Après trois rencontres de tentatives de sortie de crise, entre gouvernement et syndicats, qui se sont soldées par des échecs, on est tenté de croire que le gouvernement préfère chanter des refrains du dilatoire, plutôt que de s’engager dans un dialogue franc et sincère.
Le gouvernement n’est pas prêt à accéder aux conditions sine qua non posées par les syndicats, qui consistent, d’une part, à relever de leurs fonctions le préfet Placide Azandé et le commissaire Pierre Agossadou et, d’autre part, à restituer les fonds défalqués sur les salaires pour fait de grève. I l est évident que dans ce bras de fer, ce qui est important n’est pas le fait d’accéder à toutes les revendications brandies par les syndicalistes, ni d’accorder des faveurs qui produisent des incidences financières non prévues au budget national en exercice. Ce n’est surtout pas de cela qu’il s’agit, mais d’abord du relèvement de leurs fonctions de deux fonctionnaires de la République qui ont par leurs actes fait couler du sang lors des manifestations pacifiques et autorisées du 27 décembre 2013. Il est un secret de polichinelle que sur les 07 points de revendications affichés par les confédérations syndicales et la Fésyntra-Finances, deux constituent les pierres d’achoppement sur lesquelles sont gelées jusque-là les négociations. Mieux les syndicalistes ne sont pas contre le fait que Placide Azandé et Pierre Agossadou soient promus à d’autres postes de responsabilité. Ils l’ont même fait savoir lors des dernières rencontres avec le gouvernement. Si tel est le cas, on se s’interroge alors sur ce qui empêche le chef de l’Etat, qui sait très bien s’y prendre en jeux de chaises musicales, de changer de poste à ses deux protégés ? Pendant ce temps, l’administration est paralysée dans plusieurs secteurs d’activité et l’Etat qui tourne au ralenti perd des milliards de francs Cfa, chaque jour. Mais cela ne semble aucunement ébranler un chef d’Etat qui prétend aimer son peuple, et qui se voit sous l’angle d’un homme de paix. En ce qui concerne les restitutions des fonds défalqués, deuxième condition essentielle de décrispation de la crise, il s’agit juste d’une rétrocession de droits acquis. On ne saurait perdre de vue le fait que ces fonds ont été défalqués, pour la plupart des cas, dans des conditions arbitraires et en violation des textes qui régissent le droit de grève au Bénin. Il serait plutôt salutaire que le gouvernement cherche à discuter des modalités de restitution des fonds défalqués. Mais, avant d’en arriver là, il va falloir d’abord lever les barrières Azandé et Agossadou et c’est là que l’équation semble déjà se compliquer pour le gouvernement. Pendant combien de temps encore le chef de l’Etat et son gouvernement vont-ils sacrifier l’intérêt général de la Nation au profit de seulement deux têtes ?