Après plus de trois mois de congé de maternité à Paris, le ministre de la Justice, Reckya Madougou Yèdo, est revenue au bercail la semaine dernière. Mais, elle doit faire face à deux dossiers chauds qui l’attendent sur sa table.
Après trois mois passés dans la douceur parisienne, le ministre de la Justice, Porte-parole du Gouvernement, revient dans la chaleur béninoise. Celle de son ministère risque d’être plus torride qu’elle ne l’était avant son départ pour Paris, où elle a passé quelques mois, aux bons soins de son «bout de choux», son nouveau bébé. Et pour cause, elle doit faire face à deux gros dossiers, l’un a été hérité de son prédécesseur. Il s’agit du contentieux entre le gouvernement et les magistrats, qui a fait partir l’ancienne locataire de ce ministère, et du dossier fumant de la révision de la Constitution, qui suscite actuellement une vive polémique sur le plan politique. Et elle n’aura pas assez de temps pour le faire, au regard de l’urgence de ces dossiers.
Des magistrats toujours sur le pied de guerre
Depuis quelques mois déjà, les magistrats sont en fronde contre le gouvernement. Ils s’insurgent contre les mutations fantaisistes effectuées en son temps par l’ex-ministre de la Justice, Marie-Elise Gbèdo. Depuis, les magistrats n’ont pas fini de contester ces affectations, qui ne respectent pas les textes qui régissent leur corporation. Cette situation a engendré un bras de fer entre l’ex-Garde des Sceaux et l’Unamab, le syndicat des magistrats, qui a déclenché une grève, paralysant l’appareil judiciaire pendant des semaines. Pour faire baisser la tension, et surtout pour faire plaisir à ces magistrats qui réclamaient la tête de Marie-Elise Gbèdo, le Chef de l’Etat a fini par la muter dans un autre ministère. Mais, la revendication fondamentale des magistrats, concernant la correction de ces mutations arbitraires, est restée.
Cette situation a été envenimée par l’affaire du juge Angelo Houssou, persécuté par le gouvernement, depuis qu’il a rendu ses ordonnances de non-lieu dans les affaires de tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat. Depuis, la tension est restée vive. Et le ministre intérimaire de la Justice n’a pu calmer la tension des magistrats.
Après les négociations, le Garde des Sceaux par intérim a pris une Lettre circulaire pour différer la mise en application du Décret N° 2013-257 du 07 juin 2013, relatif à la nomination de magistrats dans les Cours et tribunaux du territoire national, jusqu’à la correction définitive des insuffisances contenues dans ledit décret.
Conséquence de cet acte, l’Unamab a suspendu sa motion de grève et accordé un moratoire qui courre jusqu’au 15 octobre 2013, au plus tard, afin de permettre au Conseil Supérieur de la Magistrature de procéder aux corrections des irrégularités observées, tant en ce qui concerne les nominations de décembre 2011 que celles de mai 2013. Alors, Reckya Madougou est très attendue. Et encore plus sur un autre dossier: la révision de la Constitution.
«Touche pas ma constitution» : Bis repetita ?
L’autre dossier épineux sur lequel Reckya Madougou est attendue, c’est celui de la révision de la Constitution. Alors que la campagne pour la révision est lancée, tambour battant, par le gouvernement, le ministre de la Justice s’est murée dans un silence inquiétant. En tant que ministre techniquement compétent sur ce dossier, elle n’a rien dit. Se préoccupant plus de sa maternité que d’autres choses. Elle a semblé perdre ses reflexes de militante de la première heure, en ce qui concerne la lutte anti-révision, il y a huit ans. En effet, on se rappelle qu’en 2005, avec son Ong Elan, elle s’est opposée à la tentative de révision lancée, tel un ballon d’essai, par des caciques du régime Kérékou. Aujourd’hui, une fois au gouvernement, elle ne semble trop s’en préoccuper.
On connaît la suite. Elle a tenu la tête de la fronde, a résisté à tous les vents, qu’ils descendent de la chaîne de l’Atacora ou des vagues houleuses de l’Atlantique, ou encore des collines de Savè. Et cela a permis de dresser un tapis rouge à une alternance qui a porté Yayi au pouvoir. Voilà que ces velléités ressurgissent, à la fin d’un nouveau règne, où elle continue d’assumer des responsabilités.
Disons-le d’emblée, personne ne voudrait être à la place de la Garde des Sceaux, ministre de la Justice, de la Législation des Droits de l’Homme et Porte parole du Gouvernement. En tout cas, tous les regards semblent tournés vers elle, Reckya Madougou Yêdo, dont le point de vue est fortement attendu.
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