Qu’est-ce qui fait la force d’un chef d’Etat? Ceci en termes d’outils pouvant l’aider à asseoir son pouvoir, à développer un leadership visionnaire, à se créditer d’une gouvernance exemplaire. Abondance de biens ne nuit pas. Sous ce rapport, tous les outils sont bons à prendre pour de si nobles objectifs.
On doit se faire une raison. Les outils en question sont si nombreux qu’on n’aura jamais fini d’en égrener le chapelet. Alors, pour faire court et bien, limitons-nous aux trois outils venant en tête de tous les autres. Un chef d’Etat a besoin, d’une part, des fiches techniques de ses conseillers ; d’autre part, des informations de première main puisées aux meilleures sources et recoupées par des services spécialisés ; enfin, des sondages qui aident, par des méthodes éprouvées, à prendre la mesure de l’opinion.
Les fiches techniques justifient la présence auprès et aux côtés du Chef d’un bataillon de conseillers. Le Chef a besoin d’être informé de tout, d’être informé sur tout. Sa position centrale le situe et le place à un point éminemment névralgique de l’action gouvernementale. Il a le dernier mot dans les arbitrages. Il a la décision finale qui, dans bien des cas, fait loi. C’est la qualité des informations que lui fournissent ses conseillers, dans leurs domaines respectifs de compétence, qui arme le Chef de la capacité nécessaire pour proposer des réponses aux problèmes de l’Etat et de la nation.
La compétence des conseillers, la qualité des informations qu’ils fournissent au Chef et l’usage que ce dernier en fait, voilà la combinatoire gagnante. Il suffit que l’un de ces éléments défaille pour que toute la chaîne de la gouvernance se casse. Comme on le voit, les fiches des conseillers du Chef ouvrent à celui-ci, en les balisant, les chemins techniques de son action politique.
Les informations spécialisées proviennent des services spéciaux dont les actions sont frappées souvent du sceau du secret. Les informations techniques, pour utiles qu’elles soient, peuvent ne pas suffire ou méritent d’être complétées. Il est impérieux que le Chef dispose d’informations spécialisées. Celles-là qu’on ne peut mettre en toutes les mains, mais qui, dans celles du Chef, deviennent une source de lumière particulière, apportant un éclairage particulier.
Pour prendre un exemple, les fiches techniques des conseillers du Chef de l’Etat l’aideront à cerner, dans tous leurs contours, les résultats du baccalauréat, cuvée 2012, sur toute l’étendue du territoire national. Ces fiches techniques passeront au peigne fin les problèmes touchant aux programmes, à la pédagogie, à l’environnement scolaire, au niveau des maîtres, aux conditions générales de travail des apprenants… etc.
Les informations spécialisées, par contre, révèleront, par exemple, l’existence d’un réseau de prostitution, via internet, dans nos lycées et collèges. Un réseau bien structuré qui impliquerait des personnalités au plus haut niveau de l’appareil d’Etat et dont l’action souterraine ne serait pas sans incidences sur les résultats du baccalauréat. Deux types d’informations qui se complètent l’une et l’autre sur le même sujet. A l’image de deux faisceaux de lumière qui, en se rapprochant, illuminent mieux une pièce, en élèvent le niveau d’éclairage.
Les sondages d’opinion, enfin. Il s’agit d’enquêtes systématiques visant à déterminer la répartition des opinions sur une question, dans une population donnée. Ceci sur la foi des réponses individuelles recueillies et qui manifestent ces opinions. Les sondages d’opinion se sont imposés partout dans le monde. Ce sont de précieux auxiliaires aux mains des animateurs de la vie publique. On ne lance plus une action ni n’initie plus une politique sans qu’un sondage d’opinion n’ait permis de se fixer sur les réactions des populations concernées.
Les sondages d’opinion n’ont pas encore droit de cité chez nous. Il faut encore que soit constitué l’environnement socioculturel et financier qui les imposera comme les fruits d’une modernité consciemment affirmée et naturellement accomplie. Si cela avait été le cas, un sondage d’opinion nous aurait déjà fixés sur la cote de popularité du Chef de l’Etat au lendemain de son interview du 1er août 2012, en vue d’actions correctives si nécessaire. A moins que nous ayons une disposition au secret qui nous fait craindre qu’on en sache trop de nous et sur nous. « Celui qui sait ce que tu as mangé, dit un proverbe peul, connaît la manière dont tu t’es rassasié ».