Séminaires, ateliers, rencontres et visites d’infrastructures se multiplient depuis que le débat sur la correction de la Lépi a refait surface. Seulement le démarrage effectif de la correction prend du temps. Et on avance vers les prochaines élections municipales.
La Liste électorale permanente informatisée (Lépi) sera-t-elle réellement corrigée avant les élections municipales et locales de 2013? Il serait prétentieux de répondre par l’affirmative à cette question. Mais cette éventualité est de plus en plus redoutée au regard de l’évolution du processus dit de correction du fichier électoral depuis que le débat à cet effet a refait surface. Ateliers et séminaires par ci, rencontres d’échanges et visites de sites par là, c’est ce à quoi on assiste depuis le début du processus de correction. Ainsi les initiatives des acteurs de la classe politique et de la société civile se multiplient sans que la correction proprement dite du fichier électoral n’ait démarré. Utilisée pour l’organisation des élections présidentielle et législatives de mars/avril 2011, la Lépi a été instituée pour mettre fin à la fraude électorale et améliorer le système électoral béninois. Seulement toute la classe politique est unanime à penser que le fichier comporte des imperfections. Il doit être corrigé en vue des élections municipales et locales de l’an prochain. Mais tout semble piétiner alors que l’échéance approche à grands pas. Que d’actes « théoriques » de la part des nationaux depuis le séjour au Bénin des experts de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) pour évaluer la Lépi. Le rapport de cette mission a été d’ailleurs présenté aux acteurs impliqués voilà déjà cinq mois. Le prd a organisé son séminaire sur la question, la majorité présidentielle aussi. Des acteurs de la société civile en ont fait autant. Mais le Groupe de travail parlementaire mis sur pied pour collecter toutes les propositions et donner un coup d’accélérateur au processus de correction n’a pas encore déposé son rapport. Même si après son installation, il a rencontré les acteurs des principales tendances politiques et ceux de la société civile, visité le centre de traitement des données et celui d’impression de la carte Lépi, à l’Onip (Office national d’imprimerie et de presse). Et des observateurs sont déjà sceptiques sur son efficacité. Ce qui interpelle davantage, c’est que d’un acteur à un autre, les positions sont d’ailleurs partagées sur l’usage ou non de la Lépi pour les prochaines municipales. Pour le premier camp (une partie de l’opposition et la société civile), il faut aller aux prochaines élections municipales et locales avec une liste ad’ hoc. Quitte à se donner le temps pour corriger de fond en comble la Lépi. Pour l’autre camp (la mouvance présidentielle), il n’est pas question d’investir encore des milliards dans la constitution d’une autre liste. Il faut y aller avec la Lépi «actualisée». C’est encore ici l’autre pan de la question. La mouvance parle d’ «actualisation » tandis que l’opposition parle de «correction». Et c’est la saga des débats idéologiques, conceptuels et de choix. Les acteurs clés du système semblent tournoyer alors que le temps presse. Et il faut passer à la vitesse supérieure.
Démentir le «pipeau»
L’article 32 de la loi 2009-10 du 13 mai 2009 sur le Mirena/Lépi dispose que « nonobstant les dispositions de la loi n° 99-014 du 12 avril 2000 portant création, organisation et fonctionnement du Conseil national de la statistique, notamment en son article 25, les informations relatives aux nom, prénoms, âge, filiation, profession, localisation des personnes recensées sont publiées dans le cadre de la Liste Electorale permanente informatisée. La liste électorale permanente informatisée est publiée au journal officiel de la République du Bénin et par tous les moyens d’information : affichage, presse écrite. Il en est de même de la liste des bureaux de vote. La liste électorale permanente informatisée est de même publiée sur internet ». Selon les observateurs, pour lever toute équivoque sur l’existence ou non du fichier électoral, le processus de sa correction devra commencer par l’application des dispositions de cet article. Du concret. Ce qui pourrait mettre fin aux suspicions et faciliter le passage aux autres étapes du processus. Qui sont entres autres, la définition d’un nouveau cadre légal, la collecte de toutes les insuffisances, l’accord des acteurs politiques et de la société civile sur ce qui il y a à faire (actualisation ou correction), la mise sur pied de l’organe de supervision du processus. Comme pour dire à moins de quatre mois de 2013, l’heure ne devrait plus être aux discours et débats idéologiques et conceptuels. Il faut passer à du concret pour démentir Candide Azannaï, député membre de la mouvance présidentielle. Qui a affirmé le dimanche 26 août dernier sur l’émission Zone Franche (Canal 3 Bénin) que « la Lépi est du pipeau».