Le rapport accablant de la Banque Mondiale sur le système sanitaire béninois

A la fin d’une mission de supervision qui a eu lieu à Cotonou, du 03 au 11 juillet 2013, les experts de la Banque Mondiale ont produit un «aide-mémoire» accablant sur le système sanitaire béninois. Le système de santé du Bénin est malade.

Et c’est d’ailleurs ce que confirme un rapport intitulé «aide-mémoire», produit par des experts de la Banque Mondiale, au nombre de 05, avec à leur tête Monsieur Christophe Lemière, Spécialiste Principal en Santé, Chargé du Projet. Ces experts ont, du 03 au 11 juillet 2013, effectué une mission de supervision du Projet de Renforcement de la Performance du Système de Santé (Prpss). Numéroté 0357/PRPSS/2013 et daté du 12 août 2013, ce rapport-bilan de la mission des experts de la Banque Mondiale, sur lequel sont apposés la signature et le cachet du Représentant Résident par intérim de l’Institution financière,  Erick H. Abiassi, fait un diagnostic du système sanitaire béninois. Et ce diagnostic dans lequel les mots «malgré» et «contrairement» retrouvent tous leurs sens, laisse transparaître un système de santé agonisant et loin d’être satisfaisant.

En effet, selon le rapport, les résultats en termes d’évolution des indicateurs « Financement basé sur les résultats » (Fbr), composante 1 du projet Prpss, sont «assez mitigés» pour l’année 2012, avec une stagnation de la plupart des composantes. Les raisons de cette stagnation ont, entre autres, pour noms : retard de paiement des formations sanitaires et surtout de leurs personnels. Aussi, l’aide-mémoire, fait-il remarquer que : «contrairement aux autres pays Fbr, il n’existe pas encore au Bénin de ligne budgétaire dédiée au Frb». En clair, le Gouvernement du Bénin ne dispose pas de stratégie de financement de cette composante du projet qui vise à renforcer le système sanitaire. Toutes choses qui ne garantissent pas la pérennisation du Fbr.

Singularités négatives et incohérences. Au sujet de la composante 2 du projet, relative au renforcement de l’accessibilité financière, principalement celui relatif à l’appui direct à la mise en place du Régime d’Assurance Maladie Universelle (Ramu), le point fait de la situation suscite inquiétudes et interrogations sur le projet. Dans la conception et la mise en œuvre du Ramu, «gage d’une meilleure santé pour une prospérité partagée», selon les initiateurs, les experts ont relevé des singularités – malheureusement loin d’être des innovations – qui tranchent avec le système d’assurance maladie des pays comme le Ghana, le Sénégal et le Rwanda, sur qui le Bénin a pourtant calqué son Ramu. Et mieux l’absence de la mise en place, au mois de Juillet 2013, d’un certain nombre de choses nécessaires, pourtant, à la mise en œuvre, et le constat d’un certain nombre d’incohérences – sur lesquels votre journal  »La Nouvelle Tribune » reviendra plus en détail avec de nouveaux éléments, dans sa prochaine parution – qui ont provoqué la réticence de l’Institution financière de Bretton-Woods. Qui prévient d’ailleurs que, si les recommandations des experts ne sont pas mises en œuvre dans un délai donné, qu’elle devra «reconsidérer son appui au Ramu».

De sources dignes de foi, on apprend que les recommandations des experts de la Banque Mondiale, tout comme d’ailleurs celles de la mission effectuée en février 2012, par les experts du Partnership for Health (P4H), n’ont jusque-là par été mises en œuvre.

En ce qui concerne les autres composantes du projet, en dépit des retards remarquables, le rapport fait constater des satisfactions. Idem au sujet de la gestion de l’Unité de Coordination du Projet (Ucp) qui demeure «modérément satisfaisant». Car ici aussi, des problèmes subsistent. Et ont, entre autres, pour noms, retard important, faible taux de décaissement après deux années de mise en œuvre, insuffisances d’organisation comptable…

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