Yayi, ce Président si reconnaissant

Bon nombre de ses opposants et de ses détracteurs le disent sans barguigner : Yayi est le plus vindicatif et le plus persécuteur des Présidents que le Bénin ait connu depuis 1960. Ses adversaires politiques, il les poursuit jusqu’au bout, et ne les laisse tranquilles que s’il a la certitude de les avoir anéantis totalement. Sa volonté de vengeance, il l’a à fleur de peau, comme d’ailleurs sa rancune toujours tenace.

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Il n’hésite pas à s’acharner contre le dernier des pourfendeurs du régime, fut-il celui du plus petit hameau du pays. Il réprimerait tout, même les affaires économiques de ses opposants. A l’un, il aurait réussi à geler ses affaires d’importation de pomme, et empêcher les voyages de bien d’autres encore. On raconte, dans les arcanes du pouvoir, qu’il a failli tomber en syncope en apprenant un jour qu’un député de l’opposition, qu’il a pris le soin de bien cadenasser financièrement à l’avance, a pu s’acheter un véhicule neuf. Qu’aussitôt, il a lancé à ses trousses sa batterie d’agents de renseignements, pour lui chercher, dans les brefs délais, les sources de financement et la traçabilité des fonds qui ont servi à cet achat. Sa vengeance n’a de raison que sa volonté de puissance et son attachement au pouvoir. Sa répression s’abat donc sur le moindre esprit contestataire. On ne compte plus le nombre, de plus en plus croissant, de Béninois, opérateurs économiques ou hommes politiques estampillés comme «opposants» et contraints à l’exil sans pitié. Ce visage est le plus connu du Monarque de la Marina.

Mais, Yayi est aussi ce Président gentil, assez débonnaire, très reconnaissant, qui vous remercie une fois que vous lui avez rendu service. Il l’a d’ailleurs démontré le samedi 14 septembre, à l’endroit de Nardos Békélé Thomas, Représentante Résidente des Nations Unies au Bénin. Alors en fin de mission au Bénin, Boni Yayi est allé lui rendre visite à la maison, pour lui rendre un vibrant hommage, au nom du Peuple béninois, pour ses contributions exceptionnelles au développement du Bénin. Les annales de la Diplomatie béninoise ne doivent pas compter assez de visites de ce genre, où un Chef de l’Etat rend visite, à la maison, à un fonctionnaire de l’Onu, avec toute la solennité requise. Les plus  curieux pourront se demander pourquoi les autres diplomates, dont les contributions au développement du Bénin ne sont pas des moindres, n’ont pu bénéficier d’un tel honneur ? Doit-on rappeler que cette dame a été l’une des chevilles ouvrières de la confection de la Lépi, qu’elle a conduit le processus jusqu’au bout, en restant sourde aux nombreux griefs de l’opposition et de la Société Civile, et même en s’érigeant en avocat de cette Lépi ? On ne trahira aucun secret en disant que cette Liste a été pour beaucoup dans l’avènement du K.O présidentiel. Comment voulez-vous que le Chef ne lui soit pas reconnaissant ?  Qu’en dira-t-on de Nassirou Arifari Bako, bombardé ministre des Affaires Etrangères juste après ces élections ?  Si ce n’est pas son talent de Diplomate (ce qu’il n’est pas), qui motive cette nomination, encore moins sa grande influence politique, il est fort à parier que sa «docilité» et sa conduite à pas forcés, du processus de la Lépi, n’est que le seul mérite pour bénéficier de ce maroquin. Et il n’est pas le seul remercié, après avoir rendu service au Chef. C’est le cas d’Eugène Dossoumou. Son poste de Secrétaire Général du Gouvernement, il ne l’a obtenu qu’après avoir travaillé pour la cassure et la disparition du Fard Alafia, dont il était le Secrétaire général, afin de permettre à Yayi de reprendre son hégémonie politique sur le Septentrion.  Le travail bien fait, il est fait Sg du Gouvernement. Quid de Barthelemy Kassa ? Son rôle de trublion et d’espion, il l’a réussi à la Céna 2008. Ce qui a permis au gouvernement de faire cafouiller les choses, et de contester les résultats après. La mission réussie, il est nommé ministre. Et même sans trouver une goutte de pétrole, il est sorti du gouvernement, mais revient au même poste après avoir courageusement lancé les premières campagnes de soutien pour la révision de la Constitution au Nord. Lui au moins, il a compris son chef, et sait lui rendre service. Et  à chaque fois, la récompense tombe. Servez donc le Chef et il vous servira à son tour.        

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