Me Lionel Agbo reçoit quatre citations directes du Palais de la Présidence

Après la procédure manquée du vendredi dernier, le président Yayi et son cabinet civil auraient adressé hier plusieurs plaintes (4 citations directes) contre Me Lionel Agbo. Elles sont toutes  relatives à ses déclarations sur la « grande corruption » au Palais.

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Poursuites

L’information vient des sources proches-généralement bien informées- de Me Lionel Agbo. Pour ses propos évoquant « la grande corruption au Palais de la présidence de la république »,  cet avocat au barreau de Cotonou, ancien conseiller du chef de l’Etat et ancien porte-parole de la présidence de la république, a reçu dans l’après midi d’hier quatre citations directes, apprend-on. « Des quatre citations directes, une provient du chef de l’Etat qui l’accuse d’offense à sa personne. Les auteurs des trois autres sont respectivement la directrice de cabinet du président de la république, Véronique Brun Hachemé, le Secrétaire général du gouvernement, Eugène Dossoumon et le tout nouveau secrétaire général de la présidence, Emmanuel Tiando. Ces derniers portent plainte contre Me Agbo pour diffamation», détaillent ses sources. Qui précisent que la comparution de Me Agbo est pour le 03 octobre prochain au tribunal de première instance de Cotonou. Là il devra se défendre devant un collège de juges.  Cet avocat a à ses trousses le chef de l’Etat et son cabinet pour ses propos sur la corruption au sommet de l’Etat.

Cause

Mardi 18 septembre 2012. Me Lionel Agbo, ancien conseiller spécial du chef de l’Etat et ancien porte-parole de la présidence de la République anime une conférence de presse au Codiam, à Cotonou pour se prononcer sur l’actualité nationale. Principaux sujets abordés, la révision de la Constitution, la supposée menace de déstabilisation de la république agitée par un communiqué du ministère de l’Intérieur en août dernier, l’affaire de corruption dans le projet de construction d’un port sec à Tori. Sur toutes ses questions, cet ancien proche collaborateur du chef de l’Etat a été critique vis-à-vis du régime. Mais ce sont ses propos sur l’affaire port sec de Tori qui lui ont attiré les ennuis du cabinet civil présidentiel. En effet, Me Agbo a affirmé que, l’affaire de corruption dans le projet de construction du port sec de Tori est la preuve de la « grande corruption» qui gangrène l’entourage du chef de l’Etat. S’il trouve courageux les limogeages, il pense quand même que les cadres sanctionnés sont jetés en pâture. «Je ne suis pas surpris. Qu’on vienne jeter en pâture quelques cadres qui ont pris de l’argent pour signer un dossier, c’est malhonnête. » Il y a des gens au Palais de la Marina que « je connais qui font énormément fortune. Ils font énormément fortune. Ils sont aujourd’hui milliardaires. Et je dis très humblement au chef de l’Etat qu’il  sait que je sais et qu’il sait ce que je sais.»

Faux pas

Déjà le vendredi dernier, le Palais avait engagé une première action contre Me Agbo. L’ancien porte-parole de la présidence de la république a été convoqué au commissariat central de Cotonou pour fournir des explications sur les déclarations. Il a été gardé à vue à ce commissariat toute la journée du vendredi. Arrivé quelques minutes avant 8 heures du matin, heures de Cotonou, c’est à 19 heures 34 qu’il a été libéré pour vice de procédure. (Voir Nouvelle Tribune n°2442 du 24 septembre 2012). Selon les spécialistes du droit, Me Agbo est accusé d’un délit de presse. Et la procédure indiquée est celle de la citation directe. Pour Me Sambaou, dans le cas échéant, Me Agbo est le présumé complice de ceux qui ont diffusé ses propos (télévision, radio, journaux) qui devraient être les principaux mis en cause. Des sources concordantes informent qu’à la veille de sa garde à vue, Me Agbo avait reçu un courrier du ministre de l’Intérieur. Le ministre Benoit Dègla lui aurait demandé de fournir la liste  des milliardaires dont il a parlé et toutes informations susceptibles de permettre leur identification. Autrement dit, ses propos seraient assimilables à une offense à l’endroit du président de la république. Ces mêmes sources révèlent que le 24 décembre, avant même que Me Agbo, ne reçoive les citations directes, il a reçu un courrier de l’avocat Paul Kato Atita.  Me Atita aurait informé son confrère du fait qu’il est à la tête d’un collectif d’avocat constitué par le président et son entourage pour suivre leur plainte. Avec ces citations directes, les plaignants de Me Agbo suivent désormais la procédure indiquée, font remarquer des observateurs. Qui voient en ce procès un véritable feuilleton politico-judiciaire.

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