Bénin: entre misères et malheurs

2012: c'est bientôt la fin. Nous refermerons derrière nous les portes d'une année longue de ses 12 mois, de ses 58 semaines, de ses 365 jours. Tout pousse à croire que les Béninois ne  garderont pas de l'année en cours un bon souvenir.

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L'année finit sur une morosité et une inquiétude qui risquent d'en être la tonalité dominante.

Les Béninois abordent la dernière ligne droite de l'année 2012,  en s'interrogeant gravement sur l'avenir de leur pays. Les plus fatalistes  préfèrent s'en remettre à la protection de Dieu. "Mahou Kêdê". Osons ouvrir la boîte de nos misères pour prendre la mesure de nos malheurs.

C'est d'abord que la nature nous a accablés et matraqués. La saison des pluies, notamment dans la partie septentrionale du pays, a provoqué des crues monstres. Cela a fait déborder tous nos cours d'eau, toutes nos rivières. La nature, dans sa furie, a frappé indistinctement les être et les choses. L'eau qui aurait dû être une bénédiction, s'est révélée diaboliquement destructrice. Elle a semé sur son parcours ruine, deuil et désolation.

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C'est ensuite que les bonnes affaires qui, naguère, mettaient le marché international de Dantokpa dans tous ses états, sont au plus mal. Elles vont au rythme et à l'allure d'un escargot. Tout est figé, tout est en hibernation dans  ce temple continental des activités commerciales et financières en tout genre. C'est sûr: quand la température monte au point de menacer de casser le thermomètre, c'est que le patient court un grave danger.

Les affaires vont mal. Les charges de la rentrée scolaire pèsent comme un lourd fardeau. Comment, dans ces conditions, trouver l'argent du mouton pour la Tabasky? L'immense majorité de nos frères et de nos soeurs musulmans se posent cette question. Ils vont vivre une fête pas comme les autres. Tout conspire pour qu'il en soit ainsi. Ils fêteront, malgré tout, la Tabasky.  Mais il y a gros à parier que le coeur n'y sera pas. On sacrifiera à la tradition, mais sans illusion.

Outre qu'il n'est pas sain d'être heureux tout seul, se gorgeant en solitaire et à satiété de morceaux de viande, la Tabasky 2012 a déjà, par avance, l'arrière goût amer d'une fête ratée. Les nantis et les déshérités sont logés à la même enseigne. Les uns et les autres sont malheureux avec ou sans le mouton.  Ceux qui ont le mouton ne le mangeront pas à coeur joie. Pour ceux qui n'en ont pas, pas de miracle: ils n'en mangeront point.

Après la Tabasky, les fêtes de fin d'année. Comme on le sait, c'est une parenthèse particulièrement festive dans notre pays. Les commerçants ont astucieusement consacré Noël aux enfants pour que leurs parents mettent la main à la poche. Des jouets ou rien. Qu'on ne demande pas à un enfant de croire que le Père Noël ne sera pas au rendez-vous, au jour dit, à l'heure dite. Les enfants ne partagent pas les soucis de leurs géniteurs. Alors, des jouets, rien que des jouets.

Mais ce n'est pas fini: au revoir Noël et bonjour le nouvel an. Celui qui aura survécu à une année aussi difficile que 2012, n'aura-t-il pas des raisons de rendre grâce au Très haut? Et Dieu sait que chez nous, on ne rend pas grâce les mains vides ou les proches trouées. On dépense l'argent qu'on n'a pas. Quitte à se serrer la ceinture pour payer la facture plus tard. On se dépense sans compter. Quitte à payer la note de ses excès plus tard. Bref, on fait la fête à crédit ou à ses dépens.

Si l'on doit être dans l'air du temps, sans y être vraiment, si l'on doit être dans la fête sans être à la fête, c'est qu'il y a anguille sous roche. Les Béninois ont la tête lourde de toutes les affaires qui s'enchaînent et qui s'additionnent. " Petit Bénin, mais grande histoire". La police est à pied d'oeuvre. Ici, elle casse du braqueur. Là, elle déjoue les plans de narcotrafiquants. Plus loin, elle défère un syndicaliste à la justice. Last but not least, elle révèle au grand jour l'affaire de l'année: l'assassinat présumé du Chef de l'Etat par empoisonnement. Voilà une affaire trop grosse pour les épaules trop frêles du Bénin. Le monde entier l'a relayée. Chacun y va de son commentaire. Ceux qui ne connaissent pas le Bénin l'identifie désormais sur une carte. Le nom du pays n'est pas associé au Prix Nobel. Mais est référé à l' assassinat, est rapporté à l'empoisonnement. Trop, c'est trop! Fermons, à présent, la boutique de nos malheurs.

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