D’une génération à l’autre

Inventons le mot pour les besoins de la cause : mentorat. Le mentor, c'est un guide, un conseiller sage et expérimenté. C'est   le coach, sans considération d'âge et pour faire plus moderne.

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Coacher quelqu'un c'est l'encadrer dans une démarche d'accompagnement personnalisé ; c'est l'aider à atteindre le meilleur niveau de réussite professionnelle et d'épanouissement.

Le Ministère de la Jeunesse, des Sports et Loisirs, dans le cadre du Projet "Jeunes agents de changement pour le développement durable", avec l'appui financier du PNUD, tente d'explorer les ressources du mentorat. Il s'agit de renouer le dialogue aînés/cadets. Il s'agit de mettre l'expérience des anciens au service des plus jeunes. Ces derniers ne sont-ils pas souvent en quête de sens et de repères ? Nous avons des raisons de souhaiter le succès d'un tel projet.

Le mentorat, sur le plan social, nous aide à faire l'économie d'une "querelle des anciens et des modernes" aussi vaine qu'inutile. Il y a, en effet, comme une sorte de procès muet qui voit s'affronter symboliquement, à la barre de notre société, les aînés et les plus jeunes, les parents et leurs enfants. Les jeunes, regardant vers les aînés, disent en avoir gros sur le cœur. Ils se sentent incompris. Ils s'estiment sevrés de l'essentiel. Les aînés, regardant vers les plus jeunes, restent tristement interrogateurs. Ils se demandent pourquoi ont-ils tant de mal à se reconnaître dans la chair de leur chair, dans le sang de leur sang ?

Nous ne sommes pas loin d'une tragique rupture de communication dans la chaîne des générations. Ceux qui devraient faire chorus, dans un même élan, autour de la jarre trouée, découvrent qu'ils se connaissent à peine, même s'ils se côtoient tous les jours ou vivent sous le même toit. Ils n'entendent ni ne comprennent de la même façon l'appel du roi Ghézo. Et pourtant, les uns et les autres sont tenus de partager une même citoyenneté, de se réclamer d'un avenir commun.

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Le mentorat peut être, nous semble-t-il, une toute première réponse à cette situation. Car il urge de restaurer la confiance entre aînés et cadets, entre parents et enfants. Le stock d'expériences accumulées par les uns, le dynamisme et la force de l'âge qui animent les autres sont de formidables atouts. Ils ne demandent qu'à être mis en synergie. Alors, que les uns et les autres acceptent de s'asseoir, de se parler et de s'écouter.

Les adversaires du mentorat posent la question de savoir comment des représentants de l'ordre ancien peuvent-ils répondre aux préoccupations des générations montantes ? Comme si un père n'avait plus rien à dire à ses enfants. Comme si les paroles d'une mère à sa fille sont telles de l'eau sur les plumes d'un canard. Comme si les grands parents devaient être assimilés à d'inutiles accessoires, bons, par conséquent, à ranger au grenier des souvenirs.  

Il faut se démarquer de la croyance plutôt simpliste et simplificatrice selon laquelle les générations sont des entités closes. Comme si elles étaient fermées et renfermées sur elles-mêmes. Comme s'il n'y avait rien à transmettre de l'une à l'autre. Comme s'il n'y avait rien que l'une puisse hériter de l'autre. Le mentorat a la vertu de sortir les générations qui se suivent d'une communication biaisée et subjectivement chargée, restaurant, du coup, la responsabilité des aînés pour qu'ils donnent et se donnent aux plus jeunes. C'est un service dû et qui ferait carburer les aînés d'une confiance neuve. Mais comment conduire à bien cette belle expérience ?

Il nous paraît nécessaire que les mentors identifiés soient évalués par les jeunes sur la foi de la pertinence, de l'utilité et de l'efficacité de leurs interventions. Cela a l'avantage d'aménager des marges pour un redéploiement, une réorientation, une réadaptation si nécessaire du mentorat.

Il nous paraît nécessaire que des études ciblées accompagnent cette expérience. Un indice de satisfaction est à déterminer à divers niveaux : les jeunes concernés, le collège des mentors, les équipes techniques du Ministère de la Jeunesse, des Sports et Loisirs, les partenaires techniques et financiers.

Il nous paraît nécessaire, enfin, que les résultats du mentorat soient connus et soumis à l'appréciation du public. Nous aurons besoin d'entendre les témoignages des bénéficiaires. Nous aurons besoin d'apprécier leurs différentes initiatives. Par-dessus tout, il nous démange de toucher du doigt leurs   réalisations. N'est-il pas dit que l'arbre se juge à ses fruits ?

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