UAC : le Rectorat subit le revers d’une mesure électoraliste de Boni Yayi

En annonçant dans la précipitation et l’agitation la gratuité des inscriptions dans les universités publiques, Yayi n’a pas pris la mesure de ses engagements. Aujourd’hui et face à l’impérieuse nécessité de gérer la pléthore d’étudiants que la mesure a déversé à l’Uac, l’équipe actuelle doit subir les revers d’une décision purement électoraliste et irréfléchie. G ouvernement ventilateur avait dit l’autre.

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Et pourtant, il a été traité de mauvais perdant. Aujourd’hui, les faits nous rattrapent et lui donne raison. Loin de la politique, et en vérité, si nous voulons un enseignement de qualité, la gratuité n’est pas une mesure salutaire. Le gouvernement a-t-il versé intégralement les frais d’inscription des bénéficiaires de la mesure à la comptabilité de l’Uac, depuis l’entrée en vigueur de la mesure ? Pour commencer, à combien s’élève le manque à gagner causé par sa mesure ? Nous sommes dans l’ordre de 900 millions F Cfa sur la période. Confrontés à la réalité, et soucieux d’assurer une éducation de qualité, et face au manque de volonté de l’Etat de construire et d’équiper l’université en matériels nécessaires, Sinsin et ses collaborateur n’ont d’autre choix que de faire payer les étudiants. Et là où je les trouve ingénieux, c’est qu’ils ne touchent pas à l’esprit de la décision présidentielle, mais se fraient un chemin pour avoir les moyens de leur politique. Quoi de plus normal ? Et de quoi parlons-nous ? De 15.000 francs Cfa, et pour la seconde inscription encore. Je ne suis pas adepte de la théorie du complot et ne voit pas de la manipulation. Mais j’en appelle à l’esprit de compréhension des étudiants et plaide la bonne foi de l’équipe rectorale qui, à mon avis, ne pense qu’à assurer aux étudiants de bonnes conditions d’étude et de travail. Et si ce n’est que ça, un sacrifice de plus ou un téléthon encore, ne sera pas de trop. Et si on demandait aux étudiants de participer à une souscription pour la construction d’amphithéâtres et de laboratoires ? Je crois, et c’est mon intime conviction, que cette fois-ci le Gouvernement comprend le message et que chacun ferait son travail pour nous éviter des incongruités pareilles ? Car si on n’a pas réfléchi, et que sur un coup de tête on arrive à prendre une décision qui, certes, comporte des implications, on se rattrape vite en prenant le Décret d’application. Que dire de nos chers amis de la Présidence et des ministères des Finances et de l’Economie, et celui en charge de l’Enseignement Supérieur, qui quatre ans durant, ont remis de l’argent pour combler le manque à gagner, sans voir le Décret. Et nos députés devant qui ces ministres vont plancher pour l’exercice budgétaire ? Triste simplement. Dans ce pays, personne ne fait plus son travail, et l’argent est dépensé sans contrôle. Que dire du contribuable, il a simplement renoncé. Quand on s’empresse de prendre, sans étude de faisabilité ni phase-pilote, une mesure aussi importante que la gratuité des inscriptions dans les universités publiques, cela finit par rattraper. Et le Rectorat ne fait que subir le revers d’une décision électoraliste de Boni Yayi.
Lucien Batcho (Coll. Ext), depuis Ouagadougou

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