Malaise socio-politique au Bénin : tous responsables, autopsie d’un malade multirécidiviste

Vous ne me contesterez pas, vous ne me contredirez pas. Chaque peuple mérite ses dirigeants. Yayi Boni est la somme des Béninois. L‘image du pays et ce que nous, ensemble reflétons. Le Bénin n’est pas malade. Les Béninois ne sont pas fous. Yayi Boni n’est pas bête.

Publicité

Ceux qui l’entoure et le conseille le savent. La classe politique dans son ensemble sait que quand on tire certaines ficelles, elles peuvent faire mal à tous. Il y a la peur, ça menace, ça craint. Beaucoup de tapages. A qui cela profite ? Personne. Mon âge ne me permet pas de comprendre et de dire certaines choses. Mais pour le peu que je connais de l’histoire de ce pays si fort par ses têtes pensantes et si fragile du fait de ce qu’on en a fait depuis l’avènement de la démocratie, je me dis que personne n’est plus responsable que l’autre. Une démocratie qui ne nourrit pas son peuple ne mérite pas d’en être une. Et lorsque Yayi traite notre démocratie de ’’nescafé’’, je suis tenté de lui donner raison sur certains points. Nous avons un taux de scolarisation enviable. Indéniable me diriez-vous ? Mais, regardez notre classe politique, regardez notre société civile, regardez notre jeunesse, regardez notre système éducatif. Ils ont quoi de sain et de démocratique. J’ai beau regarder, je ne vois rien qui donne espoir. Notre pays est en crise. Et tout le monde ne voit que Yayi, imaginons qu’il finisse son mandat et s’en aille. Pensez-vous que nos maux seront calmés, je doute fort que la pente que nous empruntons nous  sorte des tares que nous trainons depuis 1990.

Un peuple hostile à l’ordre

Dans un pays où tout le monde parle, tout le monde connait, tout le monde revendique et personne ne veut prendre ses responsabilités, on ne peut espérer meilleur. Paresse généralisée, culte de l’argent, corruption et refus de l’ordre et la justice, le Bénin souffre non de la gouvernance Yayi mais de la gouvernance d’un peuple qui refuse l’ordre. Tout est politique, tout est justifié par la politique. Je déteste la gestion actuelle du pays mais je juge exagérer les propos et comportement qui ont cours actuellement dans la classe politique actuelle. Une chose est certaine, on peut faire mille Conférences des Forces vives, écourter le mandat du président, rien ne changera si le Béninois ne fait pas violence sur lui-même et accepter qu’un pays c’est la somme des actes de ses citoyens. Et si le poisson pourrit toujours par la tête, je ne jette pas la pierre à une seule personne mais à ceux qui nous ont dirigé, qui nous dirigent et aspirent à nous diriger. S’il manque quelque chose pour apaiser les passions qui se déchainent et qui font poindre à l’horizon des signes d’inquiétude, il faut le trouver chez l’historien des présidences Robert Dallek. Il s’agit d’une vision, du pragmatisme, la faculté de réaliser le consensus autour d’eux, leur charisme et être digne de confiance. Et c’est là on reconnait le diagnostic négatif de notre pays et son système de pensée. Le Béninois est hostile au changement car il ne veut pas en payer le prix. A-t-on besoin de faire le gendarme derrière nous pour qu’on aille au bureau à l’heure? S’acquitter sans contrainte de son devoir? Respecter le code de la route, avoir son assurance à jour, payer ses impôts et immatriculer sa moto ou son véhicule? Savoir définir ses objectifs, les faire partager, convaincre de leur bien-fondé ? Boni a été élu sur un projet, où l’a-t-il mis pour verser dans le populisme ? Où étions-nous quand la confiance a commencé à s’effriter ? Nous étions aveuglés par l’argent ? Eh oui, un peuple d’intellectuels qui adore l’argent et des religieux qui mentent à des disciples incapables de discernement. Yayi ne sait pas communiquer et pourtant, il a des conseillers en communication. Il ne sait pas expliquer dans quelle direction il va, c’est un propagandiste et pourtant nous avons un ministère de la planification et dans chaque cabinet des directions ou service en charge de la programmation et de la planification.

Débats sans sincérité

A qui la faute ? Tous coupables, du Parlement aux autres institutions, nous avons laissé faire. Il manque de charisme, de crédibilité et est incapable de réaliser le consensus autour de lui, nous l’avons pourtant porté au pouvoir? Nous ne nous faisons pas confiance et ce qui me perturbe dans les discours actuels de tous les camps, tous sont passés aux affaires et ont été traité de la même manière. Yayi peut bénéficier de la palme de président qui manque de confiance en lui et qui brise la confiance entre lui et ses anciens collaborateurs. Mais est-ce quand  on le quitte qu’on s’en rend compte ? J’en doute. Nous Béninois en général ne nous faisons pas confiance. Cette méfiance je souhaite que les sociologues s’y penchent pour nous aider à comprendre si le dépend nord-sud agité est réellement fondé. Si Yayi démissionne aujourd’hui ou qu’il parte en 2016, aurons-nous résolu nos problèmes ? La qualité de nos débats manque de sincérité et nous avons peur de nous regarder en face et nous dire la vérité. Et tant que ce sera ainsi, nous travaillerons à nous faire peur.

Mieux utiliser nos énergies

Que chacun se mette au travail et nos marchés retrouveront du monde et le pays s’en portera mieux. Que nos paysans aillent au champ et cessent de marcher, que nos lieux de culte et couvent cessent d’endormir, d’organiser des prières vides de sens pour la nation et encouragent leurs adeptes à comprendre que seul le travail peut lui assurer l’autonomie. Que nos scolaires et étudiants se révoltent pour exiger une éducation de qualité et arrêtent d’aller s’asseoir au palais pour accepter des discours politiques qui l’éloignent de sa lutte pour une relève de qualité. Notre peuple doit ouvrir les yeux sur ses richesses. Que notre société civile et nos syndicats respectent leurs militants et syndiqués et fondent leurs revendications sur l’amélioration de notre quotidien. Que nos cadres et universitaires élèvent les débats scientifiques et techniques pour donner à ce peuple un espoir nouveau. Nous en sommes capables  et nous l’avons prouvé par le passé. Il est encore possible. Que cette jeunesse qui fuit regagne confiance en elle et assume sa part. J’y crois et je fonde mon espoir sur notre intelligence collective.

Publicité

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité