Il est très difficile de poursuivre ses études tout en embrassant un métier. En effet, comment continuer de produire de la richesse, avec l’exercice d’une activité professionnelle, tout en jouissant de son droit à la formation, c’est-à-dire poursuivre des études pour acquérir de nouvelles connaissances, pour se perfectionner ?
Nous posons ainsi le problème de la formation professionnelle continue, dans cette troisième partie de notre trilogie sur l’Education. Il s’agit de réussir une synthèse entre deux exigences mutuellement exclusives : la poursuite des études et l’exercice de l’activité professionnelle…
Un droit ne saurait exclure l’autre
Le Droit à la Formation est un droit reconnu à tout individu, au même titre que le Droit à un Travail décent en adéquation avec ses qualifications, un autre droit du citoyen, pour qu’il puisse évoluer et occuper la place qui est la sienne dans la Cité. Ceci pose donc un problème de compatibilité entre la jouissance de ces deux droits, simultanément.
Mais, en réalité, il ne devrait pas avoir d’opposition, puisque la jouissance de l’un, du Droit au Travail (activité professionnelle), nécessite que l’on puisse jouir du Droit à la Formation, à travers les études, afin d’acquérir les bases du métier et les fondamentaux de la vie active.
C’est donc un problème virtuel que certains opposent au professionnel lorsqu’il décide de « se remettre à l’école », afin de renforcer ses capacités, de se perfectionner dans l’exercice de son métier.
Deux arguments majeurs au renforcement des compétences !
La formation professionnelle continue est la seule solution pour sortir de cette opposition virtuelle entre l’exercice du métier et la poursuite des études : continuer de produire tout en poursuivant sa formation. Ceci se justifie par les deux arguments suivants :
- Les exigences actuelles d’une société qui évolue à un rythme très rapide, obligent le professionnel à se mettre constamment à jour, à se perfectionner pour rester dans l’air du temps. Sinon, ses compétences acquises deviennent rapidement obsolètes, et il se doit d’en acquérir de nouvelles. Donc, il doit retourner à l’école, tout en continuant de produire, une exigence de son activité professionnelle.
- D’un autre côté, la concurrence qui existe aujourd’hui dans l’environnement professionnel impose à chacun de pouvoir être multi-polyvalent, d’accepter une certaine flexibilité et une évolutivité pour maintenir son activité. Par exemple, il est fréquemment demandé à un consultant en ressources humaines d’avoir des notions avancées en communication interpersonnelle, afin de réussir dans une négociation ou pour régler les conflits dans l’entreprise. Même exigence pour le professionnel de la communication qui doit développer des aptitudes en gestion des ressources humaines pour évoluer dans son métier et devenir un « patron de média ».
Précisions sur la Formation Professionnelle Continue
La formation professionnelle continue fait partie de l’éducation permanente. Elle a pour objet de permettre l’adaptation des travailleurs au changement des techniques et des conditions de travail, de favoriser leur promotion sociale par l’accès aux différents niveaux de la culture et de la qualification professionnelle, ainsi que leur contribution au développement culturel, économique et social de la Cité.
Elle comporte une formation initiale et des formations ultérieures destinées aux adultes et aux jeunes déjà engagés dans la vie active ou qui s'y engagent. Ces formations ultérieures constituent la formation professionnelle continue, en complément d’une formation initiale, générale ou technique.
En parlant de formation professionnelle continue, on fait parfois référence aux formes d'éducation populaire ou encore à la notion d'autoformation. Le plus souvent, on englobe ces différentes évolutions de la formation initiale, dans le terme générique d’éducation permanente, en ce sens que l’on ne finit jamais d’apprendre et que le professionnel se doit d’acquérir de nouvelles compétences tout au long de sa vie, afin de rester compétitif dans son métier.
Dans la mesure où la formation continue concerne des adultes et non plus des enfants, certains chercheurs se sont demandés comment la pédagogie pouvait s'appliquer à des adultes. C'est ce qui a conduit les professionnels de l’ingénierie de la formation à créer le terme d'andragogie (éducation des adultes).
Pédagogie ou Andragogie ?
Pour mettre en œuvre la formation professionnelle continue, deux méthodes s’offrent au formateur : la pédagogie ou l’andragogie.
La pédagogie se définit comme la direction ou l’éducation des enfants. Quant à l’andragogie, elle désigne la formation des adultes.
La formation des adultes a connu un essor important ces dernières années, grâce au développement de la formation professionnelle continue, avec les notions de « formation permanente » et de « reconversion » :
- sous l'impulsion sociale (possibilité d'évoluer dans l'entreprise) ;
- par volonté patronale (questions de flexibilité) ;
- par nécessité conjoncturelle (échapper au chômage et favoriser la mobilité professionnelle).
Se former tout en étant dans l’action
Nos développements montrent donc un lien très étroit entre action et formation. Par définition, l'action permet à l'apprenant d'agir sur son environnement comme l'environnement agit de la même manière sur l'apprenant (interactions réciproques).
Ceci implique que le formateur ne soit qu'un intervenant, un accompagnateur et un créateur d'environnement de formation permettant à l'apprenant de se former par lui-même, en participant aux environnements propices mis en place par le formateur, en application de la notion d l’Autopoïese.
Telle est la problématique essentielle de la Formation Professionnelle Continue : réussir à créer ces environnements propices, en application de l’Andragogie, en faisant la synthèse entre Action et Formation, entre Métier (production de richesses) et Etudes (acquisition de connaissances).
L’on n’est donc pas obligé de renvoyer le professionnel sur un campus, avant de parfaire sa formation, de renforcer ses capacités. Il suffit de lui créer des « espaces d’exercice et d’accomplissement », pour atteindre le même résultat de perfectionnement.
L’université n’interviendrait que pour valider les compétences acquises et les certifier par un diplôme (Validation des Acquis de l’Expérience), notamment avec l’utilisation du E-Learning, ou des systèmes FOAD (Formations ouvertes et à distance).
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