Un vote qui dit beaucoup sur le Parlement béninois, sixième législature. Le rejet du projet de Budget Général de l’Etat (44 voix pour et 39 contre) après vote, permet de découvrir l’un des visages jusque-là cachée de la sixième législature. Le vote du Budget s’est toujours fait à main levée.
Ce mode de scrutin permet d’identifier les députés qui ont voté pour ou contre le texte soumis à leur appréciation. On peut voir en ce vote à main levée, l’expression libre de la réelle volonté de chaque élu parlementaire. Toutes choses qui pouvaient permettre au Chef de l’Etat d’exercer des pressions ou «réprimander» les députés de sa famille politique qui aurait voté contre le projet de Budget.
En exigeant donc le vote secret, les députés – surtout ceux de la mouvance – avaient sans doute l’intention de se protéger des représailles que pourrait entrainer leur opposition, à visage découvert, au projet de Budget introduit par leur chef, Boni Yayi. Cela soulève la question de la sincérité des différents choix opérés jusque-là par les députés de la mouvance, lors des différents votes faits à main levée. Si le vote du Budget avait été fait à main levée, il n’aurait sans doute pas été rejeté.
Le K.O de Boni Yayi à la présidentielle de mars 2011, s’est suivi d’une victoire écrasante aux législatives. Le Chef de l’Etat s’en était sorti avec une majorité appréciable. L’allégeance de la Renaissance du Bénin (Rb), lui avait permis de conforter sa majorité parlementaire. Depuis lors, les projets de lois du gouvernement passaient tous comme une lettre à la poste. Mais cela n’était possible que lors du vote à main levée.
Deux leçons sont donc à tirer du rejet d’hier, à la suite du vote secret. Primo, Boni Yayi ne disposait en réalité que d’une majorité de façade, avec des députés qui étaient contraints de faire la volonté du chef, de peur de subir ses représailles. Secundo. Boni Yayi ne dispose plus d’une majorité acquise à sa cause, en tout temps et en tout lieu. C’est sans doute le début d’une redistribution des cartes politiques, dans la perspective des élections présidentielles de 2016.
Nouvelle dynamique politique!?
Les partis politiques de l’opposition, représentés à l’Assemblée, que sont le Parti du Renouveau Démocratique (Prd) et l’alliance l’Union fait la Nation (Un), sortent ragaillardis de ce rejet du Budget. Ils avaient promis œuvrer pour le rejet. Et il l’on réussi. C’est un grand coup politique. Ce coup, ils ne l’auraient sans doute pas réussi sans l’apport du groupe parlementaire Cohésion nationale et Paix de Candide Azannaï, surnommé G9, qui marque sans doute des points. C’est le second message fort que l’Assemblée Nationale vient d’envoyer à Boni Yayi, en moins d’un trimestre. On se rappelle encore le rejet par la Commission des Lois du projet de révision de la Constitution. Boni Yayi perd la main politiquement. Et comme nous l’avions écrit le 04 décembre, lorsque Paris a refusé d’extrader Talon, c’est le début d’une fin de règne tumultueuse, pour l’actuel locataire du Palais de la Marina. Les premiers signes sont là. Seulement, novice en politique à son arrivée à la tête du Bénin, il a eu le temps pour apprendre. On se demande désormais comment ce novice, devenu animal politique, va réagir pour reprendre du poil de la bête. Au Bénin, on est sans doute dans l’engrenage d’une nouvelle dynamique politique, comme l’a posté Romaric Banon, ce citoyen béninois, sur son profil Facebook dans l’après-midi d’hier.
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