Félicité à l’extérieur pour sa démocratie et sa stabilité légendaire lors des fréquentes visites du Chef de l’Etat, le Bénin vit curieusement, à l’interne, dans une ambiance délétère et hautement polluée.
Alors que le Chef de l’Etat invite de nouveaux investisseurs et partenaires au développement à investir dans le pays, ceux qui sont là plient bagages ou réduisent leurs portefeuilles pour faire face à la conjoncture actuelle.
Japon, France, Allemagne, Turquie, Canada…inutile d’être exhaustif quant à la liste des pays visités par le Chef de l’Etat, ces derniers mois. A chaque nouvelle destination, le Président Yayi fait des émules, séduit ses hôtes par la qualité de notre démocratie et arrive à décrocher parfois des contrats juteux ou des financements lourds pour de nombreux et ambitieux projets. Il suffit de suivre à la télévision les comptes rendus ou les grands reportages sur ces voyages pour s’en convaincre. Autant de milliards et de projets de développement annoncés comme des acquis de ces visites. Opposants et même acteurs de la société civile, y perdent leur latin, devant l’immensité des dons et autres projets de développement. L’euphorie et l’exaltation ne dépassent guère le temps où ce reportage est diffusé. Plus rien n’est dit, après, sur ces nombreux projets et ces financements annoncés lors des voyages. Le gouvernement et son chef sont dans une offensive diplomatique. Au cabinet présidentiel, beaucoup d’investisseurs et partenaires au développement passent et annoncent aussi d’énormes projets de développement. Souvent, on n’a plus la chance de les revoir et les projets annoncés ne restent qu’à l’étape de projet. Le pourquoi ? Personne ne le sait.
Réticences
Il est donc de plus en plus évident qu’un tout petit nombre de ces projets, arrive jusqu’à concrétisation. Si on ne peut affirmer avec certitude les raisons qui amènent ces bailleurs de fond à ne pas poursuivre dans leur lancée, il y a le problème de l’environnement des affaires, mais aussi et surtout celui de la stabilité politique du pays. La plupart de ces investisseurs, une fois au pays, se désolent de l’ambiance qui s’y prévaut. En dehors de la forte pression fiscale, de la lourdeur administrative qui inhibe l’initiative privée, il y a le problème actuel de la succession des événements scabreux qui ne rassure personne. En moins d’un an, on a agité à l’opinion nationale et internationale une série lugubre: complot pour déstabiliser le gouvernement, tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat. Ce cocktail est assaisonné par les menaces «virtuelles» de Boko Haram, le vol de centaines de millions au Trésor public et l’insécurité grandissante dans le pays. « Qui donc a intérêt à investir dans un pays où on veut tuer le Chef de l’Etat ? », ironise un opérateur économique. En effet, l’agitation par le gouvernement lui-même de ces nombreux affaires d’atteinte à la sureté de l’Etat et à la stabilité politique de notre pays, sont de véritables indices d’une instabilité, virtuelle ou réelle. Les opérateurs économiques et même des partenaires au développement, ne sont plus si motivés à investir dans un tel pays. Depuis que les affaires de tentative d’assassinat du Chef de l’Etat par divers moyens ont commencé, des opérateurs économiques ont, dans l’anonymat, discrètement quitté le pays pour s’installer au Togo ou au Ghana. Parmi les partenaires au développement, ce n’est pas non plus la grande quiétude. Certains parmi eux sont sur le point de départ, tandis que d’autres veulent réduire leur portefeuille au Bénin. L’Usaid serait dans ce dernier cas. Selon des sources concordantes, cette agence américaine de financement du développement serait sur le point de transformer sa direction en un simple bureau de liaison, avec pour conséquence la réduction drastique de l’enveloppe d’aide pour le Bénin. Ici, personne ne se rend compte de la mauvaise publicité que l’on fait au pays, en agitant de manière si tapageuse, ces affaires.
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