Opposition à Yayi Boni : la guerre des intérêts est ouverte

En se retirant avec fracas du groupe parlementaire « Cohésion sociale et Paix », le député Issa Salifou a jeté dans la mare nauséabonde de l’opposition parlementaire un pavé qui va en éclabousser plus d’un. Les langues vont se délier.

Publicité

Et, progressivement, le révélateur de la morale politique mettra à nu cette opposition à deux visages, prompte à « cocufier » père, mère et enfants, pour se livrer au plus offrant.

Sauf coup de théâtre spectaculaire qu’on ne saurait exclure, la procédure de traduction du chef de l’Etat devant la Haute Cour de juste a déjà du plomb dans l’aile. Plus personne n’y croit vraiment ; à commencer par ses initiateurs. Mais y ont-ils jamais cru ? On peut en douter.  La menace de destitution de Yayi Boni n’est en réalité qu’un épouvantail de prestige, brandi par une opposition sortie de sa torpeur pour galvaniser les ardeurs de la troupe dont le moral décrépit chaque jour un peu plus.

En effet, les pourfendeurs autoproclamés de l’action gouvernementale ne sont pas, loin s’en faut en odeur de sainteté. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un regard rétrospectif sur leur parcours politique des huit dernières années. Pour la plupart, ils ont flirté, se livrant parfois à des partouzes avec la mouvance présidentielle. Certains ont même occupé de hautes fonctions dans la hiérarchie politique officielle et dans la citadelle privée de la FCBE. Conseillers techniques, ministres du gouvernement et députés souvent même élus sur la liste de la mouvance présidentielle.

La plupart d’entre eux assument d’ailleurs tant bien que mal ce statut de transhumant politique, dès lors que ça peut leur assurer des privilèges substantiels. Pour ces acteurs patentés du vagabondage politique, ce sont les intérêts et non les idées qui déterminent l’appartenance politique à la Mouvance ou à l’Opposition. Feu le président Omar Bongo du Gabon n’avait-il pas raison, lorsque, avec beaucoup d’humour et de réalisme il définissait ainsi l’opposition politique en Afrique :

Publicité

« Lorsque ton frère se déclare opposant, il faut comprendre qu’il a faim. Donne-lui à manger et il n’est plus opposant ».

C’est me semble-t-il, l’analyse politique qu’on pourrait faire des retournements spectaculaires de veste observés ces derniers jours au sein de ce qui est qualifiée abusivement d’opposition, et qui en réalité est un conglomérat d’opportunistes assoiffés de pouvoir. A ceux qui en doutent encore, la preuve est faite qu’au Bénin, le combat politique n’est point au niveau des idées. Les positions politiques affichées par les uns et les autres sont d’abord et toujours dictées par les intérêts égoïstes et bassement matériels du moment. Dans le débat politique actuel, bien malin qui pourrait établir la ligne de démarcation idéologique entre les vrais amis et les adversaires de Yayi Boni.

Et comme si cette collusion des ambitions ne suffisait pas, il fallait que le député Epiphane Quenum apporte son grain de sel pour alimenter cette guéguerre des intérêts. A la suite de son collègue Issa Salifou, l’ancien baron du clan Soglo signe sa sortie médiatique par un déballage particulièrement cinglant qui fait mal aux uns et fait honte aux autres.

On s’attardera moins sur la forme brouillonne et décousue de la déclaration que sur le fond dont on ne sait d’ailleurs quel crédit lui accorder, et s’il faut en rire ou en pleurer. On retiendra surtout en vrac que « Yayi Boni aurait été démarché par les Soglo pour être candidat aux élections présidentielles de 2006, et ce par l’entremise du député Candide Azannaï qui, pour la circonstance a fait le déplacement de Lomé ».

Voilà pour le décor. La suite des révélations est encore plus scabreuse et frise même l’infamie pour nos députés qui décidément sont prêts à toutes les avanies pour s’enrichir sur le dos du peuple. On apprend ainsi des propres aveux  de l’honorable député, que le plan diabolique ourdi pour permettre à Yayi Boni de briguer un troisième mandat, prévoyait l’achat des députés à hauteur de 50 millions de francs Cfa chacun.

Hélas ! Le mécène sollicité, en la personne de Patrice Talon, principal financier de la campagne électorale de 2006 et sans doute aussi du fameux KO de 2012, l’ex-argentier de Yayi Boni aurait donc décliné cette fois-ci l’offre.

Depuis les fameuses et gravissimes révélations du député Epiphane Quenum, aucune réaction n’a été enregistrée du côté du palais de la Marina pour démentir les faits. Et on comprend le mutisme douillet derrière lequel se refugient les « Néo-renaissants » dont on sait désormais que les sorties médiatiques se feront à dose homéopathique. Qui croire ? Tout le monde et personne à la fois.

Ce qui est sûr, c’est que désormais, et grâce à ces scènes de ménages à rebondissement dans la classe politique, l’opinion publique commence à cerner les contours de ces divorces en cascades dans la mouvance et dans l’opposition et dont le fil rouge reste incontestablement la guerre des intérêts.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité