Images d’Afrique

Un petit tour d’Afrique et l’insolite nous attend au coin de la rue. Nous ne reprenons pas, ce disant, le refrain des racistes aux petits pieds qui continuent d’imaginer le continent comme une jungle.

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Ils ne demanderont pas mieux que d’y trouver un terrain de chasse. Histoire de croquer, à l’envi, du nègre. Si tel est leur désir, souhaitons-leur bonne chance.

L’Afrique n’est pas le paradis. Il s’y passe, comme partout ailleurs dans le monde, des choses pas très catholiques. En fait, c’est la condition humaine qui étale ses faiblesses et ses limites. N’ont rien à y voir la couleur de la peau des personnes impliquées, l’appartenance au cercle enchanté des riches ou au cercle pouilleux des pauvres des pays concernés. Voici trois images peu valorisantes de l’Afrique. Nous les assumons. Nous dirons plus loin pourquoi.

Première image. La prochaine rentrée universitaire s’annonce inédite au Libéria. Aucun nouvel étudiant ne fera son entrée à l’université. Les 25 000 candidats ont tous échoué à l’examen d’entrée. S’agit-il d’une erreur administrative ou d’une défaillance du système éducatif du pays ? Une situation qui, dit-on, n’est pas du goût des étudiants et qui indigne la ministre de l’Education.

Deuxième image. Le directeur général du Trésor public centrafricain, Judes-Alex Ketté, a été arrêté pour escroquerie après que les autorités eurent découvert que les décorations portées par le Président Michel Djotodia, lors de sa prestation de serment, étaient des faux grossiers. Il est reproché à ce DG d’avoir détourné une partie de la somme d’argent destinée à l’achat des atours à parer le Président de la transition le 18 août dernier, lors de la cérémonie de prestation de serment. Il a empoché une partie des 600 millions de francs CFA prévus à cet effet. Ceci, avec la complicité d’un joaillier sénégalais, d’un homme d’affaires centrafricain et d’un responsable de la Chancellerie. Il a alors fourni les atours (notamment grand-croix et écharpe) issus d’une contrefaçon. La supercherie, dit-on, a été découverte par le Président congolais Denis Sassou Nguesso qui assistait à la cérémonie.

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Troisième image. Nous sommes au Bénin, dans l’arrondissement de Hinvi, dans la commune d’Allada.  Les élus locaux de la localité ont découvert, à leur grande surprise, le fait que le domaine réservé pour abriter la Direction départementale des Travaux publics et des Transports a été bradé à un individu qui en détient une convention de vente. C’est le chef du village de Tanga, dans l’arrondissement de Hinvi, qui a signé cette convention. Il n’a pas consulté les documents et les services relevant du foncier, notamment le certificat de non litige.

Quels enseignements tirées de ces trois images ? Chacune d’elles conte et raconte, à sa manière, l’Afrique telle qu’elle va, l’Afrique telle qu’elle s’offre à voir, l’Afrique telle qu’elle doit refuser d’être pour espérer donner une autre image d’elle. 

Nous avons affaire, avec ces trois images, à des faits divers d’un genre particulier. Elles montrent l’Afrique confrontée à un grave problème de gouvernance qui choque le simple bon sens. Ici, au Libéria, comment croire à l’échec de 25 000 candidats à l’examen d’entrée à L’Université ? Là, en Centrafrique, comment pousser l’audace jusqu’à trafiquer les symboles aussi représentatifs de l’Etat ? Là-bas, au Bénin, comment, poussé par l’appât du gain, on peut ainsi se laisser aller à piétiner le bien public, à malmener la chose publique ?

Nous avons affaire, avec ces trois images, aux cadres. Ils sont admis, pour la plupart, dans le bois sacré du pouvoir. Ils ont rang de décideurs, étant les oreilles et la plume des princes qui nous gouvernent. Difficile de les imaginer se laisser choir aussi bas dans les sous-sols infectes de la République. Par l’odeur de l’argent alléchés, ils jettent le masque, ils révèlent leur vraie nature. Ce sont des fossoyeurs de l’espérance dans une Afrique qui n’a aucune raison de désespérer.

Au total, ces trois images nous aident à nous faire une idée des maux qui nous rongent et qui nous empêchent ne nous élever jusqu’à la hauteur de nos rêves. Nos épreuves d’aujourd’hui sont nos meilleures rampes de lancement. Un proverbe de l’Afrique du Nord nous confirme dans cette certitude :  » Ne louez, ne blâmez personne avant de l’éprouver, car les hommes sont des caisses fermées dont la clef est l’épreuve »     

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