Affaire Canal3-Ortb : quand critiquer le gouvernement devient un exercice dangereux

Il n’est plus trop conseillé de critiquer le gouvernement sur un plateau de télévision. Tous ceux qui ont osé s’adonner à cet exercice font actuellement objet de persécutions de toute nature. On menace de ressortir de vieux dossiers contre eux. La dernière sortie médiatique du ministre de l’intérieur Benoît Dègla en donne l’illustration.

Le ministre de l’intérieur Benoît Dègla a encore mis les pieds dans le plat. Samedi sur le plateau de l’Ortb, le ministre de l’intérieur a lancé des menaces à peine voilées à des personnes qui critiquent le gouvernement ces temps-ci. Flanqué du commissaire central d’Abomey-Calavi, il a exposé les récriminations du gouvernement contre Bell Bénin et Canal3. Le ministre explique que c’est en voulant  mettre canal3 hors tension pour une dette de 71 millions contractées  par Bell Bénin, la société sœur de Canal3 que le gouvernement s’est rendu compte que le promoteur de Canal3 doit plus de 8 milliards à l’Etat. Les mêmes vérifications ont permis de se rendre compte qu’il doit aussi environ 3 milliards au port. Le ministre se désole que ces messieurs qui doivent à l’Etat se posent en « donneurs de leçon au gouvernement ». Il a cité aussi un autre dossier, l’affaire Titan, un autre scandale politico-financier intervenu au temps du président Kérékou. Mais à voir de près, les dossiers cités par le ministre Dègla sont ceux dans lesquels sont impliqués certains acteurs politiques de l’opposition ou non qui ont fait des déclarations contre le gouvernement ces derniers temps. Il s’agit de Issa Salifou qui, en réponse à la mise hors tension de canal3, avait fait une déclaration sur Canal3 monde pour critiquer l’attitude du gouvernement à s’acharner contre canal3, la même chaine qui a pourtant proclamé le K.o en mars dernier. Le député de la première circonscription électorale a lancé un défi au Dg de l’Ortb qu’il souhaite contredire devant le Chef de l’Etat, a-t-il dit. Cette déclaration n’a certainement pas été  bien appréciée à la Marina. Idem pour la dernière sortie du ministre Gaston Zossou à qui on colle à tort le dossier de Titan.  Depuis quelques temps, le gouvernement a déterré la hache de guerre contre tous ceux qui ont osé le critiquer publiquement. C’est le cas aussi de Lionel Agbo. Le gouvernement en veut à canal3 pour sa volonté à donner la parole à des gens qui osent critiquer le gouvernement et son chef. Et si Candide Azanaï et Epiphane Quenum sont encore à l’abri c’est bien à cause de leurs immunités parlementaires qui les mettent à l’abri pour le moment. Critiquer le gouvernement n’est plus permis par ici.

Laisser un commentaire