Patron de Medtech, une PME montpelliéraine d’assistance robotique à la chirurgie, Bertin Nahum a eu récemment la surprise d’être classé quatrième entrepreneur le plus révolutionnaire au monde derrière les Américains Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron. « J’avais été contacté il y a quelques mois » par le magazine scientifique canadien Discovery Series, « mais j’ai découvert ce classement il y a une dizaine de jours« , raconte ce chef d’entreprise de 42 ans qui n’en revient toujours pas.
« Je pense que j’ai été découvert grâce à un chirurgien de Montréal qui a témoigné de l’utilité de notre robot dans l’opération au cerveau d’une de ses patientes », poursuit-il, estimant que ce magazine « veut mettre en lumière des inventions qui lui paraissent extraordinaires ». Dans le classement, il devance par exemple le Chinois Robin Li (7e), fondateur du moteur de recherches Baidu, ou encore Paul Hawkins (9e), l’inventeur du Hawk-Eye, un calculateur de trajectoire de balles de tennis, cricket et autres sports.
Au-delà du fait de côtoyer dans ce palmarès des célébrités, qui peut paraître un peu anecdotique, c’est « Rosa », son invention, qui est saluée. Il s’agit d’un robot dernière génération destiné à assister les neurochirurgiens et dont la présence s’est révélée utile depuis 2009 dans plus de 600 procédures d’opérations, dont une récemment sur un nouveau-né de quatre mois. « Attention, chacun reste à sa place ! Notre robot a simplement offert au chirurgien parisien qui a opéré une approche qu’il n’aurait pas pu avoir sans lui », assure Bertin Nahum, qui a commercialisé Rosa (300 000 euros l’unité) pour l’instant dans une quinzaine d’hôpitaux à travers le monde, notamment à Cleveland (États-Unis), Pékin, Rome, Strasbourg. Il a en outre fait l’objet d’une douzaine de publications scientifiques.
« La chirurgie de la colonne vertébrale »
La particularité de ce robot, ce sont son bras et son toucher (ou « capacités haptiques »), souligne le PDG. « Notre volonté est de rendre la tâche du chirurgien plus fiable, de réduire l’aléa chirurgical alors que la chirurgie reste une spécialité médicale toujours un peu artisanale », explique Bertin Nahum, qui veut décliner Rosa dans le domaine de « la chirurgie de la colonne vertébrale ». Rosa, créé en étroite collaboration avec des équipes de chirurgiens, est la dernière trouvaille de cet ingénieur électronicien et robotique formé à l’Insa à Lyon, qui a découvert le monde médical un peu par hasard, dans son projet de fin d’études en 1994. À l’époque, il avait imaginé, avec le service de neurocardiologie de l’hôpital de Lyon, un « logiciel d’intelligence de diagnostics de lésions crâniennes ».
« J’ai eu la chance de rentrer dans le milieu le plus noble. Celui où l’on s’occupe de soigner les gens. Je trouvais ça formidable », confie le PDG qui a ensuite travaillé pour des sociétés à Grenoble (INNI), Paris (Computer Motion) et Toulouse (Sinters) avant de se décider à monter son entreprise parce que ses patrons ne croyaient pas en son idée. En décembre 2001, Bertin Nahum a intégré l’incubateur de l’École des mines d’Alès (Gard) et a démarré en juillet 2002 avec quatre salariés. Il a ainsi développé son premier robot, dénommé Brigit, destiné à l’aide à la pose de prothèses du genou et dont il a vendu un peu plus tard tous les brevets au leader mondial (Zimmer Inc) de cette spécialité. Aujourd’hui, il emploie 20 personnes et réalise deux millions d’euros de chiffre d’affaires.
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