Correction de la Lépi et organisations des élections : Il est temps de mettre fin au jeu de ping-pong

Au Bénin, l’organisation des élections, avec une Liste Electorale Permanente Informatisée (Lépi) corrigée et disponible à bonne date, reste incertaine.  Aujourd’hui, tout porte à croire que le dernier mot revient à l’Assemblée nationale qui doit mettre la Cour constitutionnelle à l’épreuve, comme l’a analysé hier André Dossa, rédacteur en chef de Canal 3, lors d’un débat sur la question.

Les questions de la correction de la Lépi et de l’organisation à bonne date des élections à venir étaient, hier, au cœur d’un intéressant débat sur la chaine de télévision privée Canal 3-Bénin. Comme invités, Candide Ahouansou, Ambassadeur à la retraite, Bernard Lani Davo, ancien député et ministre de Boni Yayi, Clotaire Olihidé, spécialiste des questions électorales du parti Alternative citoyenne et Sébastien Dohou, lui aussi spécialiste des questions électorales et membre d’un des démembrements du Cos-Lépi, organe chargé de superviser le processus d’actualisation-correction de la liste électorale. A la manœuvre  du débat, André Dossa, Rédacteur-en-chef de Canal 3.

Il est aujourd’hui évident que les différentes parties impliquées dans le processus électoral et celui de la correction de la Lépi s’adonnent à un véritable jeu de ping-pong. Ce sont le  Gouvernement, l’Assemblée Nationale, la Cour constitutionnelle, le Cos-Lépi et dernièrement la Cena (Commission électorale nationale autonome).

Prévue pour être livrée d’ici fin novembre 2015, la Lépi ne serait probablement pas disponible. Des déclarations faites sur  le plateau de peut, on peut comprendre que la liste électorale que tout le monde croyait exister n’était en vérité que du leurre. Les acteurs politiques se sont tout de même accordés à parfaire l’instrument ayant servi à la Présidentielle et aux Législatives de 2011. Mais ce processus de correction piétine. Et ce piétinement ressemble bien à la manifestation d’un vaste complot contre la démocratie béninoise. A l’heure actuelle, le gouvernement par le biais du ministère des Finances et le Cos-Lépi se rejettent mutuellement la responsabilité, quant au volet économique de ce jeux de « Jean où es-tu ? ». « Le Cos-Lépi dit n’avoir rien perçu pour livrer la Lépi à bonne date et de l’autre côté on (le Gouvernement, Ndlr) rassure que les ressources sont déjà décaissées. Où est donc passé l’argent qui devrait servir à la correction ? Impossible de le dire », s’est indigné Clotaire Olihidé.

Sortir du guêpier

Pourtant, il faut sortir de cette impasse désormais avérée, pour que le Bénin tienne ses échéances électorales ; l’un des baromètres de la démocratie. Plusieurs issues sont envisageables. Et la balle est dans le camp du Parlement, de la Cour constitutionnelle, du Gouvernement et du Cos-Lépi. Comme l’a fait remarquer le ministre Davo, même si les ressources financières étaient mises à la disposition du Cos-Lépi, elle ne serait pas à même d’achever la correction dans le délai promis. Fin novembre. Il urge donc de trouver des voies alternatives dont la mise en place d’une liste ad’ hoc. Les  députés doivent prendre une loi dérogatoire à celle portant correction de la Lépi. Dans le même temps, la Cour constitutionnelle doit faire évoluer sa jurisprudence, notamment celle qui dit qu’on ne peut pas organiser des élections au Bénin sans la Lépi. L’Assemblée Nationale doit donc voter une loi qui permettra de contourner la Lépi en cas de besoin. En le faisant, les députés mettront à l’épreuve la Cour constitutionnelle dirigée par le Professeur Théodore Holo.  Il faut peut-être couper la poire en deux et faire comme l’a suggérer le professeur Joseph Djogbénou : une large concertation entre acteurs politiques majeures, hautes personnalités morales et les institutions concernées en vue de dégager des pistes de solutions consensuelles pour sortir de ce guêpier préjudiciable à la démocratie béninoise.

Léonce Gamaï & Jean-Baptiste Lalèyè 

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