Le bras de fer est désormais réel, entre l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) et le gouvernement, sur l’affaire des nominations à la Justice et la situation du juge Angelo Houssou. Sur ces deux questions, le syndicat n’a pas froid aux yeux. Et ce, tant qu’il s’agira de défendre les intérêts de la corporation et l’image de la Justice.
Les récentes promotions et affectations à la Justice, et l’affaire du juge Angelo Houssou, sont les causes du bras de fer à nouveau engagé entre le Gouvernement et l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab). Les deux sujets sont liés, dans une certaine mesure. Et la position de l’Unamab est invariable depuis. D’ailleurs, à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire tenue vendredi 14 juin dernier, le syndicat met, sans y aller par quatre chemins, le gouvernement en garde.
Pour rappel. Réuni en séance extraordinaire le mardi 28 mai dernier, le Conseil des ministres a procédé à de nouvelles nominations et affectations dans les juridictions et à la chancellerie. Ce Conseil a donc connu de la nomination des présidents de tribunaux, procureurs et substituts des procureurs, juges d’instruction et conseillers des juridictions.
Sans donc se faire prier, l’Unamab a fait savoir sa position sur ces nouvelles affectations au lendemain de la publication du compte rendu du Conseil des ministres qui en a traité. Le syndicat a dénoncé la politisation de la Justice, en y voyant une stratégie du Gouvernement pour « diviser les magistrats mobilisés autour du juge Angelo Houssou, à l’effet de l’aider à recouvrer ses attributs de citoyen libre. » Justification : « comment peut-on comprendre que ces propositions de nominations faites par l’ex-Garde des Sceaux et gelées depuis plusieurs mois, soient remises au goût du jour par le Gouvernement au lendemain de la plainte avec constitution de partie civile contre les responsables de la Police Nationale par l’intéressé ? »
Angelo Didjoho Houssou, faut-il le rappeler, est le juge du sixième cabinet d’instruction du Tribunal de première instance de première classe de Cotonou. C’est lui qui a conduit l’instruction des affaires de présumées tentatives d’empoisonnement de Boni Yayi et de coup d’Etat. Après avoir rendu une double ordonnance de non-lieu dans les deux dossiers, il avait été assigné à résidence surveillée, comme il l’a lui-même dénoncé par voie de presse. Les jours qui ont suivi, Il a alors porté plainte contre le Directeur général de la Police, Louis Philippe Houndégnon, et son adjoint, Nazaire Hounonkpè, pour le traitement qui lui a été infligé.
Ne prenez pas service
Par voie de communiqué de son Secrétaire général, le Gouvernement a réagi à la dénonciation de l’Unamab, en essayant d’apporter les clarifications nécessaires. La réplique des magistrats ne s’est pas fait attendre. En plus de cette réplique, vendredi dernier, une énième fois, à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire, le syndicat des magistrats s’est montré menaçant.
Dans le communiqué de presse sanctionnant cette assemblée (lire ci-dessous l’intégralité du communiqué), le bureau exécutif de l’Unamab « prend à témoin l’opinion publique nationale et internationale » sur le « harcèlement » dont est victime le juge Angelo Houssou. Mieux, « Il rend responsables la Police Nationale et le Gouvernement, de toute atteinte éventuelle à l’intégrité physique du juge Angelo Houssou.»
Sur la question des nominations à la Justice, le syndicat se fait plus autoritaire. Il « rappelle au Conseil Supérieur de la Magistrature et au Gouvernement, qu’il n’entend plus admettre les violations flagrantes et répétées des principes qui régissent la magistrature béninoise.» Et « demande aux chefs de juridictions de surseoir à toute passation de service jusqu’aux résolutions de l’Assemblée Générale du 18 juin 2013. » Pourtant, le gouvernement a déjà notifié aux promus et affectés, les décrets de nominations avec les passations de service programmées pour cette semaine. C’est désormais un bras de fer sur fond de dénonciations, mises en garde et défiance.
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