Canal+ au Bénin : Pourquoi ces deux mesures ?

Il est aujourd’hui bien loin le temps où le consommateur béninois inspire à sa juste valeur des égards. Mais en fait, des égards dus simplement au respect induit par un contrat passé avec un prestataire de service, un opérateur quelconque, fut-il un groupe national ou une multinationale. 

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Dans ce Bénin où bien des valeurs qui fondent le vivre-ensemble et la cohésion s’estompent année après année sans que personne ne s’en émeuve, dans ce Bénin où la quête de l’argent érigé en maître absolu est devenue la chose la mieux partagée plutôt que le bon sens, la célèbre et dangereuse formule de Nicolas Machiavel, ’’la fin justifie les moyens’’ devient très actuelle. Et ce ne sont pas les multinationales par essence avides de gain et de profit qui cracheraient dans cette soupe béninoise si appétissante pour elles.

Jadis contestataire voire rebelle de raison, le consommateur béninois s’est depuis quelques temps mué en consommateur résigné, une espèce de brebis sans défense facile à tondre. Plus aucune association crédible de défense de ses droits n’existe.

En effet, toutes les associations ou ligues de défense des droits des consommateurs ont volé en éclats, après s’être laissées emportées dans les flots dénaturants et destructeurs des puissances d’argent et du pouvoir politique. L’une après l’autre, ces associations de défense des droits des consommateurs ont cédé face à l’argent des entreprises, des multinationales florissantes et face aux raccourcis de tous genres qu’offrent les postes politiques. Alors bien sûr, avec un ‘’bœuf sur la langue’’, ces associations ne peuvent plus parler.

Si les opérateurs de téléphonie mobile sont passés maîtres dans l’habileté d’abuser de leurs abonnés par toute une série de tarifications, le groupe Canal+ est aussi entré dans la danse.

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Canal+ est un leader dans la diffusion et la distribution des images du Nord, c’est-à-dire précisément d’Europe, vers les pays du Sud, c’est-à-dire les pays africains. Mais alors pourquoi diable ne pas offrir aux abonnés du continent les mêmes droits de réception du signal Canal+? Pourquoi diable catégoriser les pays africains selon qu’ils sont riches ou pauvres? Pourquoi diable ne pas offrir à tous les abonnés d’ici et d’ailleurs, du Bénin comme ceux de la Côte-d’Ivoire par exemple, la même qualité d’image et la même permanence du signal ?                                                                                                

En effet au Bénin, pour peu qu’un orage se lève, si faible soit-il, pour peu qu’une pluie commence à tomber, si faible soit-elle, les images de Canal+ se mettent à geler puis disparaissent totalement avec sur écran le petit voyant rouge annonçant la disparition du signal. Sans occulter les interruptions inopinées et brutales du signal qui surviennent tant de fois au cours d’une soirée, bien que le décodeur ne soit éteint.

A supposer qu’il pleuve sur toute une semaine au Bénin cela signifierait que les abonnés de Canal+ dans notre pays seraient privés de toute réception d’image durant toute cette période. Alors qu’en Côte d’Ivoire, ni la pluie, si forte soit-elle, ni la tornade, si violente soit-elle, n’occasionnent jamais l’interruption du signal Canal+. Pourquoi donc ces deux mesures? N’avons-nous pas les mêmes droits d’abonnés ici et là-bas?

Journaliste audiovisuel depuis une vingtaine d’années, sans aucune prétention, je propose au fournisseur Canal+ de procéder au Bénin comme ailleurs aux mêmes installations techniques, en dotant les relais du Bénin des mêmes équipements techniques, aux fins de garantir aux abonnés Canal+ le même traitement, la même équité dans le respect des contrats signés.                

Mais pourquoi la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication demeure aphone ? Pourquoi face à cette fausseté de Canal+ dans l’exécution des contrats passés avec les consommateurs du Bénin la HAAC n’émet aucune protestation ? C’est vrai que pour se donner bonne conscience, depuis la maison-mère à Paris, Canal+ offre à des membres des instances de régulation des médias et à ceux des départements de la communication des pays africains qui reçoivent son signal, de gros forfaits d’abonnement. Précisément, un tiers payant.

Mais aussi longtemps que Canal+ ne mettra fin à cette pratique de deux poids, deux mesures, nous poursuivrons le réquisitoire pour que le respect dû aux abonnés du Bénin devienne enfin réalité.

Fritzell Sintondji
Journaliste-Essayiste

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