Connaissez-vous le 8ème pays le plus pauvre au monde? C'est le Bénin. Notre pays vient de prendre une place pas très honorable dans un classement rendu public par la Banque mondiale. Avec et par quels indices nous sommes-nous retrouvés dans les profondeurs de la pauvreté?
Les spécialistes répondront à cette question. Retenons, pour notre part, que quand on a fait le pari d'être toujours du côté du succès, c'est humiliant de se retrouver affublé du bonnet d'âne des cancres. Ne nous morfondons pas outre mesure. Essayons plutôt d'analyser et de comprendre ce qui nous arrive.
Le Bénin, quoique petit par sa superficie, a de très sérieux atouts que lui envierait plus d'un pays. Il bénéficie d'une façade maritime qui l'ouvre sur le grand large. Des pays enclavés qui, pourtant, font mieux que nous dans ce classement de la Banque mondiale, dépendent de son port.
Le Bénin a un impressionnant réseau de cours d'eau, rivières et lacs. Et la nature, de surcroît, le gratifie d'une pluviométrie acceptable avec deux saisons des pluies dans la partie méridionale du pays. Tout visiteur traversant le Bénin est fasciné par des terres qui s'étendent à l'infini. Elles n'attendent que des bras pour les mettre en valeur.
Et puis, le Bénin peut compter sur ses ressources humaines. Beaucoup de ses cadres ont essaimé dans tous les coins du monde. Il y a au moins un Béninois dans la quasi-totalité des pays de la planète. Disons-le ainsi : nos cadres ont du prix. Aussi sont-ils partout recherchés, partout appréciés.
Ne parlons pas du potentiel culturel de notre pays. Un beau bouquet à apprécier, à travers la diversité des ères culturelles, la pluralité des expressions culturelles, la densité d'un patrimoine culturel à peine entamé … A l'ère et à l'heure des industries culturelles, il y a là un immense gisement qui ne demande qu'à être exploité.
Si l'on s'en tient à ces quelques coups rapides de pinceau, le Bénin qui se détache de notre tableau, est superbement doté en biens divers. Une vraie richesse ! Comment alors peut-il se retrouver en queue du peloton des plus pauvres de la terre ? Affirmons-le avec force : la pauvreté ne frappe pas un pays par hasard. La pauvreté n'apparaît pas, tout d'un coup, sur une terre où elle n'est pas attendue. La pauvreté n'a pas droit de cité là où on ne la désire pas. La nature est ordre. Disciplinée qu'elle est, elle ne s'accommode de la moindre pagaille. La pauvreté qui nous plonge dans les abysses des classements internationaux a des causes et des raisons précises. N'éludons pas la difficulté de les regarder en face.
La politisation à outrance qui marque et affecte tout dans notre pays, est un facteur puissant de pauvreté. Cela revient à mettre le pays sur les rails de la magouille la plus vile, de la médiocrité la plus crasse. Des critères objectifs s'effacent devant des paramètres non logiques et non rationnels. La qualité est sacrifiée sur l'autel de tout ce qui fait le lit du favoritisme, du népotisme, du clientélisme. La politisation de tout et de rien, dans notre pays est comme une tumeur maligne logée au cœur de notre développement.
La corruption qui gangrène notre administration est un autre facteur puissant de pauvreté. C'est un hold-up permanent et en règle que des individus ni foi ni loi opèrent sur le trésor public. Résultat des courses, se sont des milliards de nos francs qui sont détournés. C'est une école et un pont qui ne seront pas construits. C'est un marché et un centre de santé qui ne viendront pas combler les attentes des populations.
L'insécurité qui atteint des pics inquiétants, l'informel qui prend des proportions effrayantes, le délestage sauvage et quasi permanent, le chômage des jeunes diplômés, les belles idées que nous agitons et qui restent sans suite…ce sont autant de facteurs de pauvreté. L'entreprise croule sous des impôts assassins. Qu'est devenu, pendant ce temps, notre projet d'une fiscalité de développement? Le monde des affaires piaffe d'impatience de prendre un envol franc vers les sommets. Mais où sont donc les conclusions du séminaire sur le partenariat public/privé? Comme on le voit, la pauvreté est une tare. Elle ne tombe sur personne par hasard. Le pauvre est un être paumé. Il n'est pas, pour autant, le produit d'une génération spontanée.
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