Il va donc falloir frapper fort comme dans un ballon de football pour espérer marquer le seul et unique but de cette partie d’un genre spécial : sauver de la mort la Fédération béninoise de Football, et par ricochet, le football béninois.

Peut-on évoquer le mal qui frappe la Fédération béninoise de football et faire l’impasse sur l’état de santé des Ecureuils, notre Onze national ? Que nenni ! L’une va avec l’autre comme la nuée chemine avec la pluie. Les Goun de Porto-Novo, dans une formule à la fois succulence et inimitable, campent bien cette solidarité dans le malheur de deux éléments interdépendants : Nyé ba agba, ena ba kêkê. La roue en panne a scellé le destin de la bicyclette elle-même.

Les Ecureuils, notre Onze national, sont dans la même clinique que la Fédération béninoise de Football. C’est insulter la nature que de croire ou de faire croire qu’un homme qu’on a décapité peut encore faire usage de ses membres supérieurs et ceci, à bon escient. Car, c’est à la tête que notre football a mal. Il n’y a donc pas à se creuser la tête trop longtemps : résoudre l’équation de la Fédération béninoise de football, c’est lever l’inconnue qui plane jusqu’ici sur les Ecureuils, le Onze national.

Bouclons ce bref tour  de nos garages et de nos infirmeries en invoquant le sort d’un bien curieux malade. Il n’a jamais cessé d’être malade. Il donne même le sentiment de se  complaire dans sa maladie. Nous voulons parler du bâtiment en construction à Porto-Novo et qui est destiné à abriter le Parlement béninois, l’Assemblée nationale de la République du Bénin. Le temps semble s’être arrêté sur ce chantier. Nous savons, d’expérience, qu’il y a des ouvrages qu’on ne termine jamais. Parce qu’on a choisi de construire ces ouvrages à l’échelle du temps de Dieu, à l’échelle de l’éternité. Seulement voilà, nos honorables députés sont de pauvres mortels, leur mandat est limité dans le temps. Alors, gardons-nous de mélanger les torchons avec les serviettes. A Dieu, l’éternité. A nos honorables députés, le temps des hommes.

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