Boni Yayi et l’effet boomerang

Ceux qui ont bien suivi le déroulement de l’élection présidentielle de Mars 2006 et qui ont encore la chance d’être les témoins de l’isolement progressif de notre pays au triple plan politique, économique  et institutionnel, ne peuvent manquer de s’interroger sur ce qui nous arrive. Ils doivent surtout, et légitimement,

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se demander comment l’homme qui nous a été présenté comme le sauveur, économiste-banquier à nous directement livré par une “grosse banque de développement sous-régionale” a pu conduire notre pays au chaos actuel

Si pour beaucoup, la situation actuelle que traverse notre pays appelle des solutions drastiques au plan de la prospective, notamment la “réinvention totale de l’Etat à travers ses institutions et les hommes et femmes chargés de les animer, il est tout autant utile de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur pour mieux comprendre comment on en est arrivé là afin d’éviter les mêmes erreurs à nos progénitures ainsi qu’à  la postérité. 

Le refus de voir la réalité en face

A la veille du second tour de l’élection présidentielle de Mars 2006, on se souvient encore des tractations qui ont conduit le Président Boni Yayi au pouvoir. Trop beau pour être vrai, un Président élu avec un score presqu’a la soviétique de 75% du suffrage, portant ainsi à la cime, l’espoir de tout un peuple. Aujourd’hui, presque huit années après, le désenchantement est à la mesure de l’espoir suscité tambours battant par la déferlante verte des cauris. On se serait cru dans une salle de cinéma, ou le “Chef-bandit”, héro du film a “tue” tous ces compagnons et se retrouve seul debout dans le désert, cherchant une issue et la prochaine victime expiatoire. 

Cette situation à laquelle notre pays, jadis considéré comme laboratoire de la démocratie dans la période post-conférence de la Baule, est aujourd’hui confronté, mérite une analyse objective. Il s’est fait que la classe politique de notre pays dont certains des acteurs majeurs ignoraient totalement le profil politique du candidat Boni Yayi a simplement choisi de ne pas regarder la réalité en face. Cette réalité, consacrée par les meilleures pratiques développées dans les Etats modernes, suggère que la conduite d’un Etat soit confiée à un homme ou une femme qui a une dimension politique avérée et qui d’une manière ou d’une autre, a pratique la chose politique,  a défaut d’être lui-même membre attitré d’un parti politique puisque tout citoyen est libre d’appartenir a une parti politique ou de faire la politique en dehors de ce cadre. Plusieurs années après ce choix porte au soir du 17 Mars 2006 par la Coalition dite “Wologuèdè” sur le candidat Boni Yayi au détriment de Maitre Adrien Houngbédji, nombreux sont nos compatriotes qui s’interrogent encore sur les motivations d’une telle option, a l’époque présentée comme la volonté de changement du peuple béninois au nom duquel  tout se fait et se défait, se dit et se dédit depuis notre indépendance nominale.

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Une option aux conséquences incommensurables

Chose curieuse, tous ceux qui ont apporté leur contribution politique, financière et morale à cette entreprise présentée comme pleine de promesses se retrouvent aujourd’hui à la touche, si certains ne sont pas simplement pousses à l’exil, jetant ainsi la pierre à celui dont ils ont vanté les mérites et adulé il y a seulement moins d’une décennie. Il est vrai, les choses changent dans le monde d’aujourd’hui à une vitesse de plus en plus rapide, mais on reste perplexe devant la manière cavalière et même agressive dont l’homme du changement et de la refondation s’est retourne contre ses faiseurs d’hier et même une grande partie du peuple, au point de forcer la main à ce dernier à travers un K.O concocté par l’un des rares soutiens qu’il comptait encore parmi les supporters des premières heures. Pourquoi ces derniers ont-ils accepté de participer à la conception et à l’exécution du KO? L’avenir nous le dira. Seulement, le petit strapontin offert pour services rendus avant, pendant et après l’élection de   Mars 2006 utilisé et usité par le nouveau Frère Melchior et passé en relais au coordonateur du mémorable KO qui flotte aujourd’hui dans le landerneau politique béninois comme un homme en panne de crédibilité, survivra difficilement à l’usure du temps. A moins d’en consacrer la donation d’une génération à une autre des vendeurs d’illusion d’hier, jouisseurs de tous les temps.

En finir avec les oiseaux rares en 2016!

S’ils ont la chance que l’élection présidentielle est organisée en Mars 2016 par le héro du KO, ils ont la possibilité de tirer leçon de l’effet boomerang que leur renvoie en pleine figure celui qu’ils ont fabriqué  de toutes pièces et livré aux Béninois comme la solution à leurs aspirations légitimes à la paix, à la démocratie et au progrès social bien mérité. Et nous y voila donc! Aujourd’hui, et ceux qui ont tourné le dos consciemment ou inconsciemment à la dure vérité qu’il y a pas de génération spontanée en politique et ceux qui ont subi les conséquences désastreuses de leur option hasardeuse ont appris la leçon. Pour l’avenir de notre pays et de son peuple, il sied que nous puissions identifier les leaders politiques qui tiennent debout et assument leur rôle dans le jeu politique de notre pays, qu’ils soient ou non chefs de formation politique. Si nous nous résolvons à choisir ceux qui refusent de s’assumer comme leaders et qui marchent sur des œufs, font les couloirs et salamalecs, se murent dans un silence complice sur les dérives du pouvoir, tout en mêlant parfois sans scrupule des personnes d’un certain âge à leur jeu de pile ou face, nous aurons encore une fois dresse le lit à l’imposture, au recul de la démocratie et à la régression économique et sociale de notre pays.

Mais pour y parvenir, il faudra poursuivre le combat actuel de salubrité publique en poussant vers la porte de sortie, l’ordre actuel des choses, celui qui, visiblement, n’a renoncé à rien.

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