Le Bénin est un État laïc. C'est la Constitution qui le dit. Toutes les religions ou pratiques religieuses devraient donc être logées à la même enseigne. Une boutade, sans doute pas innocente, suggère que, syncrétisme religieux oblige, si nous sommes 40% de chrétiens, 25% de musulmans, nous serions en revanche 500px d'animistes.
Comme pour dire que la plupart des abonnés aux religieuses dites monothéistes ne dédaignent pourtant pas de retourner, de temps en temps sinon aussi souvent qu'ils le peuvent, vers les réalités endogènes.
C'est peut-être vrai pour certains ou pour la plupart d'entre nous. Mais il y a au moins à qui cela ne s'appliquerait pas. C'est le président Boni Yayi. Lui, c'est un chrétien évangélique assumé et convaincu. Qui, en dehors de son "Dieu créateur du ciel et de la terre", qui "est au contrôle", etc. ne connaît pas autre chose et ne veut même pas sentir ce qui pourrait ressembler à une atteinte à sa foi abyssale en son Dieu unique. Il ne s'en cache d'ailleurs pas, qui clame autant qu'il le peut, sa foi chrétienne, à longueur de discours officiels; même si le principe de laïcité de l’État béninois en prend pour son grade. Et c'est peut-être aussi la raison pour laquelle, depuis 2006 et comme une constante, le président Boni Yayi n'a jamais été présent au moment de la célébration de la fête des religions traditionnelles ou du culte vodoun, le 10 janvier. Comme pour confirmer la règle, cette année encore, pendant que les adeptes de ces pratiques seront en fête, le président Boni Yayi sera en visite officielle au Canada (du 7 au 12 janvier). Terrible coïncidence naturelle (?) qui fait que chaque année, à la même période, il est toujours occupé à autre chose. Cela n'empêchera certainement pas les orphelins de la présence présidentielle de prier pour l'absent de marque et pour le Bénin. Mais, ils peuvent au moins être convaincus d'une chose: Boni Yayi les aime de tout son cœur et œuvre au développement de leurs pratiques. C'est pourquoi, depuis quelques années, son gouvernement leur octroie une subvention comme aux autres religions.
En tout cas, si le vodoun ne reconnaît pas ses amis, Dieu, lui, selon l'adage, saura reconnaître les siens. La vérité si je mens…
* publié sur LNT avec l'autorisation de l'auteur (élément publié sur le profil facebook de Wilfried L. Houngbédji)