2013 : année de la généralisation de la crise sociale au Bénin

Après la crise de l’école en 2012, on croyait en une reprise des négociations Gouvernement/acteurs sociaux. Mais non. Et avec la «dégradation» des conditions de vie et de travail des Béninois, les mouvements de contestation ont gagné d’autres secteurs. 

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Contrairement à l’année 2012, où le secteur de l’Education avait eu le monopole de la crise, avec les grèves tacitement reconductibles, 2013 aura été l’année de la généralisation des mouvements de contestation et des revendications syndicales. De l’Ecole à la Justice, en passant par la Santé et l’Economie, Gouvernement et Partenaires sociaux ne parlaient pas le même langage, et il n’a été question que de sit-in, de grèves et autres marches de protestation.

Dialogue de sourds

Secret de polichinelle. Les relations entre le Gouvernement et ses partenaires sociaux sont glaciales. Et ce, depuis 2012 où les négociations Gouvernement/Centrales Syndicales ont été bloquées. Notamment lors de la crise de l’école, où les enseignants ont été jetés en pâture aux populations. Depuis ce fameux épisode, le Dialogue social est en panne. Les différentes rencontres entre Gouvernement et Centrales syndicales, se sont toujours terminées en queue de poisson. Le dernier séminaire organisé le 28 novembre par le gouvernement, sur le Dialogue social, en dépit des espoirs qu’il avait nourris, a été un fiasco.   Les ministres – représentants du Gouvernement à ce séminaire – se sont en effet retirés juste après la cérémonie d’ouverture. En réponse à ce qu’ils considèrent comme une moquerie, les Secrétaires généraux des centrales et confédérations ont fait pareil.

Le Dialogue social étant ainsi bloqué, les revendications des travailleurs, dans la plupart des cas, n’ont pas été prises en compte, et des crises sont nées ça et là.

La Santé «malade»  

Très sensible, le secteur de la Santé a été en cette année 2013, qui tire inexorablement à sa fin, très marqué par des mouvements de protestation et de revendication répétés, et de divers ordres. Lesquels mouvements ont, et continuent d’ailleurs, de paralyser le système sanitaire béninois.

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La grève des praticiens hospitaliers, déclenchée le 1er octobre 2013 pour exiger du Gouvernement l’apurement du Protocole d’accord signé en mai 2008, va en empirant. De 48 heures (2 jours) d’avertissement avec service minimum, ce mouvement de revendication est passé aujourd’hui à 118 heures (5 jours) sans service minimum.

Si elle est la plus longue et la plus radicale, la grève du Collectif des praticiens hospitaliers n’est pas la seule qui secoue le secteur. Il y a également le mouvement revendicatif des médecins en études de spécialité, qui réclament outre des bourses d’étude, des primes de garde et de risque. En plus de cette grève des médecins en études de spécialité, il est à noter la  crise des pharmaciens, et les crises internes à chaque hôpital.

Comme Joseph Lanwassonou, président du Collectif des praticiens hospitaliers, et ses autres collègues du secteur de la Santé semblent ne pas démordre, face à la sourde oreille des autorités en charge de la Santé, le mouvement risque de se radicaliser davantage. Et avec, la vie des populations de plus en plus en danger.

L’Education en crise

Débutée en janvier 2012, la crise de l’école béninoise s’est poursuivie en 2013. Les revendications du Front d’action des trois ordres de l’enseignement, relatives à la jouissance de la valorisation de 1.25 du point indiciaire des agents de l’Etat, étant restées insatisfaites. Mais, il est à souligner que, contrairement à l’an dernier où les mots d’ordre de grève ont été suivis à la lettre, faisant même planer le spectre d’une année blanche, les appels à la grève lancés en 2013 par Lucien Glèlè-Langanfin et ses pairs, ont été très entendus. Laissant régner une sorte d’accalmie. Mais, seulement dans la maternelle, le primaire et au secondaire.

En effet, si tout s’était jusque-là bien passé à l’Université d’Abomey-Calavi, depuis l’installation de la nouvelle équipe rectorale, la rentrée académique 2013-2014 a été des plus mouvementées. Une polémique née autour des conditions de la gratuité de l’enseignement, du fait de l’absence du Décret y afférent, a, pendant des semaines, mis l’Uac, qui vient d’être distinguée «Meilleure Université régionale» au Sommet des Leaders d’Oxford, au devant de l’actualité nationale. Notamment avec les grèves et sit-in des mouvements estudiantins, qui ont pour la plupart tourné en affrontements entre étudiants et Forces de l’Ordre, et se sont souvent soldés par des blessés (un cas grave), des interpellations et des arrestations d’étudiants. N’eut été l’intervention du ministre d’Etat chargé de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, la crise continuerait surement.

L’Economie en sit-in

Au ministère de l’Economie et des Finances, les sit-in de dénonciation sont devenus une activité hebdomadaire.  Pour dénoncer le frauduleux concours de recrutement d’agents au Mef, qui, en dépit du tollé qu’il avait suscité, vient d’être validé, alors même que les résultats des travaux de la Commission Elègbè restent inconnus, des sit-in sont régulièrement organisés dans ce ministère.  Et cela, par la Fédération des syndicats de l’Administration des Finances (Fésyntra-Finances). Pour ce même concours, des marches et sit-in avaient été organisés, et par l’Association Nationale des Diplômés sans Emploi et Chômeurs du Bénin, et par la plupart des Centrales et Confédérations syndicales.

Soulignons que le concours frauduleux n’est pas la seule raison des sit-in au Mef. Des revendications d’ordre corporatistes expliquent la tenue régulière de mouvements de protestation dans ce ministère, par le Secrétaire général, Laurent Mètongnon et ses collègues.  

L’appareil judiciaire paralysé

Tout comme dans les autres secteurs, la crise qui paralyse, depuis mai 2013, le secteur judiciaire est d’ordre corporatiste. Les nominations de magistrats dans les cours et tribunaux, sont dénoncées par l’Union Nationale des Magistrats du Bénin (Unamab). Michel Adjaka et ses collègues estiment, en effet, que le processus d’affectation est entaché d’irrégularités, et qu’il faille les réparer. Aussi, avec les affaires dites d’empoisonnement et de coup d’Etat, et la question de la sécurité du Juge Angelo Houssou, l’Union ajoutera-t-elle à sa revendication la sécurité des magistrats au Bénin. Mais, comme le Gouvernement semble ne pas faire attention à ses revendications, l’Unamab, après un moratoire, a déclenché une grève de 72 heures par semaine tacitement reconductible. Et ainsi, pendant 3 jours, hebdomadairement, les cours et tribunaux étaient déserts. Laissant ainsi les usagers et les justiciables à leur triste sort.  

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