Déclaration incendiaire contre l’Unamab et le juge Houssou : le Synapolice en « guerre » contre l’Etat de droit

Le Syndicat national de la Police du Bénin (Synapolice) s’est lancé depuis quelques jours dans une aventure très risquée. Au nom d’une solidarité de corps à son Dg, Louis Philippe Houndégnon, convoqué par un juge, il s’en est pris ouvertement à l’Unamab et à la Justice, foulant ainsi du pied une notion basique de l’Etat de droit et de notre architecture démocratique.

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Il avait donné le ton de la rébellion depuis le jeudi dernier. Alors qu’il invitait ses collègues à une assemblée générale du synapolice, le très irascible commissaire Waïdi Akodjènou avait donné les prémisses de ce que sera cette Ag du samedi, en parlant de « riposte conséquente ». Dans le communiqué rendu public à la fin de cette Ag, le Synapolice refuse de se soumettre au diktat de l’Unamab et de son protégé, Angelo Houssou, et appellent le Chef de l’Etat à prendre ses responsabilités pour garantir aux personnels de la Police Nationale et en premier son Chef, le Directeur Général de la Police Nationale, la protection qui leur est due dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.

Au cours de cette Ag, le Sg du Synapolice s’en prend à l’Unamab, à laJjustice  et au juge Houssou.    «Que Angelo Houssou réponde d’abord de son comportement vis-à-vis de l’éthique et de la déontologie devant le Conseil Supérieur de la Magistrature, avant de nous convoquer, et là nous allons répondre. Ce n’est pas un combat contre les magistrats, mais pour une justice libre et indépendante, et non aux ordres. Nous avons du respect pour l’institution judiciaire. L’Unamab ne peut instrumentaliser la Justice béninoise. La justice est rendue au nom de l’Etat béninois et non au nom de l’Unamab et de Angelo Hounsou. Que le peuple comprenne notre démarche, il ne s’agit pas d’une affaire de personne mais de l’institution policière. La loi dit que l’Etat a l’obligation de nous protéger contre toute forme de menace. On ne peut pas nous envoyer une convocation avec menace de mandat d’arrêt et d’amener. Nous n’allons pas nous laisser avoir aussi facilement. Nous n’allons pas nous laisser distraire par les caprices de qui que ce soit », fulmine-t-il.

Ces propos d’une gravité inouïe et d’une violence rare, sont totalement disproportionnés par rapport à la cause. En effet, saisi d’une plainte du juge Angelo Houssou contre Louis Philippe Houndégnon, Directeur général de la Police Nationale et ses ouailles, qui l’ont arrêté, persécuté, ont fouillé ses affaires et perquisitionné sa maison, dans la nuit du jour où il a rendu son ordonnance de « non-lieu à poursuivre » dans les affaires de tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat, le juge d’instruction du premier cabinet Georges Toumatou a convoqué Louis Philippe Houndégnon pour répondre des accusations portées contre lui par le plaignant.

Jusque là rien de grave, il s’agit juste d’une démarche récurrente des magistrats, et même des officiers de police.  Mais, le commissaire ne s’est présenté ni à la première, ni à la deuxième convocation. Lorsque la troisième vient, elle est accompagnée d’une menace, le mandat d’arrêt ou d’amener. Informé de cette situation, le Synapolice entre dans la danse et embouche, comme le Dgpn, la trompette de l’intimidation. 

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Akodjènou, avocat du diable

Cette sortie du Sg du Synapolice suscite des interrogations. Le Commissaire Houndégnon, bien que fait Contrôleur général de Police, est-il au dessus de la loi pour ne plus répondre aux convocations d’un juge ? Pour ce qu’on en sait, il ne possède aucune immunité qui le dispense de cela. Il devrait donc se présenter devant le juge. Mais, comme Houndégnon est coutumier du fait, il a décidé de ne pas y aller, en sa qualité de « tout puissant patron de la Police ». 

On se rappelle qu’il avait eu le même comportement dans l’affaire Oussoukpèvi. Ce dernier, ex-commandant de la capitainerie, avait porté plainte contre lui devant la Cour Constitutionnelle, mais il n’a jamais répondu aux convocations de la haute juridiction.

Alors, peut-on conclure que Houndégnon est au dessus de la république ? Toutefois, hormis Houndégnon dont on connaît les frasques, les déclarations du Commissaire Akodjènou inquiètent. Il a certainement oublié que la Justice est le troisième pouvoir de notre architecture politique. En tant que tel, il lui doit, bien qu’étant officier de police, respect et obéissance. Mieux, ce sont eux les policiers qui ne cessent de rappeler, tel un leitmotiv, que n’importe qui, convoqué devant un officier de police ou un juge, doit d’abord répondre à la convocation.

S’opposer à une convocation, maintenant qu’il s’agit du Dgpn, ressemble bien à un abus d’autorité. Cette guerre du Syntrapolice n’est, ni plus ni moins, que manœuvres pour affaiblir le pouvoir judiciaire au Bénin. Le même commissaire évoque les risques courus par les policiers dans l’exercice de leurs fonctions, lutter contre l’insécurité… Ce qui nécessite donc une protection de l’Etat. Enfin, un exemple qui doit amener le Synapolice à mettre de l’eau dans son vin… En même temps que Houndégnon, le Procureur de la République, lui aussi, est convoqué par la Justice. Que dira-t-il, lui qui est du même corps qu’eux.  On peut donc dire que Le Synapolice a choisi une option suicidaire pour notre démocratie. 

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