Bénin : le Cos-Lépi s’est écarté de sa mission, Quenum dénonce une gestion opaque

Lors d’une conférence de presse animée ce mardi après-midi à l’Infosec à Cotonou, le député Epiphane Quenum, membre du Cos-Lépi a démontré comment l’institution s’est écartée de sa mission initiale. Flanqué pour la circonstance du député Chabi Sika, ils ont tous deux fustigé la gestion opaque du bureau dirigé par Sacca Lafia.

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En pleine tourmente d’un processus de correction du fichier électoral dont la fin se fait de plus en plus désirée, le Cos-Lépi ne cesse d’étaler au grand jour ses dissensions internes. Les députés Epiphane Quenum et Chabi Sika tous deux membres du Conseil d’orientation et de supervision de la correction de la Lépi sont montés au créneau ce mardi 28 octobre pour prendre le contre-pied de certaines déclarations faites par le bureau du Cos-Lépi dans sa sortie médiatique du lundi. C’est donc à un exercice de contradiction, démonstration et propositions que se sont adonnés ces deux membres de l’autre aile du Cos-Lépi face à la presse hier. Pour Epiphane Quenum, deux facteurs se trouvent au cœur de la polémique actuelle autour de la correction de la Lépi. Ce sont la mission du Cos-Lépi et son budget. « La mission du Cos-Lépi est la mise en place d’une Lépi optimale en vue de l’organisation des locales, communales et municipales », a indiqué le transfuge de la Renaissance du Bénin se conférant aux articles 319 et 320 du Code électoral (lire encadré). Il a rappelé qu’avec la Présidentielle et les Législatives de 2011, on a constaté que des citoyens avaient retrouvé leur noms hors de leur circonscription de résidence. Une liste électorale dans cet état ne pouvait donc être utilisée pour les Municipales qui constituent un scrutin de proximité.  L’objectif premier de l’opération de correction était donc de corriger cette imperfection. Techniquement, il s’agit de « faire l’export des citoyens dont les noms se sont retrouvés hors de leur circonscription (électorale) de résidence », a précisé celui qui s’enorgueillit d’avoir suivi une formation à l’international en matière de confection de liste électorale informatisée. « La mission du Cos-Lépi n’a donc rien avec la collecte des données des Béninois de l’Extérieur ou même la question de sécurisation»

Gestion opaque

«C’est possible que le Gouvernement n’ait pas envoyé les ressources à temps. Mais cela n’est pas le seul problème », a déclaré le président du Rdr. « Les milliards qui manquaient sont l’arbre qui cache la forêt », a renchéri Chabi Sika.  Pour les deux conférenciers, le bureau de Sacca Lafia gère de façon peu orthodoxe le Cos-Lépi, organe chargé de superviser la correction du fichier électoral. « Le bureau du Cos-Lépi fait une gestion opaque. Il a pris l’institution en otage », a insisté l’ancien président du Cps-Lépi (organe ayant supervisé la confection de la Lépi), faits à l’appui. « Les plénières du Conseil ne sont pas convoquées de façon régulière, a-t-il cité. Le budget qui devrait avoir l’assentiment de tous les membres est rédigé par une seule personne. Selon le règlement intérieur, un rapport de gestion doit être fait chaque mois. Mais depuis 20 mois que nous sommes là, je n’ai jamais vu un tel rapport. Les relevés de compte n’ont jamais été présenté.» A l’honorable Chabi Sika de compléter que le budget de huit milliards de Fcfa récemment présenté par le bureau du Cos-Lépi n’a pas été adopté en plénière. « Ce n’est pas normal », a-t-il tempêté. Avant de menacer : « Je vais saisir la Cour constitutionnelle si le budget ne revient pas pour être adopté ».

Il faut au plus 4 milliards

Contrairement à ce que clame Sacca Lafia, son collègue Chabi Sika martèle que la confection de la Lépi n’a pas été repris à la base. « C’est faux de dire qu’il n’y avait rien, a-t-il contredit. Ce n’est pas vrai de dire que tout a été repris ». Cet homme qui avait donné sa tête à couper quand Sacca Lafia avait mis la date de livraison de la Lépi au 30 novembre, pense que la nouvelle date butoir du 17 décembre est « magique. Une date de magicien».

Epiphane Quenum et lui estiment qu’avec trois ou quatre milliards de fcfa de plus, le Cos-Lépi peut livrer une liste électorale qu’on pourrait utiliser pour les Municipales. Disons donc la moitié des huit milliards encore sollicités par le bureau du Cos-Lépi. Ce dernier a d’ailleurs menacé d’arrêter le processus si le gouvernement ne débloquait pas ces ressources supplémentaires. En  plus de ce chiffre avancé, Epiphane Quenum pense qu’il faut appeler « les acteurs politiques à l’apaisement. » Il invite le gouvernement et tous les acteurs impliqués dans ce processus à la concertation.

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CHAPITRE III : DES DISPOSITIONS TRANSITOIRES RELATIVES AU LIVRE II.2

Article 319 : De l’objet du présent chapitre

Le présent chapitre traite des actions spécifiques et de l’organisation à mettre en vue d’obtenir une version optimale de la liste électorale permanente informatisée à utiliser pour les élections municipale, communale et locale de l’année 2013.

Article 320 : Des étapes d’actualisation de la liste électorale permanente informatisée.

Les actions à mener en vue de l’actualisation de la liste électorale permanente informatisée ainsi que les étapes de réalisation de cette actualisation se présentent en six(06) étapes successives :

1- Etablissement du cadre juridique ;

2- Mise en place des organes de pilotage ;

3- Réalisation de l’audit participatif ;

4- Enregistrement complémentaire ;

5- Exploitation des données au Centre national de traitement ;

6- Consolidation des données et production des documents électoraux.

Source : loi n°2013-06 du 25 novembre portant Code électoral en république du Bénin

Une cacophonie qui fait l’affaire du Gouvernement

Dans cette affaire de Lépi et d’organisation des élections locales, communales et municipales, on se retrouve dans une cacophonie totale. Avec notamment une multiplicité de symphonies discordantes jouées par chaque acteur : le Gouvernement, l’Assemblée Nationale, la Cour constitutionnelle, le Cos-Lépi et dans une moindre mesure la Cena (Commision électorale).  Le Cos-Lépi en rajoute à cette cacophonie avec ses dissensions internes. Tout cela met le processus dans un véritable cercle vicieux.

Depuis le début de cette crise, on a dénoncé la mauvaise foi du gouvernement qui ne rassurait pas sur la sincérité de sa volonté à financer la correction de la Lépi et l’organisation des élections. Boni Yayi et les siens n’ont pourtant cessé de clamer leur bonne foi. Ils l’ont démontré en débloquant, sous la pression de l’opinion, les ressources réclamées par le Cos-Lépi (avant les 8 milliards) et la Cena. La question du financement quasiment réglée, il faudra se pencher sur celles relatives au fonctionnement interne de l’organe de supervision de la correction du fichier électoral. Le gouvernement, qui n’est pourtant pas à dédouaner comme il le prétend, se retrouve dans le beau rôle. Et la cacophonie au Cos-Lépi fait son affaire !

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