Le cercle des mécontents du régime Yayi s’élargit de jour en jour. Après les magistrats, les enseignants, les médecins et les autres travailleurs en lutte, les étudiants ont décidé d’entrer dans la danse vendredi 21 février dernier. Mais face à eux, Yayi s’est montré moins « belliqueux ».
Il a habilement manœuvré pour éviter leur révolte et a même donné des consignes afin qu’ils n’entraînent pas l’ensemble des élèves dans la grève. La peur a changé de camp. Malgré ses chars et l’important dispositif de sécurité qui l’entoure, Yayi n’a toujours pas la conscience tranquille. Le vendredi dernier, il a tout fait pour éviter la colère et la montée de la violence des étudiants. Ce jour, l’Union nationale des scolaires et étudiants du Bénin (Unseb) et l’association nationale des chômeurs avaient prévu une marche qui devrait partir du campus. Selon les informations reçues, les élèves devraient y être associés. Les contacts avaient été pris par les responsables de ces deux associations pour que les élèves y participent aussi et réclament la satisfaction des revendications de leurs enseignants, condition sine qua non pour la reprise des cours. Informé de cette situation, le gouvernement a donné des instructions pour empêcher que les élèves entrent dans le mouvement. Et ceci par une idée saugrenue. Par le truchement du directeur de l’Enseignement secondaire de l’Atlantique et du Littoral, le gouvernement a fait annuler les cours dans tous les collèges et déclenché de facto une entrée anticipée dans les congés de détente ou congés de février prévus pour ce vendredi. Tout ceci est fait pour empêcher les élèves de venir en soutien aux étudiants. Ce même vendredi, Yayi devrait se rendre à l’Université d’Abomey Calavi en compagnie de son hôte Hermann Van Rompuy, président du Conseil européen élevé au grade de docteur honoris causa à l’amphi Idriss Déby. Mais curieusement, informé d’une fronde des étudiants – sur le campus – qui avaient même bloqué les portails de l’université, le président a décidé de transférer la cérémonie de décoration au Champ de foire. Par deux fois dans la même journée, Yayi aura réussi habilement à éviter l’ire des étudiants qui ont promis revenir à la charge mercredi prochain.